| CAMELOTE, subst. fém. A.− Au sing. 1. Fam. Marchandise caractérisée par sa qualité médiocre, son peu de valeur ou son apparence trompeuse. Ce marchand ne vend que de la camelote (Ac.1878-1932) : 1. Ce règne de la camelote, du toc, du clinquant aura comme conséquence d'inonder le marché de meubles où la dorure galvanique empâte les bronzes, ...
J. Viaux, Le Meuble en France,1962, p. 161. ♦ P. métaph. Une revue de camelote artistique du nom de Poésia (Gide, Journal,1905, p. 152): 2. Ce qu'il [Stendhal] débite vit, vivra et fera vivre. Sa camelote étincelante et singulière excitera bien des têtes philosophiques.
Valéry, Variété 2,1929, p. 124. − Loc. De camelote. a) [En parlant d'un inanimé concr.] Médiocre, factice et sans valeur. Ces cachemires de camelotte qu'on fabrique en France (Huysmans, Les Sœurs Vatard,1879, p. 316). b) [En parlant d'une pers., d'un inanimé abstr.] Faux et illusoire. Eh, que m'importe, après tout, ce vicomte de camelote! (P.-J. Toulet, Mon amie Nane,1905, p. 151).Je n'ai pas écrit à May, notre intimité de camelote ignore les échanges épistolaires (Colette, L'Entrave,1913, p. 195). 2. P. ext., pop. Marchandise quelconque. Ces engins ne sont pas faits pour le pays où nous sommes (...) À part ça, c'est de la bonne camelote (Giono, Les Grands chemins,1951, p. 51). ♦ P. métaph. Grosse camelote. Personne rude, mal dégrossie : 3. ... il faut me fourrer dans l'esprit que j'ai affaire à « la crème de Ménilmontant », que ces enfants sont « de la grosse camelote ». Personne, ici, n'a de prétention à la suavité.
Frapié, La Maternelle,1904, p. 61. − En partic. a) Arg. milit. Équipement du soldat, matériel militaire : 4. ... chacun se consacre à sa « camelote » et s'acharne à la mettre en ordre. Triste camelote, en effet. Tout ce qui est fabriqué pour le soldat est commun, laid, et de mauvaise qualité, ...
Barbusse, Le Feu,1916, p. 196. b) Arg. des voleurs. Marchandise volée (cf. Hogier-Grison, Les Hommes de proie, Le Monde où l'on vole, 1887, p. 299). B.− Fam., au sing. ou au plur., rare. Objet, article de qualité médiocre, bon marché et souvent d'apparence trompeuse. Des camelotes de bois de rose (Huysmans, Marthe,1876, p. 109). Prononc. et Orth. : [kamlɔt]. Ds Ac. 1878 et 1932. Var. camelotte ds Besch. 1845 et ds Lar. 19eà côté de camelote. Étymol. et Hist. 1. 1751 reliure à la camelotte « reliure à bon marché » (Encyclop. t. 2) − 1851, Land.; 2. a) 1790 arg. « butin du voleur » (Le Rat du Châtelet ds Sain. Sources arg. t. 1, p. 339); b) 1800 « mauvaise marchandise » (Boiste); c) 1800 « toute marchandise » (P. Leclair, Hist. des brigands et assassins d'Orgères, Chartres [1800] ds Sain. Sources arg. t. 2, p. 93 : Marchandise, la camelotte). Prob. dér. p. apocope de camelotier*. Fréq. abs. littér. : 72. DÉR. Cameloter, verbe intrans.a) Fabriquer des produits de peu de valeur. Chacun se croit universel, (...) inaugure des méthodes nouvelles en contradiction avec l'expérience, se rattrape en camelotant, ignore les principes essentiels du métier (F. Fillon, Le Serrurier,1942, p. 39).b) Fam. Vendre sur la voie publique (cf. M. Stéphane, Ceux du Trimard, 1928, p. 188).− [kamlɔte]. − 1reattest. a) ca 1821 « marchander » (Le Jargon ou Lang. de l'arg. réformé pour l'instruction des bons grivois, p. 5), 1849 « marchander, vendre » (Halbert ds Larch. 1880); b) 1845 « fabriquer de mauvaises marchandises » (Besch.); a de camelot2* ou de camelote, dés. -er; b de camelote, dés. -er. BBG. − George (K.E.M.). L'Emploi anal. de qq. noms d'étoffes ds le domaine gallo-rom. In : [Mél. Boutière (J.)]. Liège, 1971, p. 270 (et s.v. cameloter). − Le Breton Grandmaison. Comment parlent les relieurs. Vie Lang. 1961, p. 437. − Rigaud (A.). La Vraie Cour des Miracles. 3. Vie Lang. 1969, p. 92. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 152, 283. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 348; t. 3 1972 [1930], p. 58. |