| CADRAN, subst. masc. A.− Surface plane carrée disposée verticalement ou horizontalement sur laquelle sont gravés ou peints les chiffres des heures sur lesquels le soleil (ou la lune) projette l'ombre d'un style. Cadran solaire ou, absol. cadran, cadran lunaire : 1. Quand vers 1600 apparurent les premières « montres », il s'agissait dans la plupart des cas, de petits cadrans solaires portatifs.
E. von Bassermann-Jordan, Montres, horloges et pendules,1964, p. 102. − P. métaph. : 2. Puis il prit une poignée d'herbe, essuya soigneusement la lame de sa faux, et, ayant considéré le soleil qui marquait cinq heures du soir au cadran du ciel d'été, il quitta le champ pour aller fermer sa maison.
R. Bazin, Le Blé qui lève,1907, p. 270. B.− P. ext. 1. Surface de formes diverses divisée en heures et minutes où se déplacent des aiguilles indiquant l'heure. Il regarde l'heure au cadran lumineux de son bracelet-montre (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 166). ♦ Loc. Faire le tour du cadran. Dormir douze heures de suite. ♦ P. métaph. : 3. Attendons l'heure du sacrifice en travaillant à autre chose. Elle finit toujours par sonner; mais ne perdons pas notre temps à la chercher sans cesse au cadran de la vie.
Maeterlinck, La Sagesse et la Destinée,1898, p. 159. − Arg. Tête. Qué qu' t'as donc dans le cadran? (Esn.1966). 2. Surface portant des divisions ou des repères devant lesquels se déplacent soit des aiguilles indiquant les variations d'une grandeur (pression, vitesse, intensité), soit un système de repérage. Cadran d'un baromètre, d'une boussole, d'un appareil téléphonique : 4. Dans le procédé électromagnétique, la surveillance de chaque séparateur et des multiples cadrans qui permettaient de contrôler son fonctionnement avait été confiée à des jeunes filles du Tennessee.
Goldschmidt, L'Aventure atomique,1962, p. 43. 3. SYLVICULTURE. ,,Série de fentes transversales rayonnant du centre à la circonférence dans les vieux arbres malades et donnant au tronc, lorsqu'il est coupé transversalement, l'apparence d'un cadran`` (DG). PRONONC. : [kadʀ
ɑ
̃]. Fouché Prononc. 1959, p. 89 relève l'oppos. cadran, avec [a] ~ cadre, avec [ɑ]. Pour Mart. Comment prononce 1913, p. 34, en revanche, ,,l'a (de cadran) reste plus ou moins fermé [post.] en devenant prétonique``. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Fin xiiies. [date de l'œuvre] « cercle gradué servant à mesurer la hauteur du soleil ou d'une étoile » (Jean Chapuis, Tresor, éd. M. Méon, Rose, t. III, p. 394 [v. E. Langlois, Les mss du Roman de la Rose, p. 61] : Tu es le cadran et l'equerre De la divine vision); xiiies. au propre quadrant (Hyst. du bon roy Alix., Mus. Brit., R.D. 1, fo9a, ibid.) − 1431 (Laborde, Les ducs de Bourgogne, no918 dans Gay); 2. a) 1340 « surface portant des divisions correspondant aux heures du jour et sur lesquelles le soleil vient projeter l'ombre d'un style » (d'apr. FEW t. 2, 2, p. 1392a, s.v. quadrans); cf. 1356 (Mandev., ms. Did., fo24 rodans Gdf. Compl.); b) 1443 « plaque circulaire dans les montres, les horloges où sont marquées les heures et les minutes » (Compte, S. Amé, A. Nord, ibid. : Le quadran dudit orloge); d'où 3. p. anal. a) av. 1589 cadran de la mer « boussole » (Palissy, 132 dans Littré); d'où « surface plane, divisée et graduée » baromètre à cadran (Lar. 19e); b) 1777 agric. « série de fentes dans les vieux arbres partant du centre » (Encyclop. Suppl. t. 3, p. 836a, s.v. maladie).
Empr. au lat. class. quadrans « quart (de l'as) » désignant une mesure de poids, de longueur, de temps; réinterprété tardivement par fig. étymol. pour désigner un cadran solaire de forme carrée. STAT. − Fréq. abs. littér. : 341. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 313, b) 635; xxes. : a) 586, b) 489. BBG. − Pamart (P.). La Mesure du temps. Vie Lang. 1971, p. 250. − Rommel (A.). Die Entstehung des klassischen französischen Gartens im Spiegel der Sprache. Berlin, 1954, p. 20. |