| CAMAIL, subst. masc. HABILLEMENT A.− ART MILIT. Pièce de mailles portée sur ou sous le casque et protégeant le cou et les épaules (cf. Leloir 1961). − P. ext., HÉRALD. ,,Lambrequin couvrant le casque et l'écu`` (DG). B.− Petit manteau couvrant les épaules jusqu'à la ceinture, que portent les dignitaires ecclésiastiques (évêques, etc.) dans les cérémonies; pèlerine à capuchon que le clergé porte en hiver. Camail de soie violette; des prélats (...) en camails pourpre à fourrure d'hermine (Malègue, Augustin,t. 2,1933, p. 320);être en camail et en rochet : 1. ... il se voyait petit prêtre, dans le préau du séminaire, un jour de pluie... dans la haute salle aux décors de damas cerise, devant Sa Grandeur en camail et en rochet...
Bernanos, Sous le soleil de Satan,1926, p. 245. C.− Vêtement d'homme ou de femme, court, sans manches, muni ou non d'un capuchon. Les pèlerins (...) sous leurs camails à coquilles (T. Gautier ds Lar. 19e) : 2. Comme sortie de bal, [elle avait] une sorte de camail en cachemire bleu brodé d'or et doublé en satin blanc.
Benoit, L'Atlantide,1919, p. 216. − P. méton., rare. Capuchon du camail. Mes yeux ombragés du camail de l'étude (Vigny, Les Destinées, La Bouteille à la mer, 1854, p. 181). − P. ext. 1. ,,Capuchon garni d'un masque de toile métallique destiné à préserver les apiculteurs des piqûres d'abeilles`` (Leloir 1961). 2. Régional a) ,,Chapeau excentrique, extravagant`` (Bél. 1957) : ,,as-tu vu le camail qu'elle avait à la messe ce matin?`` (Bél.1957). b) ,,Capeline d'enfant, qui se porte l'été`` (Canada 1930). 3. Camail de cheval. ,,Partie de la housse des chevaux de luxe (...) qui couvre la tête et l'encolure`` (Lar. 20e) : 3. Fontenier, en nage, sauta à terre et tendit les rênes au palefrenier qui rhabilla le cheval en sueur d'un camail noir et or, aux couleurs de la Cour.
Morand, Fin de siècle,1957, p. 25. Prononc. et Orth. : [kamaj]. Ds Ac. 1694-1932. Les noms en -ail font leur plur. en -aux, sauf camail, détail, épouvantail, gouvernail, mail, poitrail, portail, rail et sérail. Au plur. des camails. Étymol. et Hist. 1. Fin xiie-début xiiies. « tissu de mailles protégeant le cou et les épaules » (Raimbert de Paris, Ogier le Danois, 11455 ds T.-L., s.v. chamail : De la coife a les clavains descosus, Sus les caveus est li camaus fendus); 2. 1548 « courte pèlerine à petit capuchon » (R. Estienne, Dictionariolum puerorum latinum, gallicum, germanicum, Zürich d'apr. Lar. Lang. fr.); 1549 (Est.); 3. 1596 « espèce de manteau de femme avec capuchon » (Hulsius, Dict. fr.-alemand et alemand-fr., Noribergae). Empr. à l'a. prov. capmalh, capmail au sens 1, xiies. (Raimbaud de Vaqueiras, Leu sonetz ds Rayn.); dér. régr. d'un verbe *capmalhar « revêtir la tête d'une cuirasse » (EWFS2; Bl.-W.5; DEI) cf. l'a. fr. maillié « formé de mailles (en parlant d'un haubert) », xiies. (Enéas, 4416 ds T.-L.) et l'a. prov. malhar « fabriquer des armures de mailles » attesté plus tardivement (ca 1240 Donat provençal ds Levy Prov.); cette hyp. est préférable du point de vue morphol. à celle d'une formation de capmalh à partir d'un gallo-roman *capimaclium (Brüch ds Z. rom. Philol., t. 49, p. 315 et t. 55, p. 453). Fréq. abs. littér. : 30. Bbg. Brüch (J.). Bemerkungen zum französischen etymologischen Wörterbuch E. Gamillschegs. Z. fr. Spr. Lit. 1927, t. 49, p. 315. |