Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
CABRIOLE, subst. fém.
A.−
1. Souvent au plur. Bond léger, folâtre. Faire des cabrioles. Synon. gambade :
1. ... je me sentais si léger, si joyeux et si plein d'enthousiasme que je poussais des cris et faisais des cabrioles... T. Gautier, Tra los montes,Voyage en Espagne, 1843, p. 68.
2. Spécialement
a) DANSE. Saut où un danseur prend une position oblique et frappe les jambes l'une contre l'autre pendant qu'il est en l'air. Battre la cabriole.
Loc. Friser la cabriole. Agiter vivement les pieds, pendant qu'on est en l'air, en faisant une cabriole. [Avec une nuance de dédain] :
2. ... c'était à la fois ce que le père faisait et ce que nous faisons, nous [une troupe de saltimbanques]!... oui, des machines où le gymnaste est une façon d'acteur... vois-tu, il y a pour nous autre chose qu'à friser la cabriole... E. de Goncourt, Les Frères Zemganno,1879, p. 114.
P. anal. Mouvement par lequel une personne saute légèrement en l'air pour se retourner sur elle-même. Faire la/une cabriole. Pavilly perdit l'équilibre, bascula sur les pieds de la couche, fit une complète cabriole (Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Les 25 francs de la Supérieure, 1888, p. 255).
b) ÉQUIT. Danser la cabriole. Faire le saut au cours duquel un cheval se met à l'horizontale et détache une ruade :
3. Elle [la façade] était née à cette époque que l'on appelait « le temps des chevaux » ... celle où dominaient au cirque... les écuyères... exécutant « le pas de deux » ou faisant danser à leur cheval la capriole. P. Vialar, Les 4 Zingari,1959, p. 126.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. généraux.
3. P. ext.
a) [Mouvement de haut en bas]
Saut de haut en bas, chute. Une cabriole du haut de ce clocher serait une jolie chose à voir, par un si beau clair de lune! (Nerval, Nouvelles et fantaisies,1855, p. 27).
P. métaph., fam., rare. La cabriole finale. La mort. Loc. Faire la cabriole. Disparaître, mourir :
4. Quelques étoiles filantes glissèrent tout à coup, (...). − « Tiens, dit Bouvard, voilà des mondes qui disparaissent. » Pécuchet reprit : − « Si le nôtre, à son tour, faisait la cabriole, les citoyens des étoiles ne seraient pas plus émus que nous ne le sommes maintenant. » Flaubert, Bouvard et Pécuchet,t. 1, 1880, p. 80.
Rare. Mouvement sautillant du corps, mimique :
5. − Madame, combien cette guipure? demanda le fabricant... − Pour vous qui venez de loin, monsieur, ce ne sera que cent écus, répondit-elle [madame Nourrisson]. En remarquant une cabriole particulière aux Méridionaux, elle ajouta d'un air pénétré : « Cela vient de la pauvre princesse de Lamballe. » Balzac, Les Comédiens sans le savoir,1846, p. 320.
b) [Le même mouvement joint à une progression par rebonds imprimé à un corps] Dans la projection du dé (...) le geste de lancement se fait prolonger par des cabrioles qu'il ne contrôle plus (Jeux et sp.,1968, p. 471).
MUS. Mouvement musical rapide et sautillant. Je n'avais jamais pensé qu'un orchestre de cent musiciens pût se livrer à de si amusantes petites cabrioles (H. Berlioz, Souvenirs de voyages,préf. de J. G. Prod'homme, 1869, p. 189).
B.− Au fig.
1. [P. réf. à l'idée de légèreté, de liberté de la danse] Fam. Faire la cabriole. Folâtrer, badiner :
6. Moi, des sujets polissons Le ton m'affriole. Minerve dans mes chansons Fait la cabriole. Béranger, Chansons,La Gaudriole, t. 1, 1829, p. 14.
P. ext., fam., rare. Faire l'amour :
7. La petite madame Vigouroux faisait la cabriole du matin au soir dans son charbon. Madame Lehongre, la femme de l'épicier, couchait avec son beau-frère... Zola, L'Assommoir,1877, p. 637.
