| CABANE, subst. fém. A.− Construction rudimentaire servant d'habitation, d'abri ou de resserre. Synon. baraque, cahute, hutte.Cabane de cantonnier, de chasseur, de pêcheur; une cabane en planches; cabane à outils : 1. La tente convient à l'Arabe, le chariot au Tatare; mais à une famille qui a un foyer domestique, il faut une demeure qui dure. À la cabane de terre ou de bois a bientôt succédé la maison de pierre.
Fustel de Coulanges, La Cité antique,1864, p. 72. − [Symbole de la pauvreté] :
2. ... je crois au Dieu du pauvre et du simple; je crois au Dieu que la cabane connaît, que l'enfance écoute, dont le malheur sait le nom, ...
Lacordaire, Conf. de Notre-Dame,1848, p. 21. − Rare. Cabane de neige. Synon. de igloo : 3. « La tribu d'esquimaux chez laquelle nous arrivâmes n'habitoit point, comme la nôtre, dans des cabanes de neige; elle s'étoit retirée dans une grotte dont on fermoit l'ouverture avec une pierre. »
Chateaubriand, Les Natchez,1826, p. 243. B.− Spécialement 1. Vx. Synon. de cabine.Le pilote (...), dont la cabane est située près du gouvernail (Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature,1814, p. 277);le bain de ma femme. Nombreux baigneurs; néanmoins, je l'aidai dans sa cabane (Michelet, Journal,1859, p. 481). 2. Cabane mobile, nomade, roulante : 4. Le berger, pour avoir un peu d'ombre, s'était assis contre la cabane à deux roues, qu'il poussait à chaque déplacement du parc, une étroite niche qui lui servait de lit, d'armoire et de garde-manger.
Zola, La Terre,1887, p. 290. 3. Régional a) Canada. Cabane à sucre. Cabane où l'on traite la sève d'érable. ... elle avançait à travers l'érablière, (...), vers la cabane à sucre (G. Roy, Bonheur d'occasion,1945, p. 208). b) Ouest de la France. Exploitation agricole. Rem. Attesté dans Lar. 19e, Littré, Guérin 1892, Nouv. Lar. ill. C.− Pop. ou arg. 1. Maison d'habitation : 5. Cette cabane, Pierrot l'avait choisie isolée et plutôt grande (...). Comme c'était la bâtisse la plus importante du bled, les pécores l'appelaient le Château.
A. Simonin, Touchez pas au grisbi,1953, p. 148. 2. Prison. Ils [les gendarmes] m'ont foutu en cabane (Giono, Les Grands chemins,1951, p. 236). 3. Abri pour les animaux. Une cabane à lapins, à poules. PRONONC. : [kaban]. (Littré rappelle que ,,d'après Chifflet, au xviiesiècle, Gramm. p. 183, on prononçait cabâne, â comme âne``). ÉTYMOL. ET HIST. − 1387 « petite habitation sommaire » (G. Phébus, La Chasse, 197, Lavallée d'apr. Delboulle dans R. Hist. litt. Fr., t. 6, p. 285); 1462 « abri pour les animaux » (Lettres de rémission dans Du Cange, s.v. cabanacum); 1928 « prison » (J. Lacassagne, L'Arg. du « milieu »).
Empr. au prov. cabana « cabane, chaumière » attesté en 1253 dans Rayn. (v. aussi Du Cange, s.v. capanna), du b. lat. capanna (d'orig. prob. préromane), attesté a) dans le domaine hisp. comme synon. de casula par Isidore, XV, 12, 2 (ds Sofer, p. 124 : capanna), et très fréquemment comme topon. dans le domaine catalan à partir de 854 (ds GMLC : capanna); b) dans le domaine ital. ca 800, utilisé par le scoliaste de Juvénal (H. Rönsch, Lexikalisches aus Leidener lateinischen Juvenalscholien der Karolingerzeit dans Rom. Forsch., t. 2, p. 305 : cabanna); la mention du mot dans les Gloses de Reichenau (éd. Klein-Labhardt, München, 1968, Glossaire alphabétique, no1619, p. 195 : cauanna) atteste aussi sa présence au viiies. dans la France du Nord. STAT. − Fréq. abs. littér. : 1 279. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 543, b) 1 841; xxes. : a) 890, b) 893. BBG. − Boulan 1934, p. 102. − Kemna 1901, p. 63. − Pohl (J.). La Maison dans les fr. marginaux. Vie Lang. 1969, p. 86, 146. − Quem. 2es. t. 4 1972, p. 39. |