| CHARGE, subst. fém. I.− Action, fait de charger quelqu'un ou quelque chose. A.− [Correspond à charger II] 1. Action de charger une arme à feu. La charge d'un fusil. Apprendre la charge (Ac.). Vx. Charge à douze temps. Série de douze manœuvres pour charger un fusil : 1. On m'apprit l'école du soldat et l'école de peloton de manière à exécuter les charges en douze temps, les charges précipitées et les charges à volonté, ...
Vigny, Servitude et grandeur militaires,1835, p. 97. 2. Action d'accumuler l'électricité statique. Effectuer la charge d'une batterie (M. Bailleul, Notions de matériel roulant des ch. de fer,1951, p. 81). 3. Action de charger un navire. Assister à la charge d'un navire. − En charge. En cours de chargement. Navire en charge pour Bayonne (Ac.). − Mât* de charge. B.− [Correspond à charger I B 4] 1. Action de charger l'ennemi. La charge de Reichshoffen. Ce fut une charge en trombe, qui balaya tout (Grousset, L'Épopée des croisades,1939, p. 273).L'inutile et glorieuse charge de la division Margueritte avait arraché au roi un cri d'admiration (Zola, La Débâcle,1892, p. 353): 2. Les lanciers nous attendaient là; nous défilâmes derrière eux, et comme les Autrichiens nous serraient de près, ils firent encore une charge pour les refouler.
Erckmann-Chatrian, Le Conscrit de 1813,1864, p. 208. SYNT. Charge en ligne, en fourrageurs*; une charge audacieuse, foudroyante, furieuse, héroïque; une charge de cavalerie, une charge à la baïonnette; ordonner la charge, repousser une charge ennemie. ♦ Retourner à la charge : 3. Le prince de Cobourg se reformant sous le feu de l'ennemi, se dispose à retourner à la charge, lorsqu'il apprend que Charleroi a capitulé, ...
Chateaubriand, Essai sur les Révolutions,t. 2, 1797, p. 45. Au fig. Revenir à la charge. Faire une nouvelle tentative, insister à nouveau. La cousine revint à la charge avec cette vulgarité qui n'a cure des indiscrétions (Malègue, Augustin,t. 1, 1933, p. 226):4. ... il réclamait vingt-cinq sous pour prix de son silence. À la fin de la semaine, il revenait à la charge et exigeait le double.
G. Roy, Bonheur d'occasion,1945, p. 308. ♦ Loc. (Marcher) au pas* de charge. − P. méton. Batterie ou sonnerie destinée à donner le signal de l'attaque et à entraîner les soldats. Sonner, battre la charge : 5. ... le cri « en avant! en avant! » se prolongea sur toute notre ligne. En même temps les tambours se mirent à battre la charge, et la Marseillaise s'éleva jusqu'au ciel.
Erckmann-Chatrian, Hist. d'un paysan,t. 2, 1870, p. 33. 2. P. ext. a) [En parlant de la police] :
6. Ceux des manifestants qui étaient venus quand même dans le quartier des Ternes, s'étaient vus refoulés par les charges brutales de la police.
R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 461. b) [En parlant de certains sports d'équipe (foot-ball, basket, etc.)] Action d'un joueur heurtant plus ou moins rudement un adversaire en possession du ballon. Charge dangereuse, charge dans le dos. Le gardien de but plonge et doit mettre en corner, vu la charge de l'extrême droit (Montherlant, Les Olympiques,1924, p. 252). 3. P. anal. [En parlant d'un animal] :
7. Brusquement, il sentit le sol frémir sous le galop d'une charge enragée. Il se retourna, il n'eut que le temps de crier à sa compagne :
− Les chevaux, les chevaux!... Jetez-vous derrière ce mur!
Zola, La Débâcle,1892, p. 424. − P. métaph. Les fureurs de Noël Schoudler étaient toujours des charges de pachyderme qu'on a effrayé (Druon, Les Grandes Familles,t. 2, 1948, p. 38). 4. Au fig. Critique violente. Je fis une charge à fond de train non seulement contre la psychologie actuelle mais contre la psychologie en général (Du Bois, Journal,1922, p. 66): 8. Versons aussi au dossier cette furieuse charge du même Suarès contre celui qui forme une idée sur la vie au lieu de donner la vie elle-même dans ce qu'elle a de palpitant...
