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CABRIOLET, subst. masc.
A.− Voiture légère et rapide munie d'une capote mobile, le plus souvent montée sur deux roues et tirée par un seul cheval :
1. Ces malles étaient des cabriolets à deux roues, tapissés de cuir fauve au dedans, suspendus sur des ressorts à pompe, et n'ayant que deux places, l'une pour le courrier, l'autre pour le voyageur. Hugo, Les Misérables,t. 1, 1862, p. 293.
SYNT. Chercher, appeler, arrêter un cabriolet; prendre un cabriolet, monter en/dans un cabriolet, descendre d'un cabriolet; la capote, les brancards, les roues d'un cabriolet, un cheval de cabriolet; cabriolet de maître, de poste, de louage, de place, de régie, de remise; cabriolet Milord.
P. métaph. :
2. − Sire, dit le comte de Solern, les fatigues du jeu de paume, votre travail à cette forge, la chasse et, dois-je le dire, l'amour, sont des cabriolets que le diable vous donne pour aller plus vite à Saint-Denis. Balzac, Le Secret de Ruggieri,1837, p. 296.
P. méton., rare. [Sur une diligence ou une malle-poste] Compartiment ouvert et peu confortable (cf. coupé) :
3. Assis à côté du courrier dans le cabriolet qui surmonte le fourgon plein de dépêches, enveloppé dans mes burnous, emporté au galop de quatre chevaux, silencieux et triste, je regardais les paysages et je les trouvais laids. Du Camp, Mémoires d'un suicidé,1853, p. 205.
P. ext. Voiture automobile décapotable :
4. L'auto, un fort cabriolet huit cylindres, couleur havane, laminait sous ses larges pneus les flaques de boue, en jaillissements sales. Van der Meersch, L'Empreinte du dieu,1936, p. 7.
B.− P. anal.
1. [De forme et/ou de fonction]
a) FOND. Petit chariot employé autrefois dans les fonderies pour transporter les bouches à feu.
Rem. Attesté dans Littré, Lar. 19eSuppl. 1878, Lar. 20e, DG, et repris dans Quillet 1965.
b) Arg. Ils [les chiffonniers] ont bientôt rempli leur hotte que la plupart d'entre eux appellent mannequin et par dérision cabriolet (M. La Berthaud, Les Français peints par eux-mêmes,Le Chiffonnier, 1841, p. 338).
Fichier mobile :
5. ... il [André] passait des journées charmantes de labeur et de flâne... regardant curieusement par les fenêtres d'un ministère situées vis-à-vis des siennes l'intérieur des bureaux... des cabriolets pleins de fiches, des amas de dossiers énormes. Huysmans, En ménage,1881, p. 121.
[P. antiphrase, en réf. à l'attelage d'un cabriolet] Cordelette à nœuds ou chaînette terminée par deux morceaux de bois servant à lier les poignets des personnes arrêtées et conduites en prison :
6. Bonnenfant de sa poche avait sorti le cabriolet : la morsure froide de l'acier meurtrit les poignets du braco. Genevoix, Raboliot,1925, p. 209.
P. métaph. :
7. Il éleva son poignet droit en l'air. « Tu ne la vois pas, mais tiens; moi, je la sens, là, la menotte, la vie m'a passé le cabriolet. » Aragon, Les Beaux Quartiers,1936, p. 286.
2. [De forme; p. réf. à celle de la capote du cabriolet] En cabriolet. En forme de cabriolet.
Chapeau en cabriolet, chapeau(-)cabriolet ou cabriolet. Chapeau de femme, parfois d'enfant, dont les bords s'évasent par-devant :
8. J'oubliais de dire que de longues anglaises encadraient ses joues de leurs spirales d'or et qu'elle était coiffée d'une capote de velours ou de paille d'Italie, selon la saison, qui s'appelait, je crois, un cabriolet et qui avançait de manière à lui cacher entièrement le profil. A. France, Le Petit Pierre,1918, p. 227.
Fauteuil en cabriolet, fauteuil cabriolet ou cabriolet. Fauteuil léger à dossier cintré. Quelles ottomanes! Quels fauteuils à poches, à cartouches, en cabriolet, en confessionnal! (E. et J. de Goncourt, Journal,1888, 753).
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [kabʀijɔlε]. Pour yod de passage, cf. cabriole. 2. Forme graph. − On trouve la forme abrégée cabrio dans L. Rigaud, Dict. de l'arg. mod., 1881, p. 66, et dans H. Kjellman, Mots abr. et tendance d'abrév. en fr., 1920, p. 40.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1755 mars « voiture légère qui cabriole » ([G. Mailhol.] Le Cabriolet, roman annoncé par Grimm, Corr. Litt. 2, p. 505 dans Quem.); 1755, 15 juill. (Lettre de Walpole à Mann, ibid.); 2. p. anal. 1757 « coiffure » (Grimm, op. cit., 3, 444, ibid.); 3. 1866 « cordelette terminée par un morceau de bois, pour maintenir les malfaiteurs » (A. Delvau, Dict. de la lang. verte); p. ext. 4. 1872 « petit chariot employé dans les fonderies » (Littré Suppl.); 5. 1928 « carrosserie d'automobile fermée, transformable en voiture ouverte » (Lar. 20e). Dér. du rad. de cabrioler*; suff. -et*.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 559. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 310, b) 1 293; xxes. : a) 586, b) 212.
BBG. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 3. − Goug. Mots t. 1 1962, p. 206. − Rétif (A.). Affiquets et falbalas. Vie Lang. 1971, p. 458, 461.