| CASSEROLE, subst. fém. A.− Ustensile de cuisine. 1. [P. réf. à l'usage culinaire] Ustensile de cuisine généralement de forme cylindrique, à fond plat et à manche court, dans lequel on cuit divers aliments. Casserole de terre cuite (Ac. 1798-1878, Lar. 19e), casserole d'aluminium, émaillée (Ac. 1932). Le geôlier apportait tous les jours la soupe de Dantès dans une casserole de fer-blanc (A. Dumas Père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 175): 1. Les belles casseroles reluisaient au milieu de pots gris à ceinture bleue et de marmites qu'on aurait dites frottées au caramel, et on ne voyait qu'aller et venir les gros bras rouges de la cuisinière, ...
Duranty, Le Malheur d'Henriette Gérard,1860, p. 63. − P. méton. Plat fait à la casserole. Casserole de riz, à l'indienne. Un pâté fait à la casserole (Balzac, Eugénie Grandet, 1834, p. 203); du veau à la casserole (Flaubert, Madame Bovary,t. 1, 1857, p. 30). Rem. En Suisse romande casserolier, subst. masc. Marmiton chargé de l'entretien de la batterie de cuisine. Restaurant... cherche sommeliers... casseroliers (Annonce in Nouvelliste et Feuille d'avis du Valais, 5 mars 1975). 2. [P. réf. à d'autres usages ou à d'autres propriétés de l'ustensile] a) JEUX. Attacher une casserole à la queue d'un chien. Farce enfantine : 2. Les petits enfants du fermier ne se sont pas contentés d'attacher une casserole à la queue de ce malheureux chien perdu...
Gide, Journal,1933, p. 1150. − P. métaph. ... excité par un atavisme que notre âme nationale ignore, il [Zola] s'entêtera et prolongera, comme un tonnerre vengeur sur la France, le bruit de cette casserole [l'affaire Dreyfus] qu'il vient de s'attacher (Barrès, Scènes et doctrines du nationalisme,t. 1, 1902, p. 46). b) [P. réf. au bruit métallique et discordant produit par le heurt d'une casserole] Chanter comme une casserole. Chanter faux. Faire un bruit de casserole. Faire un bruit désagréable. La voix de cette personne fait un bruit de casseroles et de pots de chambre (Bloy, Journal,1907, p. 309). B.− P. anal. 1. Péjoratif a) [P. réf. au bruit désagréable] Mauvais piano. Les pianos mécaniques et les casseroles automatiques dans les rues de Madrid (I. Stravinsky, Chroniques de ma vie,1931, p. 150). b) [P. anal. de forme] Grosse montre. Synon. oignon, bassinoire.Munius (découvrant la montre dans la poche de l'habit) : (...) elle est vieille! c'est une casserole (É. Augier, L'Habit vert,1849, I, p. 296). c) P. ext. Objet ou personne de peu de valeur. Raisonner comme une casserole. Ne pas penser juste (Éd. 1967). Être une casserole. Être bon à rien (cf. Le Breton 1960). − En partic., arg. Mouchard, délateur. Ses allées et venues du séminaire à l'évêché, et vice versa, le rendaient redoutable. On disait ouvertement de lui qu'il était la « casserole » de l'évêque (Billy, Introïbo,1939, p. 71). 2. Familier a) Casque de guerre (Esn. 1966). b) ÉLECTR., CIN. Projecteur; réflecteur électrique : 3. Soudain Notre-Dame s'illumina des pieds à la tête. Les casseroles de l'Hôtel-Dieu frappèrent de leur jet blanc le couronnement des tours...
A. Arnoux, Paris-sur-Seine,1939, p. 346. C.− Au fig., pop. [P. réf. aux bêtes de basse-cour que l'on tue pour les faire cuire] Passer à la casserole. 1. Être exécuté, tué : 4. mère ubu. − Qui t'empêche de massacrer toute la famille et de te mettre à leur place.
père ubu. − Ah! Mère Ubu, vous me faites injure et vous allez passer tout à l'heure par la casserole.
mère ubu. − Eh! pauvre malheureux, si je passais par la casserole, qui te raccommoderait tes fonds de culotte?
Jarry, Ubu Roi,1895, I, 1, p. 36. 2. P. ext. Subir une épreuve désagréable. a) Vx. Subir un traitement anti-vénérien. b) [En parlant d'une jeune fille, d'une femme] Être violée. Méfie-toi, dit-il à Lucie, les pucelles l'excitent. (...) il te fera passer à la casserole (Abellio, Heureux les pacifiques,1946, p. 56). c) [En parlant d'un malfaiteur, avec réf. au sens « mouchard » supra B 1 c] Être dénoncé. d) Subir un examen, un interrogatoire. Prononc. et Orth. : [kasʀ
ɔl]. [a] ant. à l'initiale ds la majorité des dict. Cf. Passy 1914, Dub., Pt Rob., Pt Lar. 1968 et Lar. Lang. fr.; cf. aussi Land. 1834, Nod. 1844, Fél. 1851, Littré et DG; à ce sujet cf. encore Fouché Prononc. 1959, p. 85-86 : ,,L' [ɑ] a pour ainsi dire disparu dans (...) casserole``. [ɑ] ou [a] ds Barbeau-Rodhe 1930 (qui marque [ɑ
ˑ] mi-long). Pour l'hésitation entre [ɑ] et [a] cf. également Buben 1935, § 55. Noter que Fér. 1768 et Fér. Crit. t. 1 1787 indiquent la 1resyll. longue. Land. 1834 et Littré soulignent qu'il ne faut pas prononcer [kastʀ
ɔl] comme on l'entend dans le peuple, avec un [t] épenthétique. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) 1583 casserolle « ustensile de cuisine » (Inv. d'Anne de Nicolay, no62 ds Gay); b) 1924 technol. « projecteur » (Faure, L'Entretien et l'exploit. du cinématographe, 62/2 ds Giraud : On les appelle des casseroles à cause de leur construction en tôle); 2. 1849 péj. « objet (ou personne) sans valeur, mauvais » (É. Augier, L'Habit vert, p. 296); 1931 « mauvais piano », supra 3. 1848 arg. « mouchard » (A. Pierre, Arg. et jargon, c. 1). Dér. du rad. de casse4* « récipient »; suff. -erol(l)e (-ole*). Fréq. abs. littér. : 443. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 239, b) 722; xxes. : a) 925, b) 735. DÉR. Casserolée, subst. fém.Contenu d'une casserole pleine. Casserolée de pommes de terre (Lar. encyclop.); casserolée de nouilles (Dub.). J'ai pompé un plein seau d'eau, que j'ai tiédie un peu en y versant une casserolée bouillante (Genevoix, Au seuil des guitounes,1918, p. 27).− [kasʀ
ɔle]. [a] ant. ds Passy 1914 et Lar. Lang. fr. (cf. aussi Littré). [ɑ] ou [a] ds Warn. 1968; à ce sujet cf. casserole. − 1reattest. 1838 (Ac. Compl. 1842); du rad. de casserole, suff. -ée*. BBG. − Grimaud (F.). Pt gloss. du jeu de boules. Vie Lang. 1969, p. 112. − Sain. Arg. 1972 [1907], pp. 68-69. − Sain. Lang. par. 1920, p. 55, 125, 313, 409. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 109; t. 2 1972 [1925], p. 377. − Vincent (A.). Les N. d'obj. creux comme n. de lieux. Mél. Dauzat (A.) 1951, p. 387. |