| CHARADE, subst. fém. A.− JEUX. Divertissement verbal qui consiste à faire deviner un mot sommairement défini (appelé mon tout ou mon entier) d'après la définition d'un homonyme (appelé mon premier, mon second, etc.) de chacune de ses syllabes. Donner une charade à deviner; résoudre une charade. Deux gros registres (...) remplis d'énigmes, de charades, de logogriphes (Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 3, 1813, p. 39).L'art de deviner les rébus et de débrouiller les charades (Nerval, Voyage en Orient,t. 3, 1851, p. 120). − P. métaph. Il me reste encore quelques syllabes à deviner dans la charade de mon avenir (Balzac, Modeste Mignon,1844, p. 272). − Charade (en action). Variante de ce jeu dans laquelle le mot à deviner et les homonymes de chacune de ses syllabes sont évoqués par des scènes mimées. Jouer aux charades, des charades; représenter une charade en action. Nous organisions pour les enfants des charades en action, des travestissements (G. Sand, Histoire de ma vie,t. 4, 1855, p. 385).On a joué au Vaudeville une charade en action dont le mot était Pluton et dont la première syllabe était représentée par une scène persane (H.-R. d'Allemagne, Récréations et passe-temps,1904, p. 217). Rem. Le synon. comédie-charade n'est attesté qu'une fois ds notre docum. (cf. S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, p. 199). B.− P. ext. Chose difficile à comprendre, énigme. Telle peinture [de Chirico] me semblait un rébus, telle un oracle, telle une charade (Cocteau, Essai de critique indirecte,1932, p. 219). Rem. Parler par charades, « parler par énigmes » est attesté ds Ac. 1878-1932, Guérin 1892, Rob., Lar. Lang. fr. On relève ds la docum. le syntagme jouer à la charade empl. en ce sens (cf. Bernanos, Monsieur Ouine, 1943, p. 1477). Prononc. et Orth. : [ʃaʀad]. Ds Ac. 1798-1932. Étymol. et Hist. 1. 1770 (A. Sabatier, Dict. de litt., Paris ds Littré : ce mot vient de l'idiome languedocien et signifie, dans son origine, un discours propre à tuer le temps; on dit en Languedoc : allons faire des charades, pour allons passer l'après-soupé, ou allons veiller chez un tel); 2. 1777 « jeu » (Encyclop. Suppl. t. 3, p. 681b, s.v. kalembour : pour faire une charade, il faut choisir un mot composé de deux syllabes qui chacune fasse un mot); 3. 1835 p. ext. « chose bizarre ou incompréhensible » (Balzac, La Fille aux yeux d'or, p. 384 : de Marsay à Paquita : tu es, foi d'honnête homme, une charade vivante dont le mot me semble bien difficile à trouver). Prob. empr. au prov. charrado « causerie, conversation », dér. de charrá « causer, faire la conversation; babiller, jaser » (Mistral), mot d'orig. onomatopéique (REW3, no2451; FEW t. 13, 2, p. 362) apparenté à l'ital. ciarlare « jaser » (v. charlatan). Fréq. abs. littér. : 62. DÉR. Charadier, subst. masc. (attest. isolée).Celui ou celle qui compose ou cherche à résoudre des charades. Je dois venir ce soir et m'habiller, puisque vous avez vos charadiers (Balzac, Lettres à l'Étrangère,t. 1, 1834, p. 103).− 1reattest. 1834 id.; de charade, suff. -ier*. Rem. Vx et peu usité, le synon. charadiste est attesté ds Ac. Compl. 1842, Besch. 1845, Lar. 19e-20e, Guérin 1892, Quillet 1965. BBG. − Gall. 1955, p. 503. − Quem. 2es. t. 1 1970 (s.v. charadier). − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 270. − Spitzer (L.). Charade. Philological Quarterly. 1944, t. 23, pp. 77-88. |