| BÊTIFIER, verbe. A.− Emploi trans. Rendre bête, abrutir : 1. J'attribuai son changement d'attitude à l'influence de M. de Charlus, laquelle, en effet, le rendait, sur certains points, moins borné, plus artiste, mais sur d'autres, où il appliquait à la lettre les formules éloquentes, mensongères, et d'ailleurs momentanées, du maître, le bêtifiait encore davantage.
Proust, Sodome et Gomorrhe,1922, p. 1032. − Spéc., emploi pronom. Se rendre bête, s'abrutir : 2. Vous ne trouvez pas qu'on se bêtifie à rester tout le temps sur la plage?
Proust, À l'ombre des jeunes filles en fleurs,1918, p. 877. B.− Emploi intrans. 1. Parler d'une manière niaise à la façon des tout petits enfants. Tu bêtifies encore à ton âge (Lar. Lang. fr.) : 3. − Laissez donc avec les enfants! Il faut toujours descendre à eux, bêtifier, parler nègre. Ils vous rabougrissent l'intelligence...
E. et J. de Goncourt, Journal,1866, p. 284. 2. Faire la bête, se donner un air niais : 4. ... tout en étant l'individu de qualité que je viens de dire, elle demeurait bien capable de bêtifier parfois avec des nigauds, ...
J. Bousquet, Traduit du silence,1935-36, p. 69. − Bêtifier sur.Tenir des propos stupides, dire des sottises : 5. ... il aimait tant la littérature que, même ce qu'il ne comprenait pas par l'esprit, je crois encore qu'il y parvenait par la lettre, et je ne me souviens pas de l'avoir entendu bêtifier sur rien.
Gide, Si le grain ne meurt,1924, p. 533. − Plaisanter, tenir des propos légers. Cyrano (...) ce faux Pardaillon qui bêtifiait devant les femmes (Sartre, Le Mur,1964, p. 155). 1reattest. 1777 (Beaumarchais, À Madame de Godeville, ds Proschwitz Beaumarchais, p. 68); dér. de bête* adj., élément suff. -fier*. − [betifje]. Également [bε-]. − Fréq. abs. littér. : 20. BBG. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 148. − Quem. 2es. t. 3, 1972, p. 21. − Wexler (P. J.). Pour l'ét. du vocab. des vaudevilles. In : [Mél. Cohen (M.)]. The Hague-Paris, 1970, p. 213. |