| CABAS, subst. masc. A.− Rare. Panier en fibres végétales servant d'emballage à des fruits secs (parfois à des gâteaux). Cabas de figues (Ac.1798-1878) : 1. ... elle n'avait reçu, en mémoire de lui, qu'un seul message, une boîte de nougat de Montélimart, un coffret de manne de mélèzes et d'amusettes ou pignons de pins de Briançon et un cabas de délicieuses gimblettes de la foire de Sainte-Madeleine de Beaucaire.
P. Borel, Champavert,Dina la belle juive, 1833, p. 139. − P. anal. [Pour désigner un mauvais lit commun] :
2. Je commençais à m'assoupir, lorsque je sentis quelque chose se glisser contre moi : c'était la jambe de mon grand hollandais; je n'ai de ma vie éprouvé une plus grande horreur. Je sautai dehors du cabas hospitalier, maudissant cordialement les usages de nos bons aïeux.
Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 1, 1848, p. 301. − Vx, fam. Voiture à cheval vétuste et peu confortable, dont le corps est d'osier clissé. Nous sommes venus dans un méchant cabas (Ac.1835-1878) : 3. ... la voiture, que MmeHugo appelait son grand cabas, était assez large pour y fourrer une personne de plus...
MmeV. Hugo, Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie,1863, p. 87. B.− P. ext., cour. Panier à provision plat, à anses, généralement fait d'une matière souple (paille tressée, sparterie, étoffe, etc.). Cabas de tapisserie, d'osier : 4. Bien souvent dédaigneux des plaisirs de mon âge,
J'évoque le bonheur des femmes de ménage,
Ayant changé de sexe en esprit bien souvent,
Un cabas à mon bras et mon nez digne au vent,
J'ai débattu les prix avec les revendeuses.
Verlaine,
Œuvres poét. complètes,Album zutique, Paris, Gallimard, 1962 [1896], p. 166. − Vx. Vieux chapeau déformé. Rem. 1. Attesté dans la plupart des dict. du xixes. ainsi que dans Lar. 20eet Quillet 1965. 2. On rencontre dans la docum. le dér. cabasson, subst. masc. ,,Chapeau de femme démodé, ridicule`` (A. Bruant, Dict. fr.-arg., 1905, p. 98; attesté aussi dans Nouv. Lar. ill., Lar. 20eet Quillet 1965). PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [kabɑ]. Dub. transcrit la finale avec [a] ant. (cf. aussi Nod. 1844 et Fél. 1851). Le reste des dict. transcrit [ɑ] post. À ce sujet cf. Rouss.-Lacl. 1927, p. 135. Pour l'a final devenu postérieur à la suite de l'amuïssement de l's dans -as, cf. G. Straka, Syst. des voyelles du fr. mod., Strasbourg, Inst. de Phonét., 1950, p. 22. 2. Forme graph. − Pour la graph. caba, cf. R. de Montesquiou, Les Hortensias bleus, 1896, p. 1. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1364 cabar « panier servant à transporter des fruits » (Brièle, Comptes Hôtel-Dieu, p. 3 dans IGLF Techn. : deux cabars de figues et i cabar de raisins); 1399 cabas (Exéc. test. de Jehan de Havrincourt, A. Tournai dans Gdf. Compl.); 2. ca 1450 jouer du cabas « tromper, escroquer » (Gréban, Myst. de la Passion, éd. Paris et Raynaud, 26367; cf. faire danser l'anse du panier) − xvies., v. Hug., sens subsistant dans le verbe arg. cabasser; 3. 1771 (Trév. : Cabas, se dit aussi d'un grand coche de messagerie, dont le corps est d'osier clissé).
Terme dont l'aire d'orig. est la péninsule Ibérique (a. catalan cabàs 1249 dans Alc.-Moll.; lat. médiév. cavazo en 949, Cart. S. Michel de Cugat dans Glossarium mediae latinitatis cataloniae, fasc. 4; a. port. cabaz, xiv-xves. dans Cor.; esp. capaço, 1331, copazo, capacho 1495 dans Cor.) et le domaine d'oc (a. prov. cabas attesté dans un texte de 1353 publié par P. Meyer dans Romania, t. 14, p. 539; lat. médiév. cabatium, 1243, Avignon dans Du Cange), issu prob. d'un b. lat. capacium, d'orig. douteuse, peut-être dér. de capax « qui contient ». Le fr. est empr. au prov. où ce terme désigne particulièrement un panier contenant des figues ou du raisin. STAT. − Fréq. abs. littér. : 80. BBG. − Lammens 1890, pp. 61-62. − Öhmann (E.). Kleine Beiträge zum deutschen Wörterbuch. Neuphilol. Mitt. 1958, pp. 225-233. − Sain. Sources t. 1 1972 [1925], p. 126, 128, 403; t. 2 1972 [1925], p. 112, 415; t. 3 1972 [1930], p. 429. |