| CHANTIER, subst. masc. A.− Ensemble de matériaux servant de support. 1. Usuel, MAR. ,,Structure en bois dans la cale de construction, sur laquelle repose la quille du navire en construction et d'où il est lancé`` (Gruss 1952) : 1. ...
D'ouvriers et d'outils Cherbourg couvre sa grève,
Le vaisseau colossal sur le chantier s'élève,
...
Hugo, Les Feuilles d'automne,Souvenir d'enfance, 1831, p. 777. ♦ Mettre un navire en chantier. Commencer sa construction : 2. Il est inutile de souligner le rôle des considérations touristiques dans la difficile décision que supposait la mise en chantier du paquebot France, ou même dans la création du nouvel aéroport d'Orly.
L.-M. Jocard, Le Tourisme et l'action de l'État,1966, p. 133. Rem. Il est vraisemblable que dans la conscience ling. de la plupart des francophones, ce sens méton. se rattache à B 2. − Au fig. (Mettre, avoir) en chantier, sur le chantier. (Entreprendre) l'exécution d'un ouvrage; en cours de réalisation. Le poète avait quelques plans de plus sur le chantier (A. Daudet, Jack,t. 1, 1876, p. 273). Rem. Dans certains cas, il peut être difficile de distinguer si cet emploi fig. se rattache au sens mar. ou au sens B; dans l'énoncé réduit de A. Daudet, l'emploi de la prép. sur semble justifier notre choix. 2. Rare ou techn. Madrier qui supporte les tonneaux dans une cave ou dans une cale de navire. Mettre du vin sur chantier : 3. Le réservoir de la machine à tirer [le vin] peut à volonté être élevé ou abaissé selon la hauteur des chantiers sur lesquels sont placés les fûts.
R. Brunet, Le Matériel vinicole,1925, p. 479. − En partic. a) MAÇONN. Pierre ou gros moellon placé sous une pierre que l'on veut tailler, pour la maintenir dans une certaine position. Mettre une pierre en chantier, se mettre en chantier (Noël 1968). b) MARBRERIE. ,,Table de pierre sur laquelle on place le marbre pour le travailler`` (Noël 1968). c) NAVIGATION FLUVIALE. ,,Longue perche entaillée liant ensemble les divers éléments d'un train de bois`` (Mots rares 1965). B.− P. méton. 1. Lieu où sont entreposés du bois, du charbon, des matériaux divers : 4. Là, s'élevait, entre des chantiers de bois et des magasins de charbon, un hôtel avec restaurant au rez-de-chaussée et des tables dressées sur le trottoir.
A. France, Le Lys rouge,1894, p. 285. − Région. (cf. étymol. 2). Levée de terre permettant de circuler dans les parcs à huîtres. 2. Terrain sur lequel on procède à des travaux de démolition, de réparation ou de construction. Les chantiers du métro (Romains, Les Hommes de bonne volonté,Le 6 octobre, 1932, p. 29).Chantier naval. Lieu de construction des navires : 5. Trois répliques de ces bâtiments ont été construites à Penhoët depuis la guerre et ce chantier a mis sur cale en 1949 et 1950 deux bâtiments plus grands encore.
H. Le Masson, La Mar.,1951, p. 107. − P. ext. Lieu où travaillent des ouvriers du bâtiment, des ponts et chaussées, des mines, etc. − En partic. ,,Lieu où l'on décharge les pierres pour les travailler afin de pouvoir les employer à un bâtiment`` (Noël 1968). Les pierres du chantier (Saint-Exupéry, Pilote de guerre,1942, p. 365). ♦ Fam. Quel chantier! Quel désordre. Minuit sonnait. Ah! quel chantier! Mon épouse va gronder peut-être (Guy Marie, Chans.ds Larch.1880). − Spécialement a) CARR. ,,Lieu où travaillent les ouvriers carriers pendant qu'ils procèdent à l'extraction de la pierre`` (Noël 1968). Le chantier de taille (Arts et litt. dans la société contemp., 1935, p. 2004). b) MINES. Lieu de travail qui se déplace au fur et à mesure de l'exploitation d'un gisement. Chantier d'exploitation, d'abattage : 6. Au milieu de cette vie monotone, sans cesse recommençante de la mine, un accident s'était produit : les chantiers de la veine Guillaume venaient de tomber sur un brouillage, ...
Zola, Germinal,1885, p. 1257. 3. HIST. Chantiers de jeunesse. Organisme créé en 1940 qui a eu pour tâche, dans la période de l'Occupation, de soumettre la jeunesse française à un travail éducatif obligatoire : 7. Le 25 septembre 1940, le ministre secrétaire d'État à l'Intérieur, Peyrouton, informe les préfets de la naissance d'un organisme dont le nom est prononcé officiellement pour la première fois : les Chantiers de jeunesse viennent d'être créés.
B. Cacérès, Hist. de l'éduc. pop.,1964, p. 123. Prononc. et Orth. : [ʃ
ɑ
̃tje]. Ds Ac. 1694-1932. Homon. chantiez (de chanter). Étymol. et Hist. 1. « Support » a) ca 1202 estre sor les gantiers fig. « être presque au moment où le corps du mort sera sur les tréteaux pour être exposé, être tout près de mourir » (J. Bodel, Les Congés d'Arras, éd. P. Ruelle, 444); b) 1249 barge de cantier « chaloupe placée sur un navire » (Jean Sarrazin, 8, 9 ds T.-L.); c) 1261 « pièces de bois sur lesquelles on place des tonneaux » (Rutebeuf, Le Miracle de Théophile ds Henry Chrestomathie, 146, 22); d) 1611 « cale placée sous un objet qu'on veut travailler » (Cotgr.); e) 1690 « bloc de bois qui porte la quille d'un bateau en construction » (Fur.); 2. xives. « bord des rivières » (Mantellier, March. fréq., Gloss. ds Gdf.); 3. 1400 « entassement de matériaux » chantiers de busche (Christine de Pisan, Dit de Poissy, éd. M. Roy, II, 172, 446); d'où 1553 « emplacement où les marchands entassent le bois » (P. Belon, Observations, II, 88, éd. 1588, p. 328 ds R. Philol. fr., t. 43, p. 184); 4. 1680 « atelier à l'air libre » (Rich.); 1753 (Encyclop. t. 3 : être sur le chantier, pour dire se travailler actuellement). Issu du lat. class. cantherius proprement « cheval hongre, mauvais cheval de charge »; d'où p. métaph. en archit. « chevron », Vitruve ds TLL s.v., 282, 60; « support auquel on fixe la vigne » Columelle, ibid., 27; le sens 2 peut-être parce que le bord des rivières servait à entasser des marchandises. Fréq. abs. littér. : 588. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 358, b) 1 008; xxes. : a) 1 102, b) 991. Bbg. Gohin 1903, p. 372. − Gottsch. Redens. 1930, p. 260. − Mélon (N.), Herbillon (J.), Lechanteur (J.). Textes d'archives. Batellerie liégeoise. Dial. belgo-rom. 1969, t. 25, no314, p. 121. − Quem. 2es. t. 2 1971. − À Propos d'installations ferroviaires. Meta. 1971, t. 16, p. 174. − Thomas (A.). Nouv. Essais 1904, p. 140. |