| CAPTIF, IVE, adj. A.− [En parlant d'une pers., d'une collectivité, de leur comportement] Qui est privé de liberté pendant une période plus ou moins longue. 1. [La privation de liberté a pour origine une capture notamment pour faits de guerre] a) Qui est retenu prisonnier à l'étranger pour une durée indéterminée. Emmener qqn captif; princesse captive, flotte captive. La délivrance du peuple captif (Dict. de théol. cath.t. 4, 1repart., 1920, p. 1002): 1. As-tu pensé quelquefois à un soir de triomphe, quand les légions rentraient, que les parfums brûlaient autour du char du triomphateur et que les rois captifs marchaient derrière?
Flaubert, Correspondance,1846, p. 206. − Par hypallage : 2. Le prêtre se souvint que, dans le monastère,
Une fois, en tremblant, on se parla tout bas
D'un prisonnier d'État que l'on ne nommait pas;
(...)
Et de ses jours captifs sous un masque cachés.
Vigny, Poèmes antiques et modernes,La Prison, 1837, p. 159. − En partic., HIST. Qui est fait prisonnier, retenu en esclavage par les Musulmans. Racheter les chrétiens captifs (Ac. 1835, 1878). − P. métaph. : 3. Ordener. (...) Qui sait si les âmes délivrées de leur prison matérielle ne peuvent pas quelquefois revenir veiller sur les âmes qu'elles aiment, commercer mystérieusement avec ces douces compagnes encore captives...
Hugo, Han d'Islande,1823, p. 493. b) Emploi subst. Délivrer un captif; belle, jeune captive. − P. méton.
Œuvre représentant une personne privée de liberté, généralement chargée de chaînes. Sur une table que supportaient des captifs liés par les coudes, sculptés (T. Gautier, Le Roman de la momie,1858, p. 309). 2. [La privation de liberté est le fait de circonstances partic.] Qui est retenu prisonnier dans un lieu déterminé pour différentes raisons (maladie, travail, dette), en particulier dans un lieu fermé qui prive de liberté d'action ou de mouvement : 4. « Je vous écris, madame, de cette belle rade de Gênes où nous sommes captifs sur notre bateau pour deux jours [à cause du choléra]; ... »
J.-J. Ampère, Correspondance[avec Mme Récamier], 1834, p. 56. − Emploi subst. Captives de harem (J. Lorrain, Sensations et souvenirs,1895, p. 28).Le nombre de ces captifs volontaires [les oblats] fut considérable (Huysmans, L'Oblat,t. 1, 1903, p. 175). − P. anal. [En parlant d'un animal, d'une partie de son corps, de son comportement, d'une plante] Qui est prisonnier de l'homme, d'un élément, d'un obstacle naturel. Oiseau captif, bêtes captives. Aile de passereau captive dans la glu (Genevoix, La Boue,1921, p. 176).Une marche de lion en cage, (...) captive (A. Arnoux, Roi d'un jour,1956, p. 292). ♦ Emploi subst. : 5. À Phœbé, sur sa mésange...
O ma blanche Phœbé, donne d'un doigt prudent
Le millet et l'eau pure à ta frêle captive.
A. France, Clio,1900, p. 86. B.− Emplois fig. 1. [En parlant d'une pers.] Littér. Être captif de qqn, de qqc. Bientôt nous sommes captifs de la lecture (Valéry, Variété 4,1938, p. 149). − Emploi abs. Il aime, voyez-vous? c'est un captif (Balzac, Modeste Mignon,1844, p. 287). 2. [En parlant d'une chose] a) [D'une chose concr.] Littér. Qui ne peut pas se mouvoir, se déployer librement. L'océan libre, (...) l'eau captive dans le bassin du port (R. Martin du Gard, Les Thibault,La Belle saison, 1923, p. 1046). − Usuel, AÉRON. [Ballon] captif. Aérostat relié au sol par un câble et ne pouvant ainsi s'élever au-delà d'une certaine hauteur (cf. L. Marchis, Leçons sur la nav. aérienne, 1904, p. 188).Il chiffrait (...) 1422 ascensions! Sans compter celles en « captif » (Céline, Mort à crédit,1936, p. 455). b) [D'une chose abstr.] Retenu par des liens abstraits, moraux. Vérité captive. Le succès [de Folantin], longtemps captif, se déchaîne (Bloy, La Femme pauvre,1897, p. 140). Prononc. et Orth. : [kaptif], fém. [-iv]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1450 subst. « tombé au pouvoir de qqn qui le prive de sa liberté » (Viel Testament, 8143, A.T. cité par Delboulle ds R. Hist. litt. Fr., t. 6, p. 293 : Puisque vous estes noz captifs); 1450 adj. (Id., 39450, ibid. : En Ninive sommes captis); 2. 1488 fig. (La Mer des Histoires, I, 18c, édit. 1491 cité par Vaganay ds Rom. Forsch., t. 32, p. 25 : âme captive, prisonnière, maleureuse ou mortifiée); 1671 « qui se laisse dominer par un sentiment, une passion » (Pomey); 1675 (Bossuet, La Vallière ds Littré : L'âme, devenue captive du plaisir, devient ennemie de la raison). Empr. au lat. captivus 1 adj. dep. Plaute ds TLL s.v., 371, 15; subst. dep. Naevius, ibid., 34, 50; 2 empl. fig. Sénèque, ibid., 373, 57 surtout en lat. chrét., St Augustin, ibid., 373, 71; a supplanté au sens de « prisonnier » chétif*, de formation pop. qui, dès lors, s'est spécialisé au sens de « malheureux ». Fréq. abs. littér. : 1 184. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 938, b) 1 809; xxes. : a) 1 639, b) 1 425. Bbg. Flutre (L. F.). De Qq. termes de la lang. comm. R. Ling. rom. 1961, t. 25, p. 286. |