| CARACOLE, subst. fém.,CARACOL, subst. masc. A.− ÉQUIT. Succession de voltes ou de demi-voltes à droite et à gauche exécutée par un cheval. − En partic., ART MILIT, HIST. Manœuvre de cavalerie dans laquelle les cavaliers font demi-tour et reviennent à la queue du peloton après chaque charge (cf. G. d'Esparbès, La Soldate, 1905, p. 442). ♦ P. métaph. Je n'aime pas les Fontaines du désir [de Montherlant]. Il y a là de la caracole, de la piaffe (Gide, Journal,1927, p. 858). − P. ext. Cabriole. Ce farceur de Jacquot (...) que vous avez destitué, parce qu'il faisait des caracoles sur la charrette (Balzac,
Œuvres diverses,t. 1, 1850, p. 573). B.− P. anal. 1. ARCHIT. Escalier en caracol, en caracole. Escalier en colimaçon : On sent, vieil escalier construit en caracol,
Que ton hélice
Les a pris dans le ciel pour les jeter au sol
Avec délice!
E. Rostand, Le Vol de la Marseillaise,Guillaume à sa tour monte, 1918, p. 348. 2. TECHNOL. (mines). Outil à crochet horizontal et de forme courbe destiné à serrer les tiges cassées dans un trou de sonde afin de les retirer (cf. J.-N. Haton de La Goupillière, Cours d'exploitation des mines, 1905, p. 141). Rem. La forme masc. caracol (cf. ex. supra) n'est plus vivante; elle n'est pas mentionnée ds les dict. gén. du xxes., hormis ds Lar. Lang. fr., ni ds les éd. du dict. de l'Ac. de 1798 à 1932; certains dict. du xixes. l'enregistrent, DG, Guérin 1892 et Nouv. Lar. ill. précisent qu'elle est vieillie. Prononc. et Orth. : [kaʀakɔl]. Ds Ac. 1694 : caracol; ds Ac. 1718-1762 : caracole (en tant que terme d'équit.), caracol (en tant que terme d'archit.). Ds Ac. 1798-1932 uniquement : caracole. Étymol. et Hist. [Av. 1598 fr. des Pays-Bas caracolle « escargot » (Ph. de Marnix,
Œuvres, t. 1, p. 225 ds Herb., p. 62)]; 1. 1611 équit. caracol (Cotgr.) [Quem. atteste ce mot dep. fin xvies. ds les Oeconomies royales de Sully, mais cet ouvrage a été rédigé entre 1610 et 1617]; 1615 caragol (E. Binet, Merv. de nat., p. 145 ds Gdf. Compl.); 1648-52 caracole (Scarron, Le Virgile travesti, t. 5, 9134 ds Dub.-Lag.) [contrairement aux indications de FEW t. 2, p. 1005, A. Oudin, Seconde partie des Recherches ital. et fr., 1642 n'atteste que la forme caracol]; 2. 1675 archit. caracol (J.-H. Widerhold, Nouv. dict. fr.-all. et all.-fr., p. 169). Empr. à l'esp. caracol, proprement « escargot » (dep. 1400 d'apr. Cor.), attesté également aux sens 1 (dep. 1604 ds Gili) et 2 (dep. le xvies. d'apr. Al.), d'orig. incert. : − peut-être issu par métathèse du type cacalaou, cagarol, attesté ds les dial. du sud-est et du sud-ouest de la France, et qui serait issu du croisement du lat. conchylium « coquille » avec le gr. κ
α
́
χ
λ
α
ξ « petit caillou de lit de rivière » (v. FEW t. 2, pp. 1004-1006; v. aussi escargot) − ou encore dér. de la racine préromane *kar- « coquille, écale » qu'on trouve à l'orig. de carapace* (cf. dénominations ibériques de l'escargot sur lesquelles s'appuie J. Hubschmid ds Rom. Philol., t. 13, 1959-60, p. 39). L'hyp. de REW3, no7658 qui fait remonter l'esp. caracol et le fr. escargot* au lat. scarabaeus n'est pas vraisemblable. Celle qui fait de caracol le descendant d'un dér. du lat. cochlea « escargot » (Leite de Vasconcellos ds Revista Lusitana t. 2, 1890-92, p. 364; Schuchardt ds Sitzungsberichte der Akademie der Wissenschaften, Philosophisch-Historische Klasse, t. 141, 1899, p. 33; Brüch ds Z. rom. Philol., t. 57, 1937, pp. 592-593) se heurte à de grandes difficultés. Fréq. abs. littér. Caracole : 4. Bbg. Bruneau (C.). N. créés au moyen du suff. -ment. In : [Mél. Orr (J.)]. Manchester, 1953, p. 27. − Gossen (C. T.). Zur lexikalen Gliederung des pikardischen Dialektraumes. In : [Mél. Wartburg (W. von)]. Tübingen, 1968, t. 2, p. 137. − Herb. 1961, pp. 62-63. − Lammens 1890, p. 75. − Rigaud (A.). Les Racines de la débauche. Déf. Lang. fr. 1970, no51, pp. 10-12. − Rupp. 1915, pp. 50-51. − Sain. Sources t. 2 1972 [1925], p. 96. |