Benda, La France byzantine,1945, p. 43. II.− P. méton. Ce qui charge quelqu'un ou quelque chose, ce qui pèse sur quelqu'un ou quelque chose. A.− 1. Ce que porte ou peut porter une personne, un animal, un véhicule, etc. Un navire de 100 tonneaux de jauge, portant 140 tonneaux de charge, coûte 17 816 francs à Syra, et 46 000 francs à Marseille (About, La Grèce contemporaine,1854, p. 166).Elle s'en allait au marché de Cloyes, pliant sous la charge de deux paniers énormes (Zola, La Terre,1887, p. 127): 9. Le corps ployé, les bras rompus par sa charge, il monte l'escalier en tapant des pieds à chaque marche.
Dabit, L'Hôtel du Nord,1929, p. 150. SYNT. Une charge lourde, pesante, énorme; porter une charge; bête de charge (synon. bête de somme). − P. métaph., vieilli. En avoir sa charge. Être ivre. ♦ Arg. (sp.). ,,Stimulant`` (Esn.). Se mettre à la charge. ,,Se bourrer d'excitants`` (Esn.). a) MAR. La charge d'un navire. Sa cargaison. Navire en charge. Navire qui a son maximum de charge. Ligne en charge. Ligne de flottaison d'un navire en charge. Navire de charge. Navire destiné au transport des marchandises. Synon. navire marchand, cargo.La fin de la guerre nous permet de reprendre les navires de charge prêtés par nous au « pool » interallié (De Gaulle, Mémoires de guerre,1959, p. 228).Loc. Rompre charge. Décharger des marchandises. Ce bateau va directement à Bombay? demanda Fix. − Directement, sans rompre charge (Verne, Le Tour du monde en 80 jours,1873, p. 27).À morte charge. ,,Jusqu'aux écoutilles`` (Littré). [p. ext. ] Sa pipe qu'il bourrait à morte charge (G. GuèvremontLe Survenant,Montréal,1969, p. 164),[p. métaph. ] Les fautes qu'il portait à morte charge (G. GuèvremontMarie-Didace,Montréal,1974, p. 118; 1reéd. 1947). b) TRANSP. Charge utile. Poids maximum des marchandises ou des personnes qu'un véhicule peut transporter. Prendre en charge (un client, un passager, etc.). Le prendre dans sa voiture. 2. P. ext. Quantité plus ou moins déterminée d'une chose. a) [P. réf. à ce que peut porter un homme ou un animal, ou que peut transporter un véhicule] Un grison qui portait vingt charges de fumier par jour (Janin, L'Âne mort et la femme guillotinée,1829, p. 96).Il fut convenu qu'il irait chaque soir avec son tombereau chercher une charge d'engrais (Maupassant, Contes et Nouvelles, t. 2, Saint-Antoine, 1883, p. 197).Chacun d'eux portait une charge de manioc sur la tête (Gide, Voyage au Congo,1927, p. 804). − ART MILIT., vieilli. Synon. de paquetage*.− Oh, oh, mon ami, voici une charge qui est bien mal installée! Vous êtes nouveau venu au régiment, c'est vrai, mais ce n'est pas une raison! (Courteline, Le Train de 8 h 47,1888, 1repart., 2, p. 21). − P. métaph., vieilli, fam. ,,Série de coups aussi nombreux qu'une personne peut les supporter`` (Lar. 19e). Donner, recevoir une charge de coups de poing, de bâton (Lar. 19e). b) [P. réf. à ce qui peut être contenu dans telle ou telle chose, ou à la quantité d'une chose nécessaire pour obtenir tel ou tel résultat] − ARM. et PYROTECHN. Quantité de matières explosives; en partic. quantité de poudre ou de projectiles contenue dans une cartouche; quantité de poudre, d'explosif nécessaire pour faire sauter une mine. Une charge de dynamite, de plastic; une charge de chevrotines. La charge l'avait atteint sous le menton, faisant voler la mâchoire en éclats (Bernanos, Sous le soleil de Satan,1926, p. 92)cf. aussi avarier ex. 2.Charge creuse. Charge d'explosif dans laquelle on a ménagé une cavité paraboloïde pour augmenter la puissance de pénétration du projectile : 10. Dans les rues, filles et garçons, réunis par quartier, achevaient de plier les charges de poudre dans du papier bleu.
