| CAGNOTTE, subst. fém. A.− VITIC., région. Petite cuve utilisée dans certains départements du sud de la France pour écraser le raisin. Rem. Attesté ds la plupart des dict. du xixes. ainsi que ds Lar. 20e, Lar. Lang. fr. et Quillet 1965. B.− P. anal., JEUX. Récipient (cassette, corbeille, plateau, etc.) destiné à recevoir l'argent que les joueurs paient dans des circonstances convenues. La cagnotte des jeux; mettre, verser de l'argent dans la cagnotte. 1. P. ext. a) Caisse commune d'une association, d'un cercle ou de tout autre groupe de personnes, alimentée par des cotisations, des amendes, des dons... Fonder, entretenir une cagnotte. Notre temps de crise n'est pas favorable aux clubs; ils ont (...) des cagnottes déficientes (Morand, Londres,1933, p. 201). b) Rare. Boîte, cassette, qui renferme les économies d'une personne, d'une famille : ... refermant sur son dos la porte comme un agent de police venant saisir la cagnotte d'une lorette, il [Coriolis] passait l'inspection de tous les recoins de l'atelier...
E. et J. de Goncourt, Manette Salomon,1867, p. 197. 2. P. méton. a) Somme d'argent recueillie dans une cagnotte; fonds d'une association, d'un cercle de jeu. Ces Jupillons entretenus par des femmes (...) par la cagnotte de cercles de filous (E. et J. de Goncourt, Journal,1889, p. 904). b) Argent économisé petit à petit. Folcoche trichait, lésinait maintenant sur tout. Elle se constituait une cagnotte (H. Bazin, Vipère au poing,1948, p. 241). c) Péj., arg. Bénéfice illicite. Il fait sa petite cagnotte (...) il (...) se débrouille en faisant des queues aux zéros (A.-L. Dussort, Des Preuves d'une existence,ms. dép. par G. Esnault en 1938, 1927, p. 89). Prononc. et Orth. : [kaɳ
ɔt]. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1. a) 1801 (J. B. Pujoux, Paris à la fin du XVIIIes., 55 ds Quem. Fichier : plateau sur lequel [...] on met les jetons pour le prix des cartes); b) 1855 « somme d'argent » (Sinaudin Delacour et Moraud, Le Gendre de M. Pommier, 3, 9 ds Quem.); 2. 1838 (Ac. Compl. 1842 : Cagnotte. Petit cuvier pour fouler la vendange). Empr. au prov. cagnoto qui dans l'Agenais est attesté au sens de « petite cuve utilisée pour la vendange » (Chesn. 1857) prob. à rattacher au prov. cagn, cagno, cagni « chienne » (Mistral; cf. fr. cagne1*; FEW t. 2, p. 185a; Sain. Lang. par., p. 320) v. cagne1dont les dérivés ont servi à désigner divers objets (FEW, loc. cit.) de même que le mot de chien* (FEW, loc. cit., p. 195a); l'hyp. d'une formation sur l'a. prov. cana « mesure de capacité » (Pansier t. 3, p. 34; Pt Levy), v. canne, est satisfaisante du point de vue sém. mais fait difficulté des points de vue phonét. et morphol., le prov. cana ayant pour dimin. caneto ou canete « petite mesure, récipient » (Mistral). Fréq. abs. littér. : 17. Bbg. Quem. 2es. t. 2 1971, p. 10. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 65. − Tremaud (H.). Les Fr. jouent aux quilles. Paris, 1964, p. 136. |