| CHANTEPLEURE, subst. fém. A.− Entonnoir à long tuyau percé de trous, utilisé pour transvaser le vin ou tout autre liquide dans un tonneau, sans le troubler. − P. ext. ,,Robinet dont on fait usage dans le nord de la France, pour mettre en perce un tonneau de vin ou de cidre`` (Chesn. 1857). − P. méton. ,,Pressoir à robinet d'écoulement où l'on foule le raisin avant de le transporter dans la cuve`` (Ac. 1932). Colosse (...) portant un broc, se pencha, tourna le robinet de la chantepleure (Maupassant, Mont-Oriol,1887, p. 53). B.− P. anal. Fente verticale pratiquée dans un mur pour l'écoulement des eaux (cf. barbacane). Murs percés de chantepleures (Huysmans, Là-bas,t. 1, 1891, p. 64). Rem. Chantepleure ou champlure, subst. fém., désigne au Canada un robinet quelconque. Un lavabo impérial avec trois chantepleures chromées (J. Godbout, Salut Galarneau! Paris, 1967, p. 73). Prononc. et Orth. : [ʃ
ɑ
̃tplœ:ʀ]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1230-60 cantepleure « siphon » ici « espèce de coupe de Tantale qui se vide par un tuyau caché dans le pied » (Villard de Honnecourt, Album, XVI ds T.-L.); 2. 1530 « robinet d'un tonneau » (Palsgr.); 3. 1635 « sorte d'entonnoir » (Monet, Abr. du parallèle des lang. fr. et lat.); 4. 1690 « fente dans un mur pour l'écoulement des eaux » (Fur.); 5. 1694 « cuvier à fouler le raisin » (Mén.). Composé des formes verbales chante (chanter*) et pleure (pleurer*) p. anal. avec le bruit du liquide qui coule. Fréq. abs. littér. : 3. Bbg. Guiraud (P.) Mél. d'étymol. arg. et pop. Cah. lexicol. 1970, t. 17, pp. 4-6. − Hering (W.). Über den Zapfhahn und seine Namen in Frankreich. In : [Mél. Jaberg (K.)]. Z. rom. Philol. 1937, t. 57, no2-4, pp. 387-420. − Lew. 1960, p. 47. − Sain. Sources t. 1, 1972 [1925], pp. 114-115; t. 2, 1972 [1925], p. 340. − Teppe (J.). Les Petits myst. de Chantepleure. Vie Lang. 1968, pp. 494-495. |