| CENTRAL, ALE, AUX, adj. et subst. I.− Emploi adj. A.− 1. GÉOM., cour. Qui est situé au centre d'une circonférence, d'une sphère, ou, p. ext., d'une autre figure. Éclipse centrale; feu central. Pour la philosophie modale, la circonférence est aussi centrale que le centre (Jankélévitch, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien,1957, p. 7): 1. La prison de Reinbach était bâtie en étoile, suivant le plan habituel. Quatre étages de cellules superposées rayonnaient autour d'un axe central, d'où des couloirs divergeaient.
Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 277. 2. P. ext. [Le déterminé est le plus souvent une région géogr.] Qui est situé au centre d'une surface, d'une étendue. Amérique, Europe centrale; province centrale : 2. Les deux frères, en deux fauteuils pareils... à droite et à gauche du guéridon central, regardaient fixement devant eux...
Maupassant, Pierre et Jean,1888, p. 305. − En partic. Qui est situé au centre d'une ville : 3. La maison que je vais habiter forme l'angle de la rue de la Michodière et du boulevard des Italiens. Le quartier me convient parce qu'il est central.
Lamennais, Lettres inédites... à la baronne Cottu,1839, p. 303. − HIST. [Du point de vue de l'Europe, de 1867 à 1918] Les Empires centraux, les puissances centrales; p. ell., les centraux. L'Allemagne et l'Autriche-Hongrie. L'offensive des puissances centrales à l'automne 1915 (Joffre, Mémoires,t. 2, 1931, p. 45).Reste à savoir si, en 1914, la France devait s'incliner devant l'agression des empires centraux (Benda, La France byzantine,1945, p. 253): 4. − « Tenez, justement : un journal suisse que m'a passé Goiran... Vous verrez : d'après les communiqués des Centraux, dans le seul mois d'avril, les Anglais auraient perdu plus de deux cent mille hommes, rien que sur l'Yser! » − « Si ces chiffres étaient connus de l'opinion publique alliée... » remarqua Bardot.
R. Martin du Gard, Les Thibault,Épilogue, 1940, p. 765. B.− 1. ANAT., PHYSIOL., cour. Qui exerce son action vers les organes situés à la périphérie par rapport à lui. Système nerveux central. − P. ext. Qui a pour origine, qui concerne le système nerveux central. Ataxie verbale d'origine centrale (P.-J. Teissier ds F. Widal, P.-J. Teissier, G.-H. Roger, Nouv. traité de méd., fasc. 2, 1920-24, p. 282). Lésions centrales (Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, 1945, p. 16). 2. SC. PHYS., cour. Qui exerce une action en tant que situé au centre. L'attraction centrale de la terre (Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 200): 5. L'hypothèse des forces centrales contenait tous les principes; elle les entraînait comme des conséquences nécessaires; elle entraînait et la conservation de l'énergie, et celle des masses, et l'égalité de l'action et la réaction, et la loi de moindre action, ...
H. Poincaré, La Valeur de la sc.,1905, p. 178. 3. P. anal. a) [En parlant d'un lieu] Où des actions, des activités, des pouvoirs sont groupés. − [Pour s'exercer vers des organes périphériques] L'Administration centrale; le siège central d'une société. Si vous avez à m'écrire, faites-le poste restante, bureau central Bruxelles (Verlaine, Correspondance,t. 2, 1893, p. 222).L'équilibre des pouvoirs locaux et du pouvoir central (Perroux, L'Écon. du XXes.,1964, p. 204). − [Pour faciliter l'impulsion, le contrôle sur place] ♦ École Centrale. École supérieure groupant plusieurs disciplines scientifiques et technologiques. ♦ Maison, prison centrale ou, p. ell., centrale. Établissement pénitentiaire où sont regroupés les détenus purgeant des peines de travaux forcés, de réclusion, ou d'emprisonnement supérieures à un an et un jour. Je préfère cent fois le bagne à la centrale (Sue, Les Mystères de Paris,t. 8, 1842-43, p. 114).Six années de réclusion, faites dans une maison centrale (Zola, Fécondité,1899, p. 674). b) P. méton. [En parlant d'une pers.] Qui exerce son action au centre. Commissaire central : 6. Au président de la Société des Gens de lettres, Paris, octobre 1841.
Monsieur,
L'agent central de votre société m'a communiqué la décision du comité relative à ma démission, ...
Balzac, Correspondance,1841, p. 324. − TECHNOL. Qui distribue l'énergie à partir d'un organe principal. Chauffage central. c) Au fig. Fondamental, essentiel. La statuaire est l'art central de la Grèce (Taine, Philos. de l'art,t. 1, 1865, p. 75).Le Rouge et le Noir, roman central de Stendhal (A. Thibaudet, Hist. de la litt. fr. de 1789 à nos jours,1936, p. 205).Cette élévation qui est le moment central de la messe (Claudel, Un Poète regarde la Croix,1938, p. 249). II.− Emploi subst. A.− Subst. masc. Central (téléphonique, télégraphique). Organe, et p. ext., organisme qui reçoit et transmet les communications téléphoniques, télégraphiques : 7. Le bombardement s'accéléra, toujours en direction du central téléphonique. Shade était au central : c'était l'heure de transmettre son article.
