| CARAPACE, subst. fém. A.− ZOOL. Revêtement dur qui couvre tout ou partie du corps de certains animaux. Le scarabée secouait sa lourde carapace (Dorgelès, Les Croix de bois,1919, p. 194). SYNT. La carapace du caïman, du crocodile, d'un crustacé, de la tortue; briser la carapace d'une écrevisse; rentrer sous sa carapace; épaisse, piquante, rugueuse carapace. − Emploi adj., rare. Il y a des peaux carapaces avec lesquelles le mépris n'est plus une vengeance (Baudelaire, Fusées,1867, p. 630). B.− P. anal. Toute enveloppe dure. Une carapace de boue, de calcaire; la carapace d'une armure, la carapace bétonnée d'un fort; carapace métallique. Mais l'astre [le soleil] eut le dessus, il fondit la carapace de verglas qui emprisonnait les choses, et la campagne apparut (Moselly, Terres lorraines,1907, p. 39). − Au fig. Carapace d'impénétrabilité, d'indifférence. Mais le degaulliste type est [le bourgeois français] qui oppose aux évidences les plus explosives ou les plus filtrantes le blindage de sa carapace de préjugés (L'Œuvre,21 janv. 1941) : Elle ne comprenait pas que son ami (...) avait souffert beaucoup (...) et que, dérobant en lui-même son individualité, il la tenait garantie sous une carapace rugueuse et piquante d'ironie et d'agression.
Gobineau, Les Pléiades,Livre II, 1874, p. 142. Rem. On rencontre dans la docum. a) Le verbe pronom. se carapacer. Se protéger. Le fanatique est souvent un douteur et un anxieux qui se carapace de dogme pour échapper à son angoisse (Mounier, Traité du caractère, 1946, p. 612). b) Carapacé, employé adj. Les bottes carapacées de boue (Hémon, Maria Chapdelaine, 1916, p. 50). Prononc. et Orth. : [kaʀapas]. Ds Ac. 1835-1932. Étymol. et Hist. 1688 « test protégeant le corps des tortues » (Oexmelin, Hist. des Avanturiers qui se sont signalez dans les Indes, p. 88 ds Boulan, p. 66 : carapace et plastron, les Espagnols les nomment carapache et palstron). Empr. à l'esp. carapacho « id. », attesté dep. le xvies. (d'apr. Breve Cor., var. caparacho due à l'infl. de capa « manteau » en 1560 d'apr. Cor., s.v. caparazón), d'orig. incert., prob. dér. du préroman *karapp-, dér. de la racine *kar(r)- « écale », dont la var. *kal- est à l'orig. de l'esp. galapago « tortue » (v. Cor. loc. cit., Hubschmid fasc. 1, pp. 22-33; FEW t. 21, 1, p. 262; J. Hubschmid ds Rom. Philol., t. 13, pp. 39-42; G. Alessio ds Atti del Reale Istituto Veneto, t. 100, pp. 441-445; v. aussi calebasse et caparaçon). Fréq. abs. littér. : 219. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 184, b) 277; xxes. : a) 346, b) 416. Bbg. Boulan 1934, p. 66. |