| CAMARADERIE, subst. fém. Lien existant entre camarades, fondé sur un esprit de solidarité et d'entr'aide plus ou moins profond, et qui se manifeste par des relations empreintes d'une certaine familiarité : 1. ... il avait découvert dans les tranchées les joies d'une camaraderie qui supprimait les barrières sociales; ...
S. de Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 179. ♦ Expr. Sur un pied de camaraderie : 2. Admise aux jeux du petit Henri, elle [Philomène] se mit avec lui sur un pied de camaraderie avec cet esprit d'égalité absolue qui est chez les enfants.
E. et J. de Goncourt, Sœur Philomène,1861, p. 14. A.− [L'idée dominante est celle de solidarité ou d'aide] :
3. Ils sont partis, laissant un souvenir d'entrain, de confiance dans le sol, et des regrets à tous vos foyers... Ils ont acquis ce bien, ils y manient l'outil. Quand vous l'avez appris, aucun de vous qui ne se soit senti grandi de cette camaraderie, de cette solidarité de métier avec eux.
Pesquidoux, Le Livre de raison,1932, p. 52. 4. Un effort comme celui que je tente appelle la plus vaste communion humaine, une immense camaraderie.
Romains, Les Hommes de bonne volonté,1932, p. XVI. − Vieilli, souvent péj. Entente existant entre des personnes qui ont des intérêts communs et qui se soutiennent. Il [Barrès] évita les camaraderies littéraires et politiques (Blanche, Mes modèles,1928, p. 28): 5. La plupart des liaisons de société, la camaraderie, etc., tout cela est à l'amitié ce que le sigisbéisme est à l'amour.
Chamfort, Maximes et pensées,1794, p. 45. B.− [L'idée dominante est celle de familiarité] Une répugnance brusque l'envahit pour cette banale camaraderie des demi-tasses et des petits verres (Maupassant, Pierre et Jean,1888, p. 310): 6. ... dans nos lettres, le ton de camaraderie que nous prenions depuis toujours servait à voiler tout autre sentiment plus intime.
Abellio, Heureux les pacifiques,1946, p. 365. − P. ext. Manière simple, familière de se conduire : 7. Autant l'accueil du duc de Guermantes était, quand il le voulait, aimable, empreint de camaraderie, cordial et familier, autant je trouvai celui du prince compassé, solennel, hautain.
Proust, Sodome et Gomorrhe,1922, p. 655. Prononc. et Orth. : [kamaʀadʀi]. Ds Ac. 1835-1932. Étymol. et Hist. 1671 camaraderie « familiarité qui existe entre camarades » (Mmede Sévigné, Lettres, éd. M. Monmerqué, Paris, 1862, t. 2, pp. 294-295). Dér. de camarade*; suff. -erie*. Fréq. abs. littér. : 294. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 99, b) 333; xxes. : a) 501, b) 684. |