Malraux, L'Espoir,1937, p. 746. − P. métaph. N'est-ce pas le cervelet qui est le grand central de la mémoire héréditaire? (L. Daudet, L'Homme et le poison,1925, p. 93): 8. New-York est le grand central de l'Amérique. Concentration et congestion. Il tient dans son île comme dans un poing fermé, les cent vingt plus grandes banques de l'univers, cent lignes de navigation, onze voies ferrées.
Morand, New York,1930, p. 270. B.− Subst. fém. 1. Usine productrice d'électricité. Centrale électrique. Le manque total de charbon qui paralyse les centrales (De Gaulle, Mémoires de guerre,1956, p. 707).Une centrale à eau lourde de deux cent mille kilowatts électriques (Goldschmidt, L'Aventure atomique,1962, p. 140). SYNT. Centrale atomique, hydraulique, marémotrice, nucléaire, thermique. 2. Organisme qui centralise des activités commerciales ou bancaires; p. anal., centre de services généraux. La création d'organes supranationaux de crédit, la mise en œuvre éventuelle de centrales supranationales d'échanges extérieurs (Perroux, L'Écon. du XXes.,1964, p. 367). 3. Groupement national de syndicats : 9. Je prescrivis de former, sans plus attendre, le Conseil National de la Résistance, où siégeraient les représentants de tous les mouvements des deux zones, de tous les partis politiques et des deux centrales syndicales.
De Gaulle, Mémoires de guerre,1956, p. 91. Prononc. et Orth. : [sɑ
̃tʀal], plur. [-o]. Ds Ac. 1718-1932. Étymol. et Hist. I. Adj. 1377 « situé au centre d'un cercle, d'une sphère » (Oresme, Livre du ciel et du Monde, 61 b 2 ds Mediœval Studies, Toronto, 1943, t. 5, p. 298); av. 1820 terres centrales (L'Abbé Raynal ds Lav.); 1718 mécan. force centrale (Ac.); 1787 (Fér. Crit. : Vous regardez-vous comme le point central de l'univers?); av. 1793 pouvoir central (Barnave, Réfl. pol., t. 2, p. 101 ds Brunot t. 9, 1, p. 1025, note 6); spéc. a) école centrale (du département) (Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, t. 2, 1812, p. 16), institution créée par la Convention en 1795, qui cesse d'exister lorsqu'apparaît en 1802 le lycée (Lar. encyclop.); École centrale désigna ensuite l'École centrale des arts et manufactures (1853, E. et J. de Goncourt, Journal, p. 107); d'où 1879 fam. subst. masc. p. ell. central « élève de l'école centrale » (Alid., Revers de la médaille ds Larch. Suppl.); b) 1827 maison centrale (Vidocq, Mémoires, t. 1, p. 177); d'où 1878 subst. masc. arg. central « détenu d'une maison centrale » (Rigaud, Dict. du jargon parisien, p. 75). II. A. subst. masc. 1883 télécomm. (G. Fustier, Suppl. au dict. de la lang. verte d'A. Delvau, p. 505); 1928 central téléphonique (Malraux, Les Conquérants, p. 116); B. subst. fém. 1927 centrale électrique (R. Champly, Nouv. encyclop. pratique, t. 1, p. 27 bis); 1956 centrale syndicale, supra ex. 9. I empr. au lat. class. centralis « placé au centre », lui-même dér. de centrum « centre »; II substantivation de I. Fréq. abs. littér. : 2 062. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 310, b) 1 968; xxes. : a) 2 452, b) 5 122. DÉR. Centralement, adv.a) Rare. Au centre d'une surface, d'une étendue. L'autel de Vesta, placé centralement dans son temple, comme le soleil dans les sphères (Volney, Les Ruines,1791, p. 277).b) Au fig. Fondamentalement, essentiellement. Je n'ai rien contre la notion de pudeur, sauf dans le cas où celle-ci oppose un barrage à la montée au jour de choses que j'estime plus grandes, plus centralement importantes qu'elle (Du Bos, Journal,1925, p. 242).− 1resattest. av. 1582 centrallement « au centre » (L. Joubert ds Guérin 1892), attest. isolée; repris en 1791 id.; av. 1778 fig. p. métaph. (Rousseau,
Œuvres, I, 332 et 334, Apol. du théâtre ds Brunot t. 6, p. 1187); de central adj., suff. -(e)ment2*. − Fréq. abs. littér. : 10. BBG. − Sigurs 1963/64, p. 269. − Termes techn. fr. Paris, 1972, p. 24, 103. |