| CARABINÉ, ÉE, adj. Familier A.− [En parlant de choses] 1. MAR. [En parlant du vent, p. réf. à la manière de se battre des carabins (cf. carabiner1)] Intermittent, soudain et violent : 1. ... une rafale de vent, (...) vint soulever et faire écumer les lames courtes, comme une brise que les marins appellent carabinée qui frappe tout à coup et fait souvent chavirer les embarcations, ...
Lamartine, Raphaël,1849, p. 149. 2. Le tableau d'Isabey (...) donne la sensation d'un vent qui dépassant la « forte » brise, doit atteindre à la bise « carabinée ».
J. de La Varende, Jean Bart pour de vrai,1957, p. 119. 2. Qui est particulièrement fort, violent. a) [Le plus souvent en parlant de choses pénibles] On s'attend à une baisse carabinée à la Bourse (Vie parisienne,1868ds Larch. 1872, p. 76): 3. − ... il [le marquis] a droit à une scène carabinée de la comtesse, avec coups de cravache, engueulade...
L. Daudet, Phryné,1937, p. 28. SYNT. Une gifle carabinée; une grippe carabinée; des douleurs carabinées; un scandale carabiné; une déveine carabinée; un vent carabiné. − P. ext. Difficile : 4. « Ah! c'est une entreprise carabinée, je l'avoue, et d'une exécution d'autant moins facile que je me suis interdit sévèrement de compter sur l'intelligence ou la longanimité de mes auditeurs. »
Bloy, Journal,1895, p. 176. b) Non péj. [En parlant d'un alcool ou de ses effets] Un grog carabiné (A. Daudet, Jack,t. 1, 1876, p. 243).Quand j'ai un peu bu, c'est mauvais. Quand j'ai pris une cuite carabinée (...), je me sens saint (Green, Chaque homme dans sa nuit,1960, p. 282).[En parlant de propos] Bien senti. [En parlant d'une plaisanterie] Salé : 5. « Le cordonnier poëte Bochart vient de le lui reprocher en vers carabinés. » (Leguillois.).
Larchey, Dict. hist. d'arg.,1878, p. 80. B.− Rare [En parlant d'une pers.] 1. Péj. Qui est extrêmement pénible. Un vieux raseur carabiné (L. Daudet, Le Stupide XIXes.,1922, p. 187). 2. Non péj. Qui est de première force. Ce sportman, un ringueur carabiné (É. Villars, Les Précieuses du jour,1866, p. 24). Étymol. et Hist. 1687 mar. brise carabinée (Desroches, Dict. des t. propres de Mar., p. 82 d'apr. R. Arveiller ds Mél. Franck, pp. 11-18); d'où 1836 en gén. carabiné « très fort » (Th. Gautier d'apr. Lar. Lang. fr.). Part. passé adjectivé de carabiner « souffler violemment » (1826, Mozin-Biber d'apr. FEW t. 11, p. 290), d'abord « souffler par saccades » (1771, Schmidlin, Catholicon d'apr. Behrens ds Z. fr. Spr. Lit., t. 23, 2epart., p. 19), lui-même transposé à partir du sens « tirailler à la manière des carabins » (carabiner*). Fréq. abs. littér. : 13. Bbg. Rupp. 1915, p. 50. |