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* Dans l'article "CARROSSE,, subst. masc."
CARROSSE, subst. masc.
A.−
1. Voiture luxueuse à quatre roues, suspendue et couverte, tirée par des chevaux. Monter en (dans un) carrosse. Un carrosse à quatre ou six chevaux. Carrosse de remise. Carrosse de louage qui stationne sous une remise*. Anchise ramena de chez un loueur de carrosses un magnifique coupé (Balzac, Un Prince de la Bohême,1840, p. 368):
1. Au milieu de la chaussée se suivaient et se croisaient des carrosses à deux ou quatre chevaux, les uns fraîchement peints et dorés, garnis de velours avec glaces aux portières se balançant sur un moelleux ressort, peuplés de laquais à l'arrière-train... T. Gautier, Le Capitaine Fracasse,1863, p. 293.
SYNT. Des chevaux de carrosse; un carrosse doré; envoyer son carrosse; un carrosse funèbre.
Vx. (Une personne) à carrosse. (Une personne) d'un certain rang. Une femme honnête et à carrosse (Stendhal, De l'Amour,1822, p. 149).
P. ext., vx. Carrosse de voiture. Voiture de transport en commun, diligence (cf. Proust, Les Plaisirs et les jours, 1896, p. 92).
2. Expr. fig.
a) [Verbale] Rouler carrosse. Mener grand train :
2. Plût au ciel qu'elle [notre fortune] fût faite depuis longtemps... à l'heure qu'il est, nous roulerions carrosse à Paris... Mérimée, Théâtre de Clara Gazul,1825, p. 75.
b) [Nominales] :
Proverbe. C'est un vrai cheval de carrosse. ,,Se dit d'un homme grossier, brutal ou stupide`` (Ac. 1878).
Fam. La cinquième roue du carrosse. Une personne qui ne sert pas à grand-chose, qui ne sert à rien :
3. − Ceux-ci [des savants] (...) jouent à l'Institut le rôle que le dicton populaire attribue à la cinquième roue d'un carrosse. Reybaud, Jérôme Paturot,1842, p. 283.
Rare. Personne de quelque utilité, bien que minime :
4. Que leur demandait-on? − D'être quelque chose dans la machine, clou, cheville ou marteau, cinquième roue à un carrosse, n'importe! la société n'y regarde pas de si près... J. Vallès, Les Réfractaires,1865, p. 31.
Rem. Le syntagme roue de carrosse a donné lieu à des expr. orig. Être fardée en roue de carrosse (cf. T. Gautier, op. cit., p. 297). [En parlant d'une pers. sur qui tout repose] Elle [la gouvernante] est tout ici, en sorte qu'elle malade, les roues du carrosse sont brisées (Balzac, Lettres à l'Étrangère, t. 3, 1850, p. 363).
B.− Fam. Moyen de transport quelconque (train, automobile, péniche, etc.). Il regarda le taxi G-7, le carrosse de leur amour s'éloigner dans une nuée de papier déchiré (L. de Vilmorin, La Lettre dans un taxi,1958, p. 176).
Rem. On rencontre ds la docum. carrosse ou carroche, subst. fém., vx, italianisme (cf. G. Sand, Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, t. 1, 1858, p. 58), seulement attesté ds Guérin 1892. Même sens que le subst. masc.
