| CABOTINAGE, subst. masc. Fam., péj. A.− THÉÂTRE 1. Vx. Profession de cabotin, de comédien ambulant; le monde du mauvais théâtre. Le repas fut très-gai. Les deux comédiens dévoraient à la grande joie de Delobelle qui remuait avec eux de vieux souvenirs de cabotinage (A. Daudet, Fromont jeune et Risler aîné,1874, p. 181). 2. P. ext. Jeu prétentieux et trop extérieur d'acteur sans talent : 1. Je n'ai jamais pu arriver à avoir la moindre admiration pour son talent [de Lucien Guitry], et son interprétation de Pasteur ne m'est apparue que comme l'apothéose du cabotinage.
Léautaud, Le Théâtre de Maurice Boissard,1943, t. 2, p. 58. B.− P. métaph. : 2. Ai-je cédé à ce goût inné de me dédoubler qui fut toujours si fort en moi? Cette simagrée romanesque dénonçait-elle l'hystérie de vanité qui pousse quelques enfants à mentir, eux aussi, sans raison et avec tant d'inattendu? Une vague intuition me fit-elle apercevoir dans un cabotinage de déception et de mélancolie le plus sûr moyen d'intéresser davantage la sœur du comte André?
P. Bourget, Le Disciple,1889, p. 128. 3. Dans sa polémique avec Fremy, Pasteur manifeste encore plus de vivacité que de coutume. Ces sempiternelles et stériles disputes l'excèdent. Il en devient dur, presque cruel. En pleine Académie, il accusera Fremy de faux raisonnement, de « logomachie », voire de cabotinage et de « mise en scène ».
J. Rostand, La Genèse de la vie,1943, p. 149. − P. ext. Manière d'être affectée, prétentieuse : 4. Défiants de leur âge, ils [des jeunes gens] ne pouvaient se résigner à la simplicité naturelle de leurs cœurs, et déformaient leurs sentiments jusqu'à ce qu'ils leur semblassent dignes d'être exprimés. Ils redoutaient le snobisme et le cabotinage, au point de faire de cette répulsion un snobisme à eux, un cabotinage ingénu.
R. Martin du Gard, Devenir,1909, p. 27. PRONONC. : [kabɔtina:ʒ]. ÉTYMOL. ET HIST. − 1805 (Stendhal, Journal, 2, 41 [Le Divan] dans Quem.).
Dér. de cabotiner*; suff. -age*. STAT. − Fréq. abs. littér. : 73. |