| CANONIQUE, adj. et subst. fém. I.− Adjectif A.− HIST. RELIG. 1. Conforme aux canons de l'Église. Présider, après le jugement canonique, les débats civils (Huysmans, Là-bas,t. 2, 1891, p. 104).Quel moyen canonique auroit-on en France de procéder à la déposition d'un évêque ouvertement hérétique? (Lamennais, De la Religion,2 part., 1826, p. 24). − Âge canonique. Âge requis par le droit canon pour l'exercice de certaines fonctions; en particulier, âge minimum de quarante ans à partir duquel, une femme peut entrer au service d'un ecclésiastique. ♦ P. méton. [En parlant d'une pers.] Qui a l'âge canonique. Vieux chanoine servi par une servante mafflue, moustachue et canonique, qui sent la cuisine mijotée (A. Arnoux, Pour solde de tout compte,1958, p. 79). ♦ P. ext. et fam. Âge relativement avancé impliquant maturité et respectabilité. [Mes invités] (...) ont presque tous l'âge canonique, cela ne tire pas à conséquence pour eux (Proust, La Prisonnière,1922, p. 222). − P. ext. Conforme aux règles liturgiques : 1. Pendant deux jours, Traquet dut remplir son calice de vin blanc ordinaire. Il n'était pas très sûr que l'emploi de cette piquette fût canonique. Le tonneau avait pu être soufré. En classe, j'en fis la remarque à l'abbé.
− Oh! répondit-il, il ne faut tout de même pas être trop pointilleux. Le vin de votre père vient directement du producteur.
H. Bazin, Vipère au poing,1948, p. 180. 2. Relatif aux canons de l'Église. Droit canonique. Synon. droit canon* : 2. Le droit canonique du Moyen Âge qui représentait une combinaison complexe des règles empruntées à l'Écriture Sainte et aux Pères de l'Église d'une part, au droit romain d'autre part, se trouve doublement rationalisé quant à son contenu (par l'intervention des juristes, formés dans les universités et par le droit romain), tandis que sa source reste mystique.
Traité de sociol.,1968, p. 182. 3. Qui entre dans la composition du canon, de la collection officielle des livres saints. Livres, Évangiles canoniques : 3. Je constate qu'au ivesiècle le concile de Laodicée, donnant la liste des livres saints, décrétait : « On ne doit lire dans l'Église d'autres livres que les écritures canoniques de l'Ancien et du Nouveau Testament. »
M. Boegner, Foi et vie,1936, p. 110. − P. anal. Qui est contenu dans le recueil des textes inspirés bouddhiques, brahmaniques (cf. Philos., Relig., 1957, p. 5214). B.− Conforme à un canon, à une norme reconnue. 1. B.-A. Conforme aux canons de la beauté. Las de la « beauté caractériste » moderne certains esthéticiens se retournent vers la beauté canonique (C. Mauclair, De Watteau à Whistler,1905, p. 49). 2. MATH. Qui a les qualités d'un canon, d'une norme dominante. Forme, équation canonique : 4. La science de l'incertitude, Paris, 1959. Les modèles proposés par Gibbs comportent évidemment des hypothèses, mais ces systèmes dits canoniques possèdent un module qui a les propriétés de la température.
Hist. gén. des sc.,t. 3, vol. 1, 1961, p. 90. II.− Subst. fém., PHILOS. La canonique. Ensemble des règles de la logique (dans la philosophie d'Épicure) : 5. ... il n'y a pas d'idées nécessaires et absolues; il n'y a que des idées contingentes et relatives. Telle est la canonique d'Épicure, sa théorie de la raison humaine.
CousinCours d'hist. de la philos. mod.,t. 2, 1847, p. 192. Prononc. et Orth. : [kanɔnik]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1250 subst. « droit des prémisses que l'on payait aux évèques en Orient » (Ass. de Jérus., I, 30 ds Gdf. Compl.), attest. isolée; 2. 1321 adj. « conforme aux canons de l'Église » droit canonique (A.N. JJ 60, fo106 ro, ibid.); 1546 « conforme à la règle, régulier » (Rabelais, Tiers Livre, éd. Marty-Laveaux, t. 2, p. 148); 1783 age canonique « âge requis par les règles pour les gouvernantes des ecclésiastiques » (Restif de La Bretonne, Les Contemporaines du commun, p. 145); 3. 1847 subst. fém. philos. canonique d'Épicure, supra ex. 5. Empr. au lat. canonicus « conforme aux règles, régulier » (mus. canonica ratio « théorie de l'harmonie », Vitruve ds TLL s.v., 275, 26), chez les auteurs chrétiens, en parlant des textes sacrés (St Jérôme, ibid., 275, 38) et en parlant des règles ecclésiastiques (Grégoire, ibid., 275, 80); le lat. est également attesté au sens de « relatif à une redevance, à un impôt » (ives. ds TLL s.v., 276, 2). Le lat. est lui-même empr. au gr. κ
α
ν
ο
ν
ι
κ
ο
́
ς « relatif aux règles [en musique, grammaire, astronomie] »; cf. au sens 3 de canonique, le gr. τ
ο
̀
κ
α
ν
ο
ν
ι
κ
ο
́
ν désignant la logique dans la philosophie d'Épicure (Diogène Laërce ds Liddell-Scott). Fréq. abs. littér. : 103. DÉR. Canonicité, subst. fém.,théol. [En parlant de livres saints] Reconnaissance officielle fixant l'appartenance d'un livre au canon des livres inspirés. Le livre [le IVeÉvangile] fut écrit avant l'an 100, c'est-à-dire à une époque où les synoptiques n'avaient pas encore une pleine canonicité (Renan, Hist. des orig. du Christianisme,Vie de Jésus, 1863, p. LXXV).− [kanɔnisite]. Ds Ac. 1762-1932. − 1reattest. av. 1704 (Bossuet, Projet. ds Littré); de canonique (lat. canonicus), suff. -ité*. − Fréq. abs. littér. : 1. |