2. [P. réf. à l'idée de retournement, de revirement] Gén. péj.
a) Dans le domaine de l'action.Changement d'attitude, d'objectif :
8. C'est le paillasse de la troupe; c'est lui qui, de temps immémorial, est chargé de parodier tous les tours, tous les gestes, toutes les cabrioles du ministère. Balzac, Œuvres diverses,t. 2, 1850, p. 415.
b) Dans le domaine du comportement.Plaisanterie servant d'échappatoire. Il s'en est tiré par une cabriole (Ac.1932).
Rem. Attesté dans Ac. 1932, Rob. et Quillet 1965.
c) Dans le domaine de la pensée, de l'expr. littér.Figure de mot, de pensée, consistant en une opposition, une interversion purement formelle :
9. Quiconque cherchera à sauver sa vie la perdra, et quiconque l'aura perdue la retrouvera, donnait la version d'Osterwald, vidant ainsi cette parole, où bientôt on ne voyait plus qu'un balancement de pensée, un paradoxe à cabriole comme : « Les premiers seront les derniers », ou : « Heureux les malheureux »;... Gide, Journal,1916-19, p. 598.
PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [kabʀijɔl]. Yod de passage n'est pas noté dans Dub. et Warn. 1968 (cf. aussi Fér. 1768, Land. 1834, Fél. 1851 et Littré). Yod de passage est noté dans Pt Rob., Pt Lar. 1968 et Lar. Lang. fr. (cf. aussi dans DG). Passy 1914 donne les 2 possibilités de prononc. avec ou sans yod. Seule transcr. de capriole dans Littré : ka-pri-o-l'. 2. Forme graph. − Pour Fér. 1768 : ,,L'étymologie seroit pour capriole, mais l'usage et la prononciation doivent faire préférer cabriole``. Ac. 1798-1932 ne donnent que cabriole, cabrioler, formes dans lesquelles le b est dû à un croisement avec cabri. Les anc. formes capriole, caprioler sont mentionnées dans Ac. Compl. 1842, Lar. 19e, Littré, Guérin 1892 (,,jusque vers la fin du xviiies., l'usage a hésité entre cabriole et capriole, quoique dès le xviies. cabriole eût déjà prévalu``), dans DG, Rob. et Lar. encyclop. On trouve capriolle dans J. Sazonova (La Vie de la danse, 1937, p. 103) qui écrit aussi cabriolle avec 2 l (p. 105). Nouv. Lar. ill. et Lar. 20eenregistrent capriole, terme de bot., synon. de cynodon.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. Ca 1550 cabriole « saut, bond fait en folâtrant » (Tahureau, 1erDial. du Democratic, p. 50 dans Hug.); 1611 plus spéc. chorégr. (Cotgr.); 1690 fam. faire une cabriole « faire une chute, dégringoler » (Fur.); 1611 man. (Cotgr.); 2. 1616-20 fig. capriolle « souplesse confinant à la servilité » (Aubigné, Hist. Univ., III, 9 dans Hug.); 1808 faire des cabrioles « danser de joie, manifester un grand contentement » (D'Hautel, Dict. du b. lang., Paris); 1845 faire la cabriole « montrer de la souplesse, se plier avec facilité aux circonstances » (Besch.); 1845 id. « se ruiner » (Ibid.). Empr. à l'ital. capriola (proprement « femelle du chevreuil » xives. Boccace dans Batt.) attesté au xvies. d'abord au sens 1 dep. 1536 (Aretino dans Batt., s.v. cavriola); au sens fig. 2 dep. 1545 (Id., III, 137, ibid.); comme terme de man. dep. 1585 (Garzoni, ibid.), issu du b. lat. capreola « chèvre sauvage »; la forme fr. cabriole résulte prob. d'un croisement avec cabri, cabrer; cf. les formes capriole (la plus répandue) et capreole au xvies. dans Hug.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 45.
BBG. − Hope 1971, pp. 170-171. − Kohlm. 1901, p. 34. − Sain. Sources t. 3 1972 [1930], p. 321. − Sar. 1920, p. 12. − Wind 1928, p. 22, 40, 167, 204.