| CARQUOIS, subst. masc. A.− Étui à flèches. Carquois de cuir; carquois sur l'épaule, au dos, en bandoulière; carquois (plein) de flèches. Apollon, faisant sauter sur ses épaules divines son carquois garni de flèches aiguës, descendit des cieux (Musset, Le Temps,1831, p. 47). − SCULPT. Motif décoratif en forme de carquois. − Loc. fig. 1. Vider son carquois. Lancer tous les traits dont on est capable. Avoir une (des) flèche(s) dans son carquois. Avoir un (des) trait(s) en réserve. Mourir sans vider mon carquois! / Sans percer, sans fouler (Chénier, Iambes, Hymne, 1794, p. 278): 1. Écrit une réponse au livre de François Porché; où je ne dis pas le dixième de ce que j'aurais à dire. C'est une flèche que je crains d'alourdir. Il est bon de laisser entendre qu'on en a d'autres dans son carquois. Au demeurant ce n'est pas contre Porché que je tire, et j'espère qu'on le comprendra.
Gide, Journal,1920, p. 868. 2. Rester au carquois (en parlant d'une œuvre littér.). Ne pas voir le jour : 2. La Révolution a déclenché contre elle un mouvement d'idées. Elle n'a pas déclenché de mouvement poétique. Ses Tragiques et ses Châtiments sont restés au carquois.
Thibaudet, Hist. de la litt. fr. de 1789 à nos jours,1936, p. 75. B.− P. ext. Étui destiné à contenir des objets de forme allongée. Deux prêtres portent chacun un carquois de trente-trois cierges éteints (J. et J. Tharaud, L'An prochain à Jérusalem!1924, p. 18). − Tout contenant de forme allongée. Je prendrai un crochet et un carquois d'osier, comme le vieux chiffonnier que je vois (Sue, Les Mystères de Paris,t. 1, 1842-43, p. 98). Prononc. et Orth. : [kaʀkwa]. DG transcrit la finale avec [a] post.; à ce sujet cf. Buben 1935, § 12 : ,,Il n'existe non plus aucune norme rigoureuse pour la prononciation de la finale -ois qui flotte entre les deux a et penche plutôt vers a antérieur, conformément à la loi générale. [...] Le DG seul prononce [wa] dans bourgeois, cacatois, carquois, chamois, danois, gaulois, grivois, guingois, matois, patois, pavois, putois, sournois, voix``. Ds Ac. 1694-1932. Ac. Compl. 1842 enregistre encore la vieille forme carquais. Étymol. et Hist. Ca 1170 tarchais (Wace, Rou, éd. H. Andresen, 3epart., v. 6512) − 1466 tarquait (Archives du Nord, B 3533, no125653 ds IGLF Litt.); 1213 carqais (Faits des Romains, éd. L.-F. Flutre et K. Sneyders de Vogel, t. 1, p. 509, 25) − 1430 carquais (Archives du Nord, B 6236, fol. 3 ds IGLF Litt.); 1296 carcois (Compte de Jehan Arrode d'apr. Jal, Archéol. navale, t. 2, p. 322 ds Gdf. Compl.); av. 1328 carquois (Ovide moralisé, éd. C. De Boer, VIII, 2078). Empr. au gr. médiév.
τ
α
ρ
κ
α
́
σ
ι
ο
ν « id. » (dans la mesure où celui-ci existait au xiies. ou auparavant), lui-même empr. au persan tīrkaš
« id. » (xes. chez Firdousi d'apr. FEW t. 19, p. 185a). En a. fr., la substitution d'un c- au t- semble due à une assimilation régressive, prob. favorisée par l'attraction de l'a. fr. carcois, carcan « carcasse » (Dauzat 1969). La terminaison -ois au lieu de -ais fait difficulté, au point de vue phonét.; elle pourrait être due soit à l'attraction de carcois (cf. supra), soit à une fausse régression d'orig. sav. (Fouché, p. 551). Fréq. abs. littér. : 146. Bbg. Lammens 1890, p. 78. − Sain. Lang. par. 1920, p. 255. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], pp. 106-108; t. 2 1972 [1925], p. 409. |