| CENTUPLER, verbe. I.− Emploi trans. Multiplier par cent : 1. Quant au caractère O, je lui trouve une analogie encore plus marquée avec le soleil. Dans les chiffres arabes, lorsqu'il est seul, ce n'est qu'un zéro; il est sans valeur : mais il décuple celle d'un chiffre lorsqu'il y est joint; il la centuple lorsqu'on l'y ajoute deux fois, ainsi de suite.
Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 112. − P. ext. Multiplier par environ cent, augmenter considérablement. À titre d'ultra sous la Monarchie légitime, elle [la famille Pastoret] centupla ses honneurs et ses écus (Mmede Chateaubriand, Mémoires et lettres,1847, p. 181): 2. Je trouve qu'elle a tiré de l'indigo, qu'elle fabrique encore fort mal, une somme annuelle de 500 000 piastres; et certainement ce n'est pas exagérer que de dire que l'on peut aisément centupler ce seul article par une meilleure fabrique.
Baudry des Lozières, Voyage à la Louisiane,1802, p. 218. − Emploi pronom. avec valeur passive : 3. ... sans se donner la peine de bien comprendre cette rhétorique, il en ressentait la musique au travers de celui qui parlait et de ceux qui écoutaient. Le pouvoir de celui-là se centuplait de ses résonances dans ceux-ci.
R. Rolland, Jean-Christophe,Le Buisson ardent, 1911, p. 1279. Rem. Dans l'ex. suiv. centupler est à la forme non pronom. par effacement habituel du réfléchi en constr. infinitive; cf. aussi l'emploi intrans. De ce point de vue est singulièrement instructif le cas de Barrès qui, ayant commencé par le grand intellectualisme sceptique, a vu son étoile temporelle centupler de grandeur, du moins dans son pays, le jour qu'il s'est fait l'apôtre des « préjugés nécessaires » (Benda, La Trahison des clercs, 1927, p. 203). II.− Emploi intrans. Être multiplié par cent, augmenter considérablement. La valeur du denier, coté à la Bourse de Lille un million, avait centuplé en un siècle (Zola, Germinal,1885, p. 1198). Prononc. et Orth. : [sɑ
̃typle], (je) centuple [sɑ
̃typl̥]. Ds Ac. 1798-1932. Étymol. et Hist. Av. 1560 (Bonivard, Source de l'Idolatrie, 43 d'apr. Delboulle ds Quem. : Sus intermination de centupler leurz paines). Dér. de centuple*; dés. -er; a évincé centuplier « id. » attesté seulement au xvies. (1542, P. de Changy, Femme chrestienne, 72 d'apr. Delboulle ds Quem.) empr. au lat. chrét. centuplicare attesté dep. le ives. (Juvencus, 3, 547 ds TLL s.v., 830, 34) et peut-être déjà au début du iiies. (Tertullien, Patient., 14 ds TLL, s.v. conduplico, 164, 60 var. de [conduplicata]), dér. du lat. class. centuplex, -icis « centuple ». Fréq. abs. littér. : 77. |