| CHALEUREUX, EUSE, adj. et subst. A.− Rare. [En parlant d'un animé ou d'un inanimé] Qui est chaud, qui a une température relativement élevée, qui la dispense. Le soleil éclatant et chaleureux (P. Borel, Champavert,Passereau, l'écolier, 1833, p. 183).Une buée s'élevait de ses jambes chaleureuses et fraîchies [d'un cheval] (Montherlant, Les Bestiaires,1926, p. 434). − P. métaph. : 1. Le jeudi est un jour magique, un jour chaleureux, sucré, riche de rayons et de parfums.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Le Jardin des bêtes sauvages, 1934, p. 77. B.− Au fig. 1. [En parlant d'une chose qui exerce un effet particulier sur les sens] Qui est agréable par ses qualités propres. Le chaleureux parfum de pêche à demi mûre et de poivre (Colette, La Vagabonde,1910, p. 300). − Spécialement a) [En parlant d'une boisson alcoolisée, en partic. d'un vin] Gorgé de soleil, riche en alcool, donnant une impression de température intérieure plus élevée au consommateur. La vigne (...) donne des vins blancs sucrés (...), chaleureux plutôt qu'agréables (Michelet, Journal,1854, p. 268). b) [En parlant d'une couleur] Qui est harmonieux, en général à dominante jaune ou rouge, donnant une impression agréable, vivante : 2. ... elles [les joues de Pauline] s'étaient décolorées, non plus du brun chaleureux qu'elles avaient, mais d'un brun terne maladif, une couleur pauvre, de misère et de privations.
Genevoix, Marcheloup,1934, p. 235. 2. Domaine de la personnalité humaine [En parlant d'une pers., de son tempérament, d'un aspect de son comportement, d'un sentiment, parfois d'une collectivité]Qui est plein d'ardeur, passionné, qui manifeste de la sympathie, de l'affection, cordial, qui émeut. Accent, accueil, élan(s) chaleureux. La foule était aussi chaleureuse que jamais (De Gaulle, Mémoires de guerre,1959, p. 274): 3. [Blanchon :] − Oh! monsieur le comte, comment cette idée peut-elle vous venir, à vous si bon, si obligeant, si humain? (...) Ceux qui ont amené à ce point d'insensibilité une âme aussi chaleureuse et aussi vivante que l'était la vôtre, sont bien coupables.
Balzac, Une Double famille,1830, p. 300. SYNT. Chaleureuse sympathie; lettre, poignée de main, vie, voix chaleureuse; paroles chaleureuses; regard, visage chaleureux; parler en termes chaleureux. − Emploi subst. Personne ardente, passionnée : 4. Il [Georges Lecomte] dit qu'il a été obligé de donner un coup de poing à un de ces chaleureux, qui s'était presque assis sur sa femme, pendant qu'il était entré chez un marchand de tabac; ...
E. et J. de Goncourt, Journal,1895, p. 790. − Spécialement a) Dans le domaine artistique ou littér.Expressif, vivant, où l'on perçoit la sensibilité de l'artiste. Roman écrit d'un style simple et chaleureux (Musset, Revue des Deux Mondes,1833, p. 105). ♦ Emploi subst. Style expressif, sans dureté : 5. − L. (...) loue Saint-Marc Girardin de sa « forme brillante et chaleureuse ». C'est un contresens. Saint-Marc Girardin, vif, piquant, spirituel, est le contraire du chaleureux.
Sainte-Beuve, Pensées et maximes,1869, p. 136. b) Rare. Animé. Après une heure de vive et chaleureuse discussion (Sue, Atar Gull,1831, p. 6). c) Rare. Emporté, prompt à se fâcher. Votre cordial caractère, bien que si chaleureux parfois (Sainte-Beuve, Correspondance,t. 3, 1818-69, p. 264). Rem. Contrairement à chaud, chaleureux est peu employé au sens propre. En revanche, dans le domaine de la personnalité humaine, chaleureux semble être un peu plus fort que chaud. Prononc. et Orth. : [ʃalœ
ʀø], fém. [-ø:z]. Ds Ac. 1694-1932; Ac. 1694 propose également chaloureux. Étymol. et Hist. 1398 fig. paroles chaleureuses (A.N. JJ 153, pièce 367 ds Gdf. Compl.), attest. isolée; à nouv. ds Ac. 1835; 4equart xives. au propre « chaud » saison callereuse (Froiss., Chron., Kerv., XVII, 475, ibid.); fin xves. temps chaleureux (Molinet, Chron., ch. CXLIX, ibid.), ne se dit plus apr. le xvies.; 1586 « en parlant d'une personne » (Le Loyer, Hist. des Spectres, III, 14 ds Hug.); Fur. 1690 note ,,il ne se dit gueres qu'en cette phrase. Les vieillards ne sont gueres chaleureux``. Dér. de chaleur*; suff. -eux*. Fréq. abs. littér. : 217. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 189, b) 230; xxes. : a) 212, b) 510. Bbg. Darm. Vie 1932, p. 188. − Journet (R.), Petit (J.), Robert (G.). Mots et dict. (1798-1878). 2. Cancre − dévouement. Paris, 1968, p. 258. − Lew. 1960, p. 224. |