Pourrat, Gaspard des Montagnes,Le Pavillon des amourettes, 1930, p. 261. 11. La voiture qui les amenait au train a été attaquée, et le cocher, qu'on hisse à présent dans le wagon, a reçu une charge de pistolet ou de fusil dans la figure.
Gide, Journal,1889-1939, p. 415. ♦ P. anal. Charge atomique. Quantité de combustible fissile dans une bombe nucléaire; p. ext. la bombe elle-même (cf. Goldschmidt, L'Aventure atomique, 1962, p. 203). − ÉLECTRICITÉ ♦ Quantité d'électricité; en partic., quantité d'électricité statique emmagasinée dans un accumulateur. P. anal., PSYCHOL. Charge affective, émotive, passionnelle. ,,Intensité émotionnelle et affective qui accompagne un souvenir, une idée ou une image`` (Mucch. Psychol. 1969) (cf. Ricœur, Philos. de la volonté, 1949, p. 359). ♦ Charge d'espace. ,,Accumulation d'électrons au voisinage de la cathode`` (Charles 1960) (cf. Hist. gén. des sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 320). − MÉTALL. Quantité de minerai et de charbon introduite en une fois dans un haut fourneau. − TECHNOL. Substance de bas prix que l'on incorpore à certaines matières (soie, caoutchouc, etc.) pour leur donner plus de poids ou de consistance. L'emploi de la charge est, selon certains fabricants, d'une utilité absolue pour obtenir une inertie parfaite du papier (R. Chelet, Manuel de lithographie,1933, p. 282). − MÉD. VÉTÉR. Cataplasme ou emplâtre que l'on applique à un animal malade. Les charges sont excitantes, résolutives et fortifiantes (Nouv. Lar. ill.). B.− Au fig. 1. Ce qui pèse de façon plus ou moins contraignante sur une personne ou sa situation. a) [L'idée dominante est celle d'embarras, de gêne] Être une charge pour qqn. − Spéc., DR. PÉNAL. ,,Fait qui milite en faveur de la culpabilité`` (Cap. 1936). Les charges de l'accusation, réunir des charges suffisantes contre qqn, témoin* à charge (cf. aussi accablant ex. 18). Le juge discutait les charges avec mon avocat (Camus, L'Étranger,1942, p. 1174).Le président avait présenté un résumé de l'affaire, où, sous une affectation d'impartialité absolue, les charges de l'accusation étaient aggravées (Zola, La Bête humaine,1890, p. 278). − Loc. verbales ♦ Être à la charge de qqn, être à charge à qqn. Vivre à ses dépens. Quand on a deux bons bras, il est honteux d'être à charge à ses parents (Karr, Sous les tilleuls,1832, p. 59).Elle donne des leçons de piano pour ne pas être à charge à son beau-frère (Balzac, La Maison Nucingen,1838, p. 651). ♦ Être à charge. Être pénible. Le désœuvrement m'est à charge (Gide, Ainsi soit-il,1951, p. 1177): 12. ... elle avait hâte de retourner à eux [à ses parents] et de dépenser les heures d'une vie qui lui était à charge et dont le sablier tombait trop longtemps à son gré.
Vigny, Le Journal d'un poète,1823, p. 877. − Loc. subst. Reprise en charge. Nouvelle acceptation plus ou moins résignée (d'une épreuve) : 13. ... je songeais toujours, (...) à la désolation de mon propre réveil, à cette reprise en charge de la soif, du soleil, du sable, à cette reprise en charge de la vie, ce rêve que l'on ne choisit pas.
Saint-Exupéry, Terre des hommes,1939, p. 248. b) [L'idée dominante est celle d'obligation morale et/ou matérielle] − Ce qui occasionne, ce qui impose des dépenses. Les charges de famille, les charges du ménage. Annie vient à Paris pour travailler avec nous : je l'ai engagée comme agent de liaison; tiens, voilà une nouvelle charge pour notre budget (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 185): 14. On ne sait pas, mon cher, ce que c'est qu'une maison comme la mienne, où les charges augmentent tous les ans et où les habitudes deviennent plus coûteuses tous les jours.
Becque, La Parisienne,1885, p. 261. À la charge (de qqn). N'oublie pas que dans le détail de tes 370 fr par mois, écrit sous ta dictée, les timbres-poste sont à ta charge (Hugo, Correspondance,1861, p. 361).♦ Spéc. Charges publiques. Impositions qui frappent l'ensemble de la population : 15. La noblesse française s'obstine à demeurer à part des autres classes; les gentilshommes finissent par se laisser exempter de la plupart des charges publiques qui pèsent sur elles; ...
