| CAQUE, subst. fém. A.− Récipient ressemblant à une barrique où l'on empile les harengs salés. Une caque de harengs (Ac. 1798-1932) : 1. Tous chantent en chœur :
Pâques fleurit en Jésus-Christ,
Poissonnières videz vos caques
C'est aujourd'hui samedi
C'est demain Pâques...
P.-L. Menon, R. Lecotte, Au village de France,t. 1, 1954, p. 61. − P. métaph. et iron. Le village obèse (...) est une caque de petits propriétaires serrés et aplatis les uns sur les autres (Bloy, La Femme pauvre,1897, p. 242). − Loc. fam. Être rangés, (serrés), (pressés) comme harengs en caque. [En parlant de pers. ou de choses pressées les unes contre les autres] Sur la plate-forme nous étions serrés comme harengs en caque (Queneau, Exercices de style,1947, p. 130). − Proverbe. La caque sent toujours le hareng. Quels que soient le rang ou le degré de fortune atteints, l'origine, la mauvaise éducation, la vulgarité arrivent à percer sous les apparences. Une vraie Wallstein, celle-là! Elle a beau être baptisée... La caque sent toujours le hareng (A. France, Monsieur Bergeret à Paris,1901, p. 184). B.− P. ext., TECHNOL. 1. Baril, tonneau pour mettre le suif fondu pour la chandelle coulée, la poudre, le salpêtre. Une caque de poudre (Ac. 1798-1835). 2. P. anal. Fourneau cylindrique pour fondre la cire. 3. Région. (Champagne). Grand panier, récipient de bois servant à transporter les vendanges : 2. Deux vendangeurs soutenant une caque de soixante kilos par une perche glissée dans les deux anses, afin de passer le lourd panier haut sur les ceps, sortirent de la vigne...
Hamp, Vin de Champagne,1909, p. 136. Prononc. et Orth. : [kak]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. a) Ca 1264 caque masc. « barril où l'on empile les harengs salés » (Cartulaire de l'abbaye St Corneille de Compiègne, 2, 310 ds Bambeck Boden, p. 40); b) 1389 p. anal. quaque de vernis (Invent. de Rich. Picque, p. 58 ds Gdf. Compl.); 1397 kaque fém. (Invent. de meubl. de la Mairie de Dijon, A. Cote-d'Or, ibid.); 1405-1449 caque (masc.) de vin (Tourn. d'un bourg. de Paris, p. 175, ibid.); cf. 1680 (Rich. : Caque. Quelques uns font ce mot féminin, mais la plupart des habiles gens et des personnes qui se servent de caque le font masc.); régulièrement fém. dep. Ac. 1718; v. aussi Brunot t. 4, p. 801. Prob. empr. à l'a. nord. kaggi, kaggr et aussi kakki « tonneau » De Vries Anord. (De Gorog, p. 277; EWFS2; v. aussi Valkh., p. 86) que l'on trouve dans le composé vinkaggr « petit tonneau de vin » (v. De Vries, s.v. kaggi; Falk-Torp, s.v. kagge et kag). Il est probable qu'à partir du mil. du xives. le mot a été rapproché de caquer*; cependant l'hyp. d'une dér. régr. de ce verbe (Behrens D., p. 60; REW3, no4647; FEW t. 16, p. 296b; Bl.-W.5; Dauzat 1972) fait difficulté du point de vue chronol. L'hyp. d'un empr. au néerl. kaak est écartée par Valkh., p. 86, ce mot n'étant attesté ds Kiliaen, Etymologicum Teutonicae linguae, 1599 que par une leçon douteuse. Fréq. abs. littér. : 14. DÉR. Caquette, caquète, subst. fém.Sorte de baquet dans l'eau duquel les marchands gardent le poisson vivant. Attesté ds la plupart des dict. gén. du xixes. ainsi que ds Lar. 20eet Quillet 1965; présent ds Ac. 1798-1932.− Dernière transcr. ds DG : kà-kèt'. Écrivent caquette Fér. 1768, Fér. Crit. t. 1 1787 (var.), Besch. 1845; écrivent caquète Fér. 1787 (var.), Land. 1834, Nod. 1844, Fél. 1851, Littré. − 1reattest. 1677 (Miège, A new dictionary french and english d'apr. FEW t. 16, p. 295 b); de caque, suff. -ette*. BBG. − Behrens D. 1923, p. 61. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 95, 99; t. 2 1972 [1925], p. 96. |