| CARENCE, subst. fém. A.− Absence, manque ou insuffisance importante (de quelque chose). Synon. déficience, pénurie : 1. ... se trouvera-t-il quelqu'un pour oser nier (...) les incroyables carences d'éducation dont souffrent certains parmi ceux qui entrent dans nos facultés?
G. Antoine, J.-C. Passeron, La Réforme de l'Université,1966, p. 126. − En partic. État d'une personne, d'une institution... qui manque à ses devoirs, se dérobe devant ses obligations ou est incapable d'assumer ses responsabilités. La carence du commandement : 2 ... j'évoque les malheurs qu'une armée mécanique (...) aurait pu, naguère, nous éviter. Alors, considérant la cause de l'impuissance qui nous en avait privés, c'est-à-dire la carence du pouvoir, je suis d'autant plus résolu à ne pas laisser entamer le mien.
De Gaulle, Mémoires de guerre,1956, p. 304. B.− Emplois spéc. 1. DROIT. a) [Dans une succession ou dans une saisie] Absence de biens meubles. ♦ Procès-verbal de carence. Document qui constate qu'il n'y a rien à saisir ou à inventorier (cf. Balzac, Les Paysans, 1844-50, p. 157). b) LÉGISL. SOC. Délai de carence. [À l'occasion d'une interruption ou d'un arrêt de travail] Délai pendant lequel le travailleur salarié ne perçoit pas les indemnités normalement servies par les assurances sociales. 2. MÉD. [En parlant d'un organisme] Absence ou insuffisance de certains éléments indispensables à son métabolisme, qui peut être due à un apport insuffisant ou à un défaut d'utilisation (d'apr. Méd. Biol. t. 1 1970). Carence alimentaire; carences organiques (cf. H. Camefort, A. Gama, Sc. nat., 1960, p. 246). ♦ Maladie de/par carence. Maladie causée par l'absence, dans l'organisme, de certains éléments indispensables à la nutrition des tissus. 3. PSYCHOL. (de l'enfant). Insuffisance ou absence de liens affectifs avec la mère ou son entourage familial. Carence affective; carence en soins maternels, carence familiale. Prononc. et Orth. : [kaʀ
ɑ
̃:s]. Ds Ac. 1798-1932. Étymol. et Hist. Ca 1450 « besoin » (Gréban, Mist. de la pass., 72, G. Paris ds Gdf.); xves. « manque absolu » (Repos de conscience, c. XXVII ds Gdf. Compl.); 1611 dr. carance de biens (Cotgr.); 1910 « état d'une personne qui manque à sa tâche » (Péguy, Victor-Marie, Comte Hugo, p. 733); 1920-24 maladie par carence (F. Widal, P.-J. Teissier, G.-H. Roger, Nouv. traité de méd., fasc. 7, p. 13). Empr. au b. lat. carentia « indigence, privation » (iiie-ives. Chalcidius ds TLL s.v., 448, 65). Fréq. abs. littér. : 85. DÉR. Carentiel, ielle, adj.a) Méd. Qui provient d'une carence. Trouble carentiel; maladie, xérophtalmie carentielle (cf. Quillet Méd. 1965).Qui présente une (des) carence(s). Régime carentiel (Morand, Aux confins de la vie,1955, p. 124).b) Psychol. Qui présente des carences affectives, éducatives, etc. Famille carentielle (Encyclop. pratique de l'éduc. en France,1960, p. 202).− [kaʀ
ɑ
̃sjεl]. Rob. Suppl. 1970 écrit : carentiel ou carenciel. − 1reattest. 1955 (Morand, loc. cit.); de carence, suff. -iel*. BBG. − Sigurs 1963/64, p. 55. |