Tocqueville, L'Ancien Régime et la Révolution,1856, p. 223. − DR. CIVIL ♦ Obligation légale. 1012. Le légataire à titre universel sera tenu, (...) des dettes et charges de la succession du testateur (Code civil,1804,p. 184).1537. Chacun des époux contribue aux charges du mariage (Code civil,1804,p. 284). ♦ Droit réel grevant un bien immeuble (servitude, hypothèque, etc.). Recouvrer un immeuble libre de toutes charges (Cap.1936).Proverbe. Il faut prendre le bénéfice avec les charges. ♦ Au plur. ,,Obligations accessoires résultant d'un contrat ayant pour objet le transfert ou la détention d'un immeuble`` (Cap. 1936). Cahier* des charges. Ensemble des sommes dues, à des titres divers (impôts fonciers, etc.), par le propriétaire d'un bien immeuble (cf. antichrèse ex.). Charges locatives ou, absol., charges. Ensemble des sommes que doit payer le locataire à des titres divers (taxe d'enlèvement des ordures ménagères, dépenses d'ascenseur, etc.) et qui s'ajoutent au montant du loyer. − DR. SOC. et ÉCON. DE L'ENTREPRISE ♦ Charges sociales. Ensemble des sommes que doit payer l'employeur du fait de la législation sociale (assurances sociales, taxe d'apprentissage, contribution pour l'amélioration du logement, etc.) auxquelles s'ajoutent, le cas échéant, les sommes payées pour certains services facultatifs (œuvres sociales) (cf. Perroux, L'Écon. du XXes., 1964, p. 650). ♦ Charges fiscales. Ensemble des impôts sur les salaires versés par l'employeur : 16. ... les ouvriers sont très montés contre la Chambre, les patrons licenciant une partie de leur personnel afin de diminuer leurs charges fiscales.
Green, Journal,1933, p. 128. − Locutions ♦ À la charge de, à charge de + inf.À condition de (cf. Code civil, 1804, p. 378). Chaque gentilhomme ou chanoine aura, pour sa part, mille arpents, à charge de dormir; et, s'il ronfle, le double (Courier, Pamphlets pol., Lettres au rédacteur du « Censeur » (1819-20), 1824, p. 24).À la charge que + ind. futur.Même sens (cf. Code civil, 1804, p. 398). ♦ À (la) charge d'autant (vieilli), à charge de revanche. À condition qu'on rendra le même service. Les services qu'elle rend sont à charge de revanche (Sénac de Meilhan, L'Émigré,1797, p. 1773).Tu voudras bien, n'est-ce pas me rendre service; à charge de revanche (Gide, Les Faux-monnayeurs,1925, p. 1175). c) [L'idée dominante est celle de responsabilité] − Emploi qu'une personne doit remplir; travail qu'une personne doit accomplir. Cette mutualité, cette société de prêtres, n'a que la charge de faire exécuter les messes (Barrès, Mes cahiers,t. 6, 1907-08, p. 328).Franco venait de destituer le plus grand écrivain espagnol de sa charge de recteur de l'université (Malraux, L'Espoir,1937, p. 750).Jean avait un travail écrasant, entre la Sorbonne et les charges du parti (E. Triolet, Le Premier accroc coûte deux cents francs,1945, p. 337). SYNT. Une charge épuisante, surhumaine; assumer, accepter une charge; confier, imposer une charge à qqn. Femme de charge. (Vx) ,,Femme attachée au service d'une grande maison, pour avoir soin du linge, de la vaisselle d'argent, etc.`` (Ac.). (Mod.) Femme chargée de faire les gros travaux. Les femmes de charge nettoyaient la salle au milieu d'un nuage de poussière et dans une clarté de catacombe (Duhamel, Chronique des Pasquier, Suzanne et les jeunes hommes, 1941, p. 87).P. ext. Domestique. La femme de charge entre apportant le café (Anouilh, La Sauvage,1938, p. 177).♦ Fonction publique ou privée de haute responsabilité. Exercer sa charge, se démettre de sa charge, faillir aux devoirs de sa charge. Un gouverneur, mort dans l'exercice de sa charge (Baudry des Lozières, Voyage à la Louisiane,1802, p. 301).Il se vit contraint d'accepter la charge de confesseur de Madame (Bremond, Hist. littér. du sentiment religieux en France,t. 3, 1921, p. 188).Le général Kœnig prenait la charge de commandant en chef en Allemagne (De Gaulle, Mémoires de guerre,1959, p. 207).En charge. Les centuries ne votaient que sur les deux ou trois candidats que présentait le consul en charge (Fustel de Coulanges, La Cité antique,1864, p. 419). ♦ [Sous l'ancien régime] Office pour lequel on prenait des provisions. Acheter une charge, vendre sa charge. La vénalité des charges était abolie, la justice devenait gratuite (Bainville, Hist. de France,t. 1, 1924, p. 305). ♦ ,,Fonction des officiers ministériels`` (Cap. 1936). Une charge de notaire, d'avoué. P. méton. Local où un agent de change exerce sa charge : 17. Jacques se leva, en annonçant qu'il reviendrait mercredi, et qu'il désirait ce jour-là, trouver toute sa fortune, en espèces, à la caisse de la charge.
