| CAPTER, verbe trans. [Le suj. comme l'obj. désignent une pers., un animal, parfois un inanimé] A.− 1. Prendre, s'emparer par des moyens concrets de différente nature. Les feuilles mortes (...) captaient ces rayons dans leurs voiles de rosée nocturne (J. de Lacretelle, Les Hauts ponts,t. 3, 1935, p. 183).Ils prenaient les lièvres, les biches, (...) captaient les grives à l'appeau (J. de La Varende, Contes fervents,La Prisonnière, 1948, p. 55). − P. anal. a) ÉLECTR. Capter le courant (électrique). L'intercepter à l'aide d'appareils appropriés, en vue de son utilisation (cf. A. Soulier, Les Gdes applications de l'électr., 1916, p. 144). b) TECHN. AUDIO-VISUELLES (disque, photo, radio, télév., téléphone). Recevoir, recueillir, fixer des sons, des images, des ondes à l'aide d'appareils récepteurs spéciaux. Capter certains messages par T.S.F. (Van der Meersch, Invasion 14,1935, p. 491). c) TRAV. PUBL. Recueillir l'eau d'une source ou d'un cours d'eau et la conduire par des canalisations vers un endroit déterminé, en vue de son utilisation. Le canal d'irrigation (...) capte la Durance pour arroser une partie de la Crau (P. Rousseau, Hist. des transports,1961, p. 201). − P. métaph. : 1. − Prends garde. Tu te fies trop à ta force. Torrent des montagnes. (...) Un artiste doit capter son génie; il ne lui permet pas de s'éparpiller, au hasard. Canalise ta force.
R. Rolland, Jean-Christophe,Le Buisson ardent, 1911, p. 1409. − P. ext. S'emparer d'autres éléments naturels (vent, lumière, force des marées, etc.) par divers moyens pour les utiliser. Capter la chaleur solaire (Zola, Travail, t. 2, 1901, p. 230). 2. DR. Obtenir des biens (donation, legs, dot, etc.) par la ruse. Comme elle s'entend (...) à capter les héritages! (Flaubert, La 1reÉducation sentimentale,1845, p. 154). B.− Au fig. 1. Dans le domaine des sens.Percevoir, sentir, saisir avec les sens : 2. L'espace est plein de vibrations, de rayons, que nos sens ne peuvent percevoir, mais que captent les antennes des insectes.
Gide, Feuillets d'automne,1949, p. 312. − Dans le domaine artistique.Saisir et représenter le réel dans une œuvre artistique : 3. L'univers, elle l'avait pourtant capté dans ses poèmes où Venise, Sorrente, la Sicile nous semblaient plus chaudes et plus odorantes que dans le réel.
Mauriac, Journal 1,1934, p. 36. 2. P. ext. Chercher à gagner, conquérir une personne ou un être divin, une de ses facultés, souvent pour obtenir quelque chose en retour. Capter l'attention, la bienveillance, la confiance de qqn. Attirer à soi l'opinion publique, (...) capter les voix de ce parterre imbécile (Balzac, Le Cabinet des antiques,1839, p. 20).Professeur (...) doué pour capter ses auditeurs (L. Febvre, Combats pour l'hist.,1906-52, p. 353). 3. Saisir intellectuellement, intérieurement; s'emparer d'une chose abstraite. Capter le bonheur (Mauriac, Journal 1,1934p. 8).Ma cousine (...) capte les pensées d'autrui comme on attrape des papillons avec un filet (Green, Journal,1945, p. 201). Rem. On rencontre ds la docum. le dér. captacule, subst. masc. Sorte de tentacule filiforme et extensible, chez les scaphopodes (cf. J.-M. Pérès, La Vie dans l'océan, 1966, p. 106). Prononc. et Orth. : [kapte], (je) capte [kapt]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. xves. « gagner d'une manière insinuante » (Juv. des Ursins, Chron., an. 1388 ds Gdf. Compl. : Capter la benevolence); 1690 (Fur. : ,,vieux mot écorché du Latin dont on se servoit autrefois pour parler d'un Orateur, qui dans son exorde tâche à gagner la bienveillance de ses auditeurs``), cependant recensé ds la lexicogr. dès le xviieet le xviiies.; p. ext. 1762 (Ac. : Capter les suffrages de quelqu'un); 1935 capter une donation, un legs (ibid.); 2. 1863 « recueillir au moyen de tranchées ou d'aqueducs, les eaux d'une ou de plusieurs sources » (Littré). Empr. au lat. captare « chercher à saisir » attesté dep. Plaute ds TLL s.v., 376, 78; spéc. captare benevolentiam, Rhet. Her., 1, 4, 6, ibid., 378, 9; captare testamenta, Horace, ibid., 378, 2. Fréq. abs. littér. : 226. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 118, b) 86; xxes. : a) 254, b) 659. Bbg. Guiraud (P.). Le Ch. morpho-sém. du mot tromper. B. Soc. Ling. 1968, t. 63, p. 100. − Schuchardt (H.). Trouver. Z. rom. Philol. 1904, t. 28, p. 44. |