| BÉVUE, subst. fém. Erreur grossière due à l'ignorance, à l'inadvertance ou à l'aveuglement, et pouvant entraîner des conséquences fâcheuses. Commettre une bévue : 1. À la fin on imprime, tout devient public, et il se trouve qu'il n'y a point eu de conspiration. Cependant les têtes étaient coupées. Voilà un furieux pas de clerc, une bévue qui coûte cher, et que la liberté des journaux vous eût certainement épargnée.
Courier, Pamphlets pol.,Lettres au rédacteur du « Censeur », 1819-20, p. 39. 2. « Car, mes bien chers frères, c'est par une étrange bévue que les fanatiques de la pureté mettent leurs idées au compte de Dieu. Rien, dans l'Ancien ni le Nouveau Testament, qui les y autorise. »
Romains, Les Copains,1913, p. 231. − Spéc. Erreur commise en parlant, erreur dans un texte : 3. Il lui arriva une fois d'envoyer le manuscrit ainsi embelli et dérangé à l'imprimerie, et quand on lui envoya ses épreuves à corriger, il entra dans une fureur épouvantable contre le crétin de prote qui faisait de pareilles bévues.
G. Sand, Histoire de ma vie,t. 2, 1855, p. 373. 4. Aussitôt elle se calma et sa phrase lui apparut comme dite à la légère, une bévue sans signification.
Radiguet, Le Bal du comte d'Orgel,1923, p. 66. PARAD. Bévue/contrevérité (Sainte-Beuve, Pensées et maximes, 1869, p. 135), crime (J. de Maistre, Correspondance, t. 4, 1796-1821, p. 56), défaut de raisonnement (Id., Souveraineté, 1821, p. 453), distraction (Id., ibid.), