| CARNIER, subst. masc. Sac pour mettre le gibier : 1. Les trois ou quatre lapins qu'il avait tués faisaient au fond du carnier un tas de boue sanglante et de poils gris, horrible à voir. Il a pendu cette besace au mur, et tandis qu'il me parlait, je voyais à travers le réseau de cordelettes, parmi cette fourrure hérissée, un œil encore humide, très doux, qui me fixait.
Bernanos, Journal d'un curé de campagne,1936, p. 1123. Rem. La plupart des dict. gén. donnent le mot comme synon. de carnassière et certains aut. emploient indifféremment les 2 mots l'un pour l'autre dans le même cont. (cf. Taine, Notes sur Paris, Vie et opinions de M. F.-T. Graindorge, 1867, p. 268 et Châteaubriant, M. des Lourdines, 1911, p. 46). Mais Guérin 1892, DG, Ac. 1932, Rob. rendent le sens par « petite carnassière »; cf. en outre Duchartre 1973 : ,,Carnassière. Au début, désignait un sac à gibier plus grand que le carnier.`` Carnassière présente d'autre part un emploi spécifique dans le domaine de la pêche, à la différence de carnier. − P. métaph. : 2. Pourquoi lier en gerbes
Toutes ces peines.
C'est de la mauvaise herbe,
C'est plein de graines.
As-tu assez de peines
Dans ton grenier,
As-tu assez de haines
Dans ton carnier.
Péguy, Quatrains,1914, p. 538. Prononc. et Orth. : [kaʀnje]. Ds Ac. 1878 et 1932. Étymol. et Hist. 1762 (J. J. Rouss., Émile, IV ds Littré : Chargé de son fusil, de son carnier). Empr. à l'a. prov. carnier « gibecière » xiiies. (T. de Bonnefoy et de Blacas, Seigner Blacas ds Rayn.) lui-même issu du lat. carnarium « lieu où l'on conserve les viandes » (Plaute ds TLL s.v., 476, 76) puis « crochet où l'on suspend les viandes » (Moretum, 55, ibid., 476, 84) « gibecière » en lat. médiév. (sous la forme carneria « sac où l'on met la nourriture des faucons » av. 1250 Fridericus II lib. 2 De Arte venandi, cap. 47 ds Du Cange, s.v. carneria 1). L'aire géogr. du mot en fr.-prov. (Pat. Suisse rom.; cf. ex. de Rousseau; Guillemaut) Franche-Comté (Bauquier) rend plus probable l'hyp. d'une extension à partir du prov. que celle d'un empr. à l'ital. (DG; Brunot t. 6, p. 1238) attesté dep. la 2emoitié du xiiies. (Folgore da San Gimignano ds Batt.) et qui serait lui-même, d'apr. DEI, un empr. à l'a. provençal. Fréq. abs. littér. : 46. |