| CASBAH, subst. fém. A.− [En Afrique du Nord] Palais et citadelle du souverain. Les trésors de la casbah; la casbah d'Alger fut prise en 1830 par les Français. − P. ext. Parties hautes et fortifiées d'une ville arabe. Quartiers qui les environnent; spéc., quartier arabe dans une ville européenne d'Afrique du Nord. La casbah d'Alger (cf. A. Daudet, Tartarin de Tarascon, 1872, p. 59); ... sa haute casbah crénelée [de Tanger], et ses minarets plaqués de vieilles faïences. (Loti, Au Maroc,1889, p. 2). − P. anal. [La casbah représentant une enceinte réservée aux musulmans et interdite aux infidèles, particulièrement aux chrétiens] L'Angoulême noble cria contre l'introduction d'un giaour dans la casbah, car le salon de Madame De Bargeton était le cénacle d'une société pure de tout alliage (Balzac, Les Illusions perdues,1843, p. 52). B.− Pop. Maison, baraque : Quand la Bioque était entrée au château, elle avait fait rondement son affaire de toutes les choses. « Qu'est-ce que c'est que cette casbah? » avait-elle dit, ...
Giono, L'Eau vive,1943, p. 222. Rem. En arg. (vieilli) casbah désigne la chambre où se tenaient les filles d'une maison close en attendant le client (cf. J. Galtier-Boissière, P. Devaux, Dict. hist., étymol. et anecdotique d'arg., 1939, p. 28; Esn. 1966). Prononc. et Orth. : [kazba] ou [kas-]. [z] ds Pt Rob. et Lar. Lang. fr.; [s] ds Littré, Pt Lar. 1968 et Warn. 1968; [s] ou [z] ds Barbeau-Rodhe 1930. Guérin 1892 admet casbah ou kasbah; cf. également Nouv. Lar. ill.-Lar. 20e(qui ajoute la forme kaçaba) et Lar. encyclop. Quillet 1965 enregistre casba ou casbah. Étymol. et Hist. 1. 1735 alcassabe « [en Afrique du Nord] forteresse, citadelle d'un souverain » (Mém. du Chevalier d'Arvieux..., recueillis par le R.P. J.-B. Labat, Paris, t. III, p. 231 ds Lammens, 1890, s.v. casauba : le principal château [d'Alger] est appelé l'alcassabe), attest. isolée; 1830 casauba (Balzac, Sarrasine, p. 393) − 1890, Lammens; 1836 casbah (Duc de Caraman, Relation contenant le détail [...] de la première expédition de Constantine, Toulouse-Paris, p. 19 ds Quem.); 2. 1872 p. ext. (A. Daudet, Tartarin de Tarascon, p. 59 : le prince monténégrin [...] lui nommait les différents quartiers de la ville [Alger], la casbah, la ville haute, la rue Bab-Azoun); 3. 1890 pop. « maison » (G. Macé, Mon musée criminel, p. 140). Empr. à l'ar. qaṣaba « forteresse », du verbe qaṣaba « couper, retrancher » (FEW t. 19, p. 89; Lok., no1108). Avec agglutination de l'art. ar. al-, la forme fr. alcassabe (cf. esp. alcazaba « id. »). Le mot s'est définitivement implanté au moment de la conquête de l'Algérie. La réf. donnée par Dauzat 1973 (1813, Mozin [casauba]) semble erronée. Bbg. Lammens 1890, p. 79. |