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CARNAVAL, subst. masc.
A.−
1. Période qui précède le Carême (de l'Épiphanie au mercredi des cendres) − notamment jours gras (dimanche, lundi et Mardi gras) − durant lesquels se déroulent des réjouissances publiques (mascarades, défilés de chars, batailles de confetti, etc.) ou semi-publiques (bals, etc.); p. méton., ensemble de ces réjouissances :
1. Les Italiens prétendent que notre carnaval vient de leur carnavale; que nous leur devons le mot et la chose. L'étymologiste Ducange dérive ce mot de carn-avale, parce que, dit-il, dans ce tems on mange beaucoup de viande pour se dédommager, à l'avance, des privations que le carême impose. Jouy, L'Hermite de la Chaussée d'Antin,t. 2, 1812, p. 61.
2. ... le carnaval se meurt en France. Ces files de voitures fermées qui marchent lentement, toute cette population parée qui sort de chez elle pour jeter un regard méprisant sur le peu de population qui paraît masquée dans les rues, le sérieux glacial qui règne sur tous les visages, tout indique que le temps du carnaval n'est plus une époque de divertissement populaire. Delécluze, Journal,1825, p. 125.
SYNT. Carnaval romain; carnaval de Nice, de Rio, de Venise (cf. Quinet, Allemagne et Italie, 1836, p. 153); chars, cortège, costumes, masques de carnaval.
Expr. En carnaval. En période de carnaval (cf. Apollinaire, Casanova, 1918, p. 970).Jeûner en carnaval. Vivre continuellement dans la misère (cf. Béranger, Chansons, Le Voisin, t. 1, 1829, p. 180).Faire carnaval. Fêter le carnaval (Pesquidoux, Le Livre de raison,1932, p. 81).
Rem. Carnaval figure dans des titres d'œuvres musicales : les fameuses variations [de Paganini] sur l'air du Carnaval de Venise (Coppée, La Bonne souffrance, 1898, p. 67); le carnaval de Schumann (cf. R. Rolland, Jean-Christophe, La Foire sur la place, 1908, p. 663), etc.
2. P. allégorie. Sa Majesté Carnaval ou Carnaval. Figure symbolique et grotesque promenée dans les cortèges de carnaval :
3. En Provence, le mercredi des Cendres, le mannequin de Caramentran (Carême-Entrant) était processionnellement promené, jugé, condamné, exécuté. En Bretagne, carnaval était enterré; en Normandie, brûlé avec charivari; dans les Charentes, Carnaval était brûlé ou noyé. R. Devigne, Le Légendaire de France,1942, p. 100.
P. anal., injure fam. (à l'adresse d'un animal). Vilain carnaval! (Genevoix, Rroû, 1931, p. 242); le traitant de vieux bouc, de grand carnaval et de charogne malade (Aymé, La Vouivre,1942, p. 30).
B.− P. ext. Bouffonnerie plus ou moins grotesque.
1. [P. réf. aux défilés de carnaval] Spectacle qu'offre une succession ou un pêle-mêle grotesque de personnes, de choses. Nos ministres (...) jouissent (...) d'un pouvoir éphémère, ils président (...) à des carnavals qu'ils ornent plutôt qu'ils ne les dirigent (Barrès, Mes cahiers,t. 5, 1906-07, p. 241):
4. La salle principale [de...] a été décorée par Jordaens d'une peinture insensée qui représente le triomphe de Frédéric-Henry; c'est un carnaval de viandes crues bon à jeter à la voirie; j'ai horreur de ce peintre! Du Camp, En Hollande,1859, p. 69.
[P. réf. à certains divertissements à huis clos du Carnaval] Partie débraillée et vulgaire de plaisir :
5. Ces chasses, c'est toujours comme ça, pour les messieurs. Vous voyez le carnaval d'ici. Dans le mitan de la nuit, la viande saoule monte l'escalier, eux débraillés, elles nues, ... Giono, Un de Baumugnes,1929, p. 100.
2. [P. réf. aux déguisements de carnaval]
a) [En parlant d'une pers.] Spectacle qu'offre son accoutrement ridicule :
6. Les femmes, jalouses, lui faisaient des yeux mauvais et ricanaient méchamment, se disaient de l'une à l'autre : − Elle est encore une fois fichue comme l'as de pique! Non, quelle dégaine! un vrai carnaval! Et Antoinette, insolente, triomphante, étalait sa robe violine et sa chevelure invraisemblablement échafaudée en coques monstrueuses. Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 85.
En carnaval. À la manière d'un masque de carnaval. Des nez et des mentons en carnaval (Erckmann-Chatrian, L'Ami Fritz,1864, p. 65).
b) [En parlant d'une chose] :
7. Gui Patin a aussi l'expression pittoresque, inattendue, la comparaison voyante; il y a un peu de carnaval jusque dans son sérieux. Sainte-Beuve, Causeries du lundi,t. 7, 1851-62, p. 114.
Prononc. et Orth. : [kaʀnaval]. Ds Ac. 1694-1932. Pour le plur. des carnavals, cf. Gramm. Ac. 1932, p. 21 et 22 : ,,Les noms en al (...) font leur pluriel en aux, sauf : bal, cal, carnaval, chacal, festival, pal, régal``. Étymol. et Hist. 1. 1268 wallon quarnivalle (Ord. du duché de Bouill., p. 3 ds Gdf. Compl.); 2. 1549 carneval « fête donnée pendant la période du carnaval » (M. de Navarre, Heptaméron, 3 ds Hug.). Empr. à l'ital. carnevalo, -le (xiiies. ds Batt.) altération, peut-être favorisée par le lat. Natale « Noël » (cf. P. Aebischer, v. bbg, p. 10) du lat. médiév. carnelevare (965 dans le Latium) bien attesté en Italie du Nord au xiies. (cf. article cité pp. 4-8) composé de carne « viande » et de levare soit au sens d'« ôter » (cf. le type concurrent en Italie carne laxare) soit par altération plaisante des formules jejunium levare « soutenir un jeûne » (ds Blaise) ou jejunium levare de carne « s'abstenir de viande » (ds Nierm.). L'attest. de 1268 pourrait être due à une relation locale avec des commerçants toscans (cf. FEW t. 2, p. 391b). Le sens premier aurait donc été « [entrée en] carême », puis « veille de l'entrée en carême » par une évolution sém. parallèle à celle de carême prenant. Fréq. abs. littér. : 435. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 737, b) 777; xxes. : a) 452, b) 531. Bbg. Aebischer (P.). Les Dénominations du Carnaval d'après les chartes ital. du Moy. Âge. Mél. Michaëlsson (K.) 1952, pp. 1-10. − Hope 1971, p. 175. − Kohlm. 1901, p. 37.