Prononc. et Orth. : [kaʀ ɔs] ou [kɑ-]. [a] ant. ds Dub., Pt Lar. 1968 et Lar. Lang. fr., cf. aussi ds Nod. 1844 et Littré; [ɑ] post. ds Barbeau-Rhode 1930 (avec une demi-longueur) et ds Warn. 1968, cf. aussi ds Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787, Land. 1834, Gattel 1841, Fél. 1851 et DG; [a] ou [ɑ] ds Pt Rob. Pour Fouché Prononc. 1959, p. 85 : ,,L'[ɑ] ne fait que se survivre dans carrosse et dans ses dérivés : carrossable, carrossage, carrosser, carrosserie, carrossier``. Pour Grammont Prononc. 1958, p. 32 et pour Mart. Comment prononce 1913, p. 36 et 37 on prononce encore assez souvent ces mots avec [ɑ] post. Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787 et Gattel 1841 recommandent de prononcer r forte. Buben 1935, § 35 rappelle que les mots carrosse, colosse, molosse, rosse, grosse, etc. sont trop tardifs pour avoir pu participer à l'allongement (de o) résultant de la réduction de [ss] géminées. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. [1574 carroche fém. « voiture suspendue à quatre roues » (Bibl. Richel. ms. 10400 ds Gay)]; 1575 carrosse id. (Am. Jamyn, Œuv. Poét., L. I, Poeme de la Chasse, 71 rods Hug.); xvies.? [v. Cior. xvies. no13.228] carosse masc. (Vaux-de-Vire, éd. P. L. Jacob, p. 166 [J. Le Houx, XXXVII]); 1670 fig., fam. cheval de carrosse « homme sans esprit, brutal » (Molière, Le Bourgeois gentilhomme, II, 2); 1694 (avoir de quoi) faire rouler un carrosse « être riche » (Ac.); 2. 1819 [et non ds l'éd. de 1803 comme l'indique le FEW] mar. « logement du capitaine dans une galère » (Boiste). Empr. à l'ital. car(r)ozza, subst. fém. attesté au xvies. (Le Tasse ds Batt.), adaptation toscane de carossa issu, avec assibilation septentrionale, d'un type carroccia (d'où fr. carroche, supra), dér., avec suff. -occio, -a, de carro « char » (Devoto; v. aussi Rohlfs t. 1, § 275). Fréq. abs. littér. : 561. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 026, b) 1 468; xxes. : a) 537, b) 399.
DÉR. 1.
Carrossable, adj.[En parlant d'une route, d'un chemin, etc.] Qui est pratiquable pour une voiture tirée par des chevaux, ou pour une voiture automobile. Les cavaliers, au contraire, devaient arriver à la pierre-plate par un chemin qui tournait la montagne en sens inverse, était accessible aux chevaux et même carrossable pour une voiture de chasse, malgré sa raideur (Ponson du Terrail, Rocambole,t. 5, Les Exploits de Rocambole, 1859, p. 452).Rem. On rencontre ds la docum. un emploi plais., pour parler d'un avion. Rencontrer des nuages non carrossables (cf. Morand, Lewis et Irène, 1924, p. 117). [kaʀ ɔsabl̥] ou [kɑ-]. [a] ant. ds Passy 1914, Dub. et Lar. Lang. fr.; cf. encore Littré. [ɑ] post. ds Warn. 1968; cf. encore DG. [a] ou [ɑ] ds Pt Rob. Pour [a] ou [ɑ] cf. également carrosse. Ds Ac. 1878 et 1932. 1reattest. 1825 (Suppl. au dict. de l'Ac. ainsi qu'à la plupart des autres lex. fr., contenant les termes appropriés aux arts et aux sc., Paris); de carrosse, suff. -able*. Fréq. abs. littér. : 30.
2.
Carrossée, subst. fém.Vieilli. Nombre de gens que peut contenir un carrosse bien rempli; grand nombre de gens. Une carrossée de visiteurs (G. Sand, Monsieur Sylvestre,1866, p. 154).[kaʀ ɔse] ou [kɑ-] cf. carrosse. Ds Ac. 1798-1932. 1reattest. 1657 (Tallement des Réaux. Historiettes, 5, 293 [Monmerqué et Paris, 1856] ds Quem.), qualifié de ,,familier`` ds Ac. 1798, et de ,,vieux`` ds Ac. 1932; de carrosse, suff. -ée*.
BBG. − Fiche (une) de Radio-Canada. 101. Carrosse. Vie Lang. 1971, p. 217. − Gottsch. Redens. 1930, p. 51, 417. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 205, 207. − Hope 1971, p. 176. − Kohlm. 1901, p. 37. − Lyer (S.). Part. prés. actif avec le sens passif. Archivum romanicum. 1932, t. 16, p. 293 (s.v. carrossable). − Rog. 1965, p. 96. − Sar. 1920, p. 46. − Wind 1928, p. 155, 202.