| CAMOUFLET, subst. masc. A.− Lang. commune 1. Rare. Espièglerie consistant à souffler, avec un cornet de papier allumé, la fumée au nez d'un dormeur. Ce laquais dormait, on lui donna un camouflet (Ac.1835-78). − P. méton., arg. Objet qui dégage de la fumée, chandelier (F. Vidocq, Les Voleurs,1836, p. 53). 2. Au fig., usuel. Affront blessant. Donner, essuyer, recevoir un camouflet. Une grève dans une entreprise est encore considérée le plus souvent comme un camouflet pour la direction (J.-D. Reynaud, Les Syndicats en France,1963, p. 150). B.− TECHN. MILIT., GUERRE DES MINES 1. Vx. Donner un camouflet. Souffler de la fumée vers la mine d'un adversaire pour l'étouffer. 2. Fourneau (cavité) de mine creusée pour détruire une galerie souterraine adverse. Les sapeurs creusaient fébrilement, sous la menace des camouflets (Genevoix, Les Éparges,1923, p. 80). Prononc. et Orth. : [kamuflε]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) xves. chault moufflet « fumée épaisse que l'on souffle malicieusement au nez de quelqu'un avec un cornet de papier enflammé » (Bibl. de l'Ecole des chartes, 1resérie, t. 3, p. 459 ds Littré); 1611 chaumouflet, camouflet (Cotgr.), sens qualifié de ,,vieux`` par Lar. 20e; b) ca 1545 chault moufflet « pet » (Sottie du roy de Sots, éd. Emile Picot, Sotties, t. 3, p. 220), rare; c) 1752 milit. donner un camouflet (Trév.); 1863 « fourneau de mine dont l'effet est d'enterrer le mineur assiégeant dans les déblais dont il est subitement environné » (Littré); d) 1836 arg. « chandelier » supra; 2. 1680 fig. « affront » (Jean Oudart Richesource, Le Camouflet des auteurs d'apr. Cioranescu 17et. 3, no59558), qualifié de ,,familier`` dep. Ac. 1718. Issu de chault (chaud*) mouflet p. substitution du préf. ca- (caboche*) à l'adj., peut-être à la faveur d'une forme normanno-picarde caut-; mouflet « souffle », peut se déduire du wallon moufler « enfler ses joues » (Grandg.) dér. de moufle « gros visage aux traits épais [aux joues gonflées comme pour souffler] » (1536, Rouen ds Sotties, éd. E. Picot, t. 3, p. 48) en usage en norm. (Moisy); le sens 2 dériverait plutôt de 1b que de 1 a; cette hyp. semble préférable du point de vue sém. à celle de FEW t. 16, pp. 574b-575a qui considère chault mouflet comme composé de mouflet-moufle « gifle » (terme dial. relevé en Forez; cf. liégeois mofler « gifler », Haust et donner sur la moufle « gifler », Fur. 1690) extension de sens de moufle « visage épais ». Moufle est prob. empr. à l'all. Muffel, v. muffle. Fréq. abs. littér. : 19. Bbg. Sain. Arg. 1972 [1907], p. 86. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 91; t. 2 1972 [1925], p. 320; t. 3 1972 [1930], p. 335. |