| CATHARSIS, subst. fém. A.− THÉÂTRE. [Chez Aristote (Poétique, VI et VIII)] Purification de l'âme du spectateur par le spectacle du châtiment du coupable. Le châtiment du coupable, voilà l'expiation, la purification, la
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que le philosophe avait en vue. Pour prendre un exemple, dans la fable d'Oreste, la catharsis consiste dans le châtiment infligé au fils parricide (E. Weil, Ét. sur le drame antique, Paris, 1897, p. 157). − P. ext. 1. Purification de l'âme ou purgation des passions du spectateur par la terreur et la pitié qu'il éprouve devant le spectacle d'une destinée tragique. Ce mode d'expression de soi qu'était le théâtre antique permettait, comme le psychodrame moderne, d'opérer une catharsis, une purification de l'âme, une liquidation des complexes (Divin.1964, p. 249). 2. Plaisir éprouvé par le spectateur grâce à la dérivation causée par ces sentiments. ,,Le mot s'emploie toutefois pour désigner surtout le ravissement esthétique`` (Bénac Dissert. 1949). B.− PSYCHANAL. et PSYCHOL. [Chez Freud et Breuer] Moyen thérapeutique (ex. hypnose, suggestion, etc.) par lequel le psychiatre amène le malade à se libérer de ses traumatismes affectifs refoulés. Synon. méthode cathartique, défoulement, abréaction.Le résultat de cette opération. Cf. Hist. de la sc., 1957, p. 1696. C.− P. ext. (de A et de B), dans d'autres domaines (relig., mor., sociol., etc.).Action purificatrice. Catharsis ascétique (Philos. Relig., 1957, p. 5015) : La prise de conscience historique réalise une véritable catharsis, une libération de notre inconscient sociologique un peu analogue à celle que sur le plan psychologique cherche à obtenir la psychanalyse.
H.-I. Marrou, De la Connaissance hist.,1954, p. 273. Prononc. : [kataʀsis]. Étymol. et Hist. 1. 1865 méd. catharsie (Littré-Robin : Catharsie. Toute évacuation naturelle ou artificielle par une voie quelconque). 2. [1874 G. Cottler, Extraits de la Dramaturgie de Lessing, Paris, introd., p. XI : les passions auxquelles s'appliquent la κ
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ς]; 1897 (H. Weil, loc. cit.). Empr. au gr.
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ς, sens méd., Hippocrate, Aphorismes, 5, 36 ds Liddell-Scott; sens fig. « purification » dep. Platon, Phédon, 67c, ibid., et spéc., Aristote, Poétique, 1449b28, ibid. « purgation produite chez le spectateur par la tragédie ». Fréq. abs. littér. : 6. Bbg. Giraud (J.), Pamart (P.), Riverain (J.). Mots ds le vent. Vie Lang. 1970, p. 48. |