| CAPACITÉ, subst. fém. A.− Aptitude à contenir; quantité, volume de matière ou d'énergie, qui peut être contenu ou stocké dans un contenant. La capacité d'un muid; un tonneau d'une grande capacité : 1. Au haut de ces rocs, au fond du bois, il paraît que l'on a autrefois coupé des pierres : les angles que ce travail a laissés ont été arrondis par le temps; mais il en résulte une sorte d'enceinte formant à peu près la moitié d'un hexagone, et dont la capacité est très-propre à recevoir commodément six ou huit personnes.
Senancour, Obermann,t. 2, 1840, p. 60. 2. Disons enfin qu'en sucrerie, les chaudières à déféquer sont en tôle ou en cuivre à double fond, chauffées par la vapeur directe à 5 atmosphères et qu'en général elles ont une capacité de 15 à 20 hectolitres.
J. Rouberty, Manuel de sucrerie,1922, p. 50. 1. Domaines particuliers a) [Capacité est précédé d'un autre subst. qui le spécifie] MÉTROL. Mesures de capacité. Récipients servant à mesurer les liquides et les matières granulées. b) [Capacité est suivi d'une détermination (adj. ou compl. prép.) qui précise la nature du contenant] − AGRIC. Capacité au champ. Teneur en eau du sol qui a subi les pluies et qui s'est ensuite ressuyé. − ANTHROPOL. Capacité crânienne. Volume de la cavité interne de la boîte crânienne. − ÉLECTR. Capacité d'un accumulateur, d'un condensateur, d'un conducteur. − MAR. Capacité en balles. Volume des compartiments situés sous le pont et réservés aux marchandises. Capacité en grains (Lar. encyclop., Le Clère 1960). − PHYSIOL. Capacité pulmonaire vitale. ,,Volume maximal d'air inspiré après une expiration forcée ou volume maximal d'air expiré après une inspiration forcée`` (Méd. Biol. t. 1 1970). 2. P. métaph. [En parlant de l'esprit] Aptitude à contenir, à recevoir : 3. Peu d'esprits sont spacieux; peu même ont une place vide et offrent quelque point vacant. Presque tous ont des capacités étroites et occupées par quelque savoir qui les bouche.
Joubert, Pensées,t. 1, 1824, p. 173. 4. L'opium agrandit ce qui n'a pas de bornes,
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Et de plaisirs noirs et mornes
Remplit l'âme au delà de sa capacité.
Baudelaire, Les Fleurs du Mal,1857-61, p. 80. − P. personnification. Être qui est capable de contenir (un autre être) : 5. Divin amant, (...) bien que je ne sois rien qu'une capacité de te recevoir, qui n'est plus vide, c'est toute chose pour moi d'être sûre que nulle part tu ne trouveras pour ton élue une autre qui soit la même tout à fait.
Claudel, Poésies diverses,Éros et Psyché, 1952, p. 313. Rem. Ces vers, trad. du poète angl. Coventry Patmore (1823-96), sont censés être adressés par Psyché à Éros; ils font réf., pour le sens de capacité, à l'emploi théol. du xviies. « Aptitude de l'âme à recevoir et à contenir Dieu dans l'union spirituelle »; l'âme en tant qu'elle peut contenir Dieu. Cf. ce passage de Bérulle (1575-1629) : Jésus-Christ est une capacité divine des âmes et il leur est source d'une vie dont elles vivent en lui (cité ds Bremond, Hist. littér. du sentiment relig. en France, t. 3, 1921, p. 664). B.− [Souvent avec un déterminant indiquant le siège ou la nature ou le domaine d'application de la capacité] Aptitude à faire quelque chose. 1. [En parlant de l'homme] Souvent au plur. Capacité(s) humaine(s); capacité de l'homme; capacité(s) d'abstraction, de résistance : 6. La nature m'a doué d'une force essentiellement passive. Je suis contemplatif par essence, et c'est à l'examen des choses que se bornent mes capacités.
