| CAPILOTADE, subst. fém. A.− GASTR. Ragoût fait de restes de volailles ou de viandes déjà cuites. Capilotade de volaille, de perdrix. B.− P. anal. 1. Mise en pièces de manière à produire une impression de mélange confus, de gâchis. Nous avons demandé des cigarettes aux Allemands sur les routes d'un pays en capilotade (R. Fallet, Banlieue sud-est,1947, p. 113): 1. Penché à la portière du wagon, Durtal plongeait directement dans l'abîme (...) Seigneur! si l'on déraillait! Quelle capilotade! se disait-il.
Huysmans, La Cathédrale,1898, p. 23. 2. Mise en pièces, produite par des coups et blessures. a) Faire une capilotade de qqn. Le mettre en pièces, le mettre à mal. b) En capilotade − Mettre qqn en capilotade. Le mettre en pièces, le rouer de coups, le malmener rudement. ♦ Au fig. Déchirer quelqu'un, médire de lui sans ménagement. Cette sainte femme qui, (...) se mettait elle-même en capilotade et se donnait des torts (Balzac, Les Secrets de la princesse de Cadignan,1839, p. 355). − Avoir (une partie du corps) en capilotade. Être couvert de blessures, de coups. [Après l'éclatement de la bombe] Athanase Georgevitch avait le nez et les joues en capilotade (G. Leroux, Rouletabille chez le tsar,1912, p. 138). ♦ Fam. Avoir les pieds, la tête en capilotade. Éprouver une grande fatigue; avoir très mal à la tête : 2. Dimanche. − J'ai cessé de lire vers deux heures du matin, quand la rue a retrouvé son calme. Ceux qui ont fait la noce n'ont pas la tête plus en capilotade que moi.
Frapié, La Maternelle,1904, p. 218. Prononc. et Orth. : [kapilɔtad]. Une forme cabirotade est transcrite ds DG : kà-bi-rò-tàd'. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1542 capilotaste « sorte de sauce épaisse à base de viande finement hachée » (Livre fort excellent de cuysine, p. 11r. d'apr. A. Vollenweider ds Vox rom., t. 22, p. 409); 1555 capilotade. (Id., éd. de 1555, 6 vods Hug.); d'où p. ext. 2. 1610 « toute chose ou personne hachée menu » (Beroalde de Verville, Voyage des princes fortunez, p. 429, [ici d'une pers.], ibid.); d'où 1622 fig. « écrit déchiré par les critiques » (Courval, Sonnet, Satyres p. 9 ds Gdf. Compl.). Empr., prob. par l'intermédiaire de l'ital.(qui a fortement influencé leLivre fort excellent de cuysine) et du cat. (attesté dep. 1494, Libre de doctrina pera ben servir, per mestre Robert, v. A. Vollenweider, loc. cit., pp. 409-410), à l'esp. capirotada « préparation à base d'herbes, d'œufs, d'ail, etc., destinée à recouvrir d'autres mets », attesté dep. av. 1343 (J. Ruiz d'apr. Cor. t. 1, s.v. capa), dér. p. métaph. de capirote « capuchon », lui-même empr. au gasc. capirot « id. » (v. Palay), dér. de capa « manteau » (v. cape) avec suff. -ariu + -ottu et réduction gasc. de -ier- à -ir- (v. Cor., ibid.). Le mot cabirotade que l'on trouve chez Rabelais (1535, Gargantua, éd. R. Calder, p. 131) est un mot différent qui signifie « grillade de chevreau » et est dér. du gasc. cabirot « chevreau » (v. EWFS2; cf. cabirou « chevreuil » ds Lespy-Raym.). Fréq. abs. littér. : 12. Bbg. Brault (G. R.). Early hispanisms in French. Rom. Philol. 1961/62, t. 15, p. 131. − Herb. 1961, p. 62. − Nyrop t. 1 1967, p. 63. − Ringenson (K.). Les N. de la chèvre en fr. St. neophilol. 1957, t. 29, p. 26. − Rupp. 1915, p. 243. − Sainéan (L.). Rabelaesiana. R. des ét. rabelaisiennes. 1912, t. 10, p. 474. − Sain. Sources t. 3 1972 [1930], p. 350. − Schmidt 1914, p. 32. − Vollenweider (A.). Der Einfluß der italienischen auf die französische Kochkunst im Spiegel der Sprache. Vox rom. 1963, t. 22, pp. 409-410. |