| CHABOT, subst. masc. A.− ICHTYOL. Petit poisson du genre cotte, à grosse tête et à nageoires épineuses, comprenant des espèces marines et une espèce d'eau douce, qui se cache dans les courants rapides et dont la chair est comestible. Le chabot de mer, synon. diable de mer, scorpion de mer; le chabot de rivière, synon. cabot, têtard, meunier. Sidoine s'empara (...) d'un chabot dont la peau gluante et la tête monstrueuse nous étonnèrent (P. Arène, Veine d'argile,1896, p. 249): Il [le cuisinier] dissertait sur la délicatesse des poissons vivant dans ces fleuves de glace [en Russie] : les sterlets du Volga (...) les riapouschka, les chabots de Pskoff, dont on se sert dans le carême pour le stschi maigre, et dans la semaine du carnaval pour les blinis.
E. et J. de Goncourt, Manette Salomon,1867, p. 112. B.− BLAS. Chabot en pal représenté de dos et la tête en haut. Prononc. et Orth. : [ʃabo]. Passy 1914 admet également [ɔ] ouvert à la finale. À ce sujet cf. abricot. Ds Ac. 1694-1932. Littré, Rob. et Quillet 1965 signalent : ,,On dit aussi cabot.`` Pour le terme de techn. Ac. Compl. 1842, Lar. 19eet Quillet 1965 renvoient à chablot. Étymol. et Hist. 1. Ca 1220 cabot peut-être « têtard » (G. de Coincy, Miracles de Nostre-Dame, éd. F. Koenig, t. 2, p. 33, D'un archevesque qui fu a Tholete, 722), demeuré sous cette forme et en ce sens en norm. (Moisy) et en wallon (Roll. Faune t. 3, p. 66); 2. 1380 cabot « poisson à grosse tête » (Reg. aux publications, A. Tournai ds Gdf. Compl.); relevé sous cette forme en norm. (Moisy) et en pic. (Hécart); 1remoitié du xvies. chabot « id. » (Marot, III, 10 ds Littré), relevé sous la forme chavot en Franche-Comté (Roll. Faune t. 3, p. 174). Orig. obsc. À rapprocher de l'a. prov. cabotz « poisson à grosse tête » (mil. xiiies. ds Levy; 1181 lat. médiév. cabos, Toulouse ds Du Cange t. 2, p. 9b), bien attesté dans le sud-ouest du domaine occitan (A. Dauzat, Essais de géogr. ling. Noms d'animaux, Paris, 1921, p. 53), issu d'un lat. vulg. *capŏceu (dér. de caput « tête ») littéralement « poisson à grosse tête ». Cependant un empr. du fr. au prov. (A. Thomas Mél. Etymol., p. 51; Dauzat, loc. cit., pp. 52-58; Bl.-W.5; Barbier ds R. Lang. rom., t. 58, 1915, p. 295 et ds R. Philol. fr., t. 20, p. 120) avec restitution d'un sing. c(h)abot d'apr. les mots en -ot ayant leur plur. en -oz, fait difficulté, l'ancienneté du type cabot et la présence des deux types cabot/chabot dans le domaine fr. étant plutôt caractéristiques d'un mot autochtone. L'hyp. de Sjögren (Neuphilol. Mitt., t. 28, 1927, pp. 162-169) reprise par FEW (t. 2, p. 346b, note 5) selon laquelle chabot serait composé de chat (à cause de l'agilité de ce poisson) et de l'a. fr. bot « crapaud » [v. bot* (pied)] fait difficulté du point de vue géogr., le type bot étant absent du domaine occitan (v. FEW t. 15, 2, p. 40b). Fréq. abs. littér. : 11. Bbg. Barbier (P.). Noms de poissons. R. Lang. rom. 1915, t. 58, p. 295, 296. − Dauzat (A.). Essais de géogr. ling. Noms d'animaux. Paris, 1921, p. 53. − Sjögren (A.). Notes d'étymol. 2. Chabot. Newphilol. Mitt. 1927, t. 28, pp. 162-169. − Thomas (A.). Mél. d'étymo1. fr. Paris, 1902, p. 51. |