| CHANCEUX, EUSE, adj. et subst. A.− [En parlant d'un inanimé] 1. Qui dépend du hasard, est incertain. On voit bien que vous n'avez jamais rien possédé. Vous croyez que c'est facile de posséder quelque chose! C'est un métier. C'est un métier très difficile et très chanceux (G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Vue de la Terre promise, 1934, p. 143). − P. méton. : 1. Ils [les bureaux de loterie] n'omettent pas non plus d'annoncer pompeusement et avec des attestations authentiques les sommes gagnées dans leurs bureaux par l'imprudent qui, peut-être à la veille de sa ruine complète, a été favorisé par la roue chanceuse de la loterie.
Balzac,
Œuvres diverses,t. 1, 1850, p. 151. − Emploi impers. : 2. ... je ne vous comprends pas de vous fâcher ainsi contre moi, quand j'ai si rarement le bonheur de pouvoir causer avec vous; quand il est si chanceux d'y parvenir sans que les lettres soient interceptées; (...) Je n'ai pas reçu l'article que vous m'avez envoyé (...) une lettre a été saisie apparemment par la police : je ne l'ai pas reçue.
G. Sand, Correspondance,t. 3, 1812-76, p. 326. − Emploi subst. neutre. Je pourrais courir à l'aise et sans trop m'inquiéter après le chanceux, le vague, le mouvant, c'est-à-dire chercher fortune dans l'aventureuse carrière de la presse (M. de Guérin, Correspondance,1834, p. 169). 2. Risqué, dangereux. Voyage chanceux, plein d'accidents et de dangers (Maine de Biran, Journal,1815, p. 94). − Emploi impers. : 3. Sa fenêtre était éloignée de celle de Clélia d'environ vingt-cinq pieds; il eût été trop chanceux de se parler par-dessus la tête des sentinelles se promenant devant le palais du gouverneur.
Stendhal, La Chartreuse de Parme,1839, p. 306. B.− [En parlant d'une pers.] Qui a de la chance, qui est favorisé par le sort : 4. Les éditeurs se disputent nos romans! (...) Moi, si peu chanceux jusqu'à présent, j'ai comme une peur de cette chance inouïe dans ma vie; ...
E. et J. de Goncourt, Journal,1875, p. 1081. − P. ext., fam. [En parlant d'une action] Qui porte chance : 5. Garder un étranger (...), c'est pas chanceux : celui-là peut rien que vous porter malheur.
G. GuèvremontLe Survenant,1945, p. 137. Prononc. et Orth. : [ʃ
ɑ
̃sø], fém. [-ø:z]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1606 (Nicot). Dér. de chance*; suff. -eux*. Fréq. abs. littér. : 105. Bbg. Gottsch. Redens. 1930, p. 445. |