Gobineau, Les Pléiades,1874, p. 10. 7. Comme le dit Dostoiewsky de la façon la plus rigoureusement juste : « la raison n'est que la raison et ne satisfait que la capacité humaine de raisonner, tandis que la volonté est la manifestation de toute la vie humaine, y compris la raison et tout ce qui la tracasse...»
Ruyer, Esquisse d'une philos. de la struct.,1930, p. 348. 8. Les organismes les plus grands, les plus puissants, les plus influents en raison même du secteur d'activité auquel ils appartiennent, détiennent un pouvoir économique et un pouvoir sans épithète qui est fonction de leur capacité d'être informés et d'informer.
Perroux, L'Écon. du XXes.,1964, p. 441. a) Spéc., DR. Capacité juridique, civile, politique, etc. Aptitude d'une personne à jouir de certains droits ou à les exercer : 9. Les hypothèques conventionnelles ne peuvent être consenties que par ceux qui ont la capacité d'aliéner les immeubles qu'ils y soumettent.
Code civil,1804, p. 384. 10. Article 104.
L'Organisation [des Nations Unies] jouit, sur le territoire de chacun de ses membres, de la capacité juridique qui lui est nécessaire pour exercer ses fonctions et atteindre ses buts.
La Charte des Nations Unies,1946, p. 103. ♦ Avoir capacité pour. Avoir l'autorité légale pour. − DR. COMM. Aptitudes requises pour l'exercice d'un commerce. Capacité en matière de chèque; capacité en matière d'ordres de Bourse. b) P. méton. − ADMIN. UNIVERSITAIRE. Capacité en droit. ,,Diplôme conféré par les Facultés de Droit après deux années d'étude à des étudiants de qui le baccalauréat de l'enseignement secondaire n'est pas exigé`` (Cap. 1936); cf. aussi Encyclop. pratique de l'éduc. en France, 1960, p. 213. − Au plur. (Les) capacités. Gens compétents, de savoir : 11. Sa voix trouvait des accents sublimes pour faire appel à tous les partis politiques : légitimistes, toutes les capacités, savants, ingénieurs, artistes, industriels, banquiers et poètes, et conviait à ce grand banquet de la civilisation tous les ouvriers et tous les paysans.
A. France, La Vie en fleur,1922, p. 515. Rem. Ce dernier emploi semble vieilli; d'où les guillemets dans l'ex. suiv. : 12. ... rares furent les « capacités » qui se rangèrent sous ma bannière.
De Gaulle, Mémoires de guerre,1954, p. 83. 2. P. anal. a) [En parlant d'une activité de l'homme] La capacité de production et de vente (J.-A. Lesourd, C. Gérard, Hist. écon., XIXeet XXes.,t. 1, 1968, p. 17). − ÉCON. Capacité de production. ,,Quantité ou volume maximum de marchandises qu'une entreprise peut produire si tout son matériel et tout son personnel sont employés à plein rendement`` (Pujol 1970). b) BOT. ,,Faculté que possède le corps d'une plante d'acquérir, au terme de son développement, une dimension déterminée dans des conditions extérieures constantes. Capacité de ramification, nutritive, propagative`` (Gatin 1924). Prononc. et Orth. : [kapasite]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) 1314 « propriété de contenir une certaine quantité de qqc. » (H. de Mondeville, La Chirurgie, éd. A. Bos, § 156); b) 1890 électr. (Lar. 19eSuppl.); 2. a) 1371-75 « aptitude à comprendre ou à faire qqc. » (Raoul de Presles, Cité de Dieu, 18, 35, éd. 1531 ds R. Hist. litt. Fr., t. 6, p. 292); b) 1690 dr. « aptitude légale » (Fur.). Empr. au lat. class. capacitas (dér. de capax, capace*) « id. » Fréq. abs. littér. : 1 109. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 749, b) 674; xxes. : a) 770, b) 2 399. Bbg. Décisions relatives au lang. sc. Déf. Lang. fr. 1967, no39, p. 42. − Gohin 1903, p. 293. |