R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 382. − Mission que l'on confie à quelqu'un. J'ai une charge et je la remplirai (Claudel, L'Annonce faite à Marie,1948, II, 3, p. 171): 18. Les gens de Gand étaient si animés, qu'ils mirent en prison leurs commissaires, pour s'être mal acquittés de la charge qu'on leur avait confiée.
Barante, Hist. des ducs de Bourgogne,t. 4, 1821-24, p. 365. ♦ Avec charge. Rey n'a-t-il pas eu l'idée de lui envoyer un messager avec charge de le ramener à Amsterdam (Guéhenno, Jean-Jacques,Grandeur et misère d'un esprit, 1952, p. 181). ♦ Avoir charge de. ,,J'ai charge de vous dire que...`` (Ac.). ♦ Donner charge de. À quel titre ils avaient donné charge à leur procureur de poursuivre un écrivain patriotique (Marat, Les Pamphlets,Appel à la Nation, 1790, p. 142). − Loc. verbales. Avoir la charge de. Être responsable de; prendre soin de. Avoir la charge d'un enfant. J'avais encore la charge du ménage, lavais la vaisselle, récurais les casseroles, pelais les pommes de terre (Guéhenno, Journal d'un homme de 40 ans,1934, p. 66).Faire vœu de pauvreté quand on a la charge d'une famille ne me semble pas un parti très sage (Aymé, Clérambard,1950, IV, 10, p. 243).Avoir charge de. Même sens. Avoir charge de famille, avoir charge d'âmes*. Les religieuses qui ont charge de l'hôpital sont des filles de la sagesse (Green, Journal,1948, p. 174).Prendre en charge (qqn ou qqc.). En assumer la responsabilité; en prendre soin. De ceux-là [soldats], suivant ma décision, De Lattre prendrait aussitôt une centaine de mille en charge (De Gaulle, Mémoires de guerre,1959, p. 30).L'euratom a pris en charge le centre italien d'Ispra (Goldschmidt, L'Aventure atomique,1962, p. 158).Restitution de l'or russe ou roumain pris par les Allemands ou remis à eux. Cet or sera pris en charge par les alliés jusqu'à la signature de la paix (Foch, Mémoires,1929, p. 312).Prendre (qqn ou qqc.) à sa charge. Même sens : 19. Notre cuisinier était un pauvre diable qui gagnait six cents francs par an, ni logé ni nourri. Il avait pris à sa charge la veuve de son frère et ses cinq enfants.
About, La Grèce contemporaine,1854, p. 211. ♦ Loc. substantivée. Prise en charge. (Dr. soc.) ,,Acceptation par un organisme de verser des prestations à un assuré pour son compte, dès lors qu'il remplit les conditions administratives et médicales requises pour lui ou ses ayants droit`` (Cotta 1968). 2. Ce qui exagère le caractère de quelqu'un ou de quelque chose. a) Représentation exagérée et bouffonne. Ce sculpteur a fait la charge de la plupart de ses contemporains (Ac.) : 20. ... les autres voyageurs, alignés et muets, − un garçon épicier, une ouvrière, un sergent d'infanterie, un monsieur à lunettes d'or coiffé d'un chapeau de soie aux bords énormes et relevés comme des gouttières, deux dames à l'air important et grincheux, (...) − avaient l'air d'une collection de caricatures, d'un musée des grotesques, d'une série de charges de la face humaine, ...
Maupassant, Contes et Nouvelles,t. 2, La Dot, 1884, p. 562. ♦ En appos. Portrait-charge : 21. MmeAlidor Delzant, dans sa langue de provinciale prétentieuse, a fait mercredi dernier, chez MmeDaudet, un récit de la mort de Burty, dont MmeStrauss, qui est une véritable artiste dans l'imitation-charge, est en train d'amuser Paris...
E. et J. de Goncourt, Journal,1891, p. 29. − Loc. En charge. Ce portrait est peint en charge (Ac.). Il [Daudet] avait acheté à Munich trois petits chapeaux en drap vert et dont il avait fait cadeau d'un à Bataille, « à Bataille, me dit-il, qui me ressemblait en charge » (E. et J. de Goncourt, Journal,1887, p. 733). ♦ P. méton. Ouvrage exécuté en charge. Les charges de Dantan (Besch.1845). b) THÉÂTRE. Ce qu'un acteur qui cherche l'effet ajoute à son rôle. Cet acteur n'est pas plaisant, ses charges sont de mauvais goût (Ac.). − Jouer en charge. En exagérant les effets : 22. ... la pièce lui a semblé tout le temps jouée en charge, en charge sérieuse, appliquée, pieuse même, mais en charge, comme nécessairement devaient la jouer les excellents acteurs du Théâtre-Français...
E. et J. de Goncourt, Journal,1882, p. 207. c) Grosse plaisanterie pour mystifier quelqu'un. Faire une charge à qqn. P. ext. moquerie. Avant de m'éloigner, je ne pus résister au désir de faire une charge au pion; j'ouvris le guichet et lui dis : − Vous pouvez continuer mon pensum, si vous voulez (Du Camp, Mémoires d'un suicidé,1853, p. 66).Histoire fausse et invraisemblable. Raconter des charges (E. et J. de Goncourt, Journal,1856, p. 244). Prononc. et Orth. : [ʃaʀ
ʒ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1130 carge « ce qui pèse sur, ce que porte ou peut porter quelqu'un, un animal, un véhicule, un bâtiment » (Voyage de Charlemagne, éd. P. Aebischer, vers 605); 2. 1690 « action de charger un navire » (Fur.); 3. 1268 « mesure approximative d'une matière, bois, blé, etc. » (Livre des Métiers, Paris, éd. R. de Lespinasse et F. Bonnardot, 1879, p. 234, § 21); 4. 1564 charges de poudre à canon (A. Paré,
Œuvres, livre IX, 2ediscours, éd. Malgaigne, t. 2, p. 133); 5. 1832 électr. (Raymond). B. 1. Ca 1170 estre a charge « causer de l'embarras, de la peine » (Li quatre livre des reis, éd. E. R. Curtius, p. 87 [2 Sam. 15, 33]); 2. 1226 kierke « redevance » (Charte de Jehane, comtesse de Flandre, Chart. des comtes de Hainaut, Archives de l'Etat à Mons ds Gdf. Compl.); 3. ca 1225 quierque « fonction, mission, obligation » (Livre noir, Archives Valenciennes 535, p. 28 et 29, ibid.); 1580 « fonction, responsabilité publique » (Montaigne, Essais, livre I, chap. XVI, Paris, Gallimard, 1950, p. 93); 4. 1437 jur. « fait qui pèse sur un accusé » (Ch. d'Orléans, Songe en complainte, éd. P. Champion, 73-74); 5. a) 1675 arts graph. charges d'agrément (H. Testelin ds Conf. de l'Ac. Royale de Peint. et de Sculpt., éd. H. Jouin, p. 144 cité par Brunot t. 6, p. 733); b) 1680 « caricature » (Rich.); c) 1753 genre littér. (Encyclop. t. 3, pp. 201-202). C. 1540 « attaque » (Nicolas Herberay des Essars, Le premier livre de Amadis de Gaule, éd. H. Vaganay, Paris, 1918, 307); 1690 fig. revenir à la charge (Fur.). Déverbal de charger*. Fréq. abs. littér. : 3 316. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 5 088, b) 4 977; xxes. : a) 3 979, b) 4 692. Bbg. Adlerblum (A.). Vocab. de l'astronaut. Québec, 1972, p. 12. − Appellations trompeuses. Vie Lang. 1971, p. 220. − Gottsch. Redens. 1930, p. 321. − Rog. 1965, p. 94, 136. − Termes techn. fr. Paris, 1972, p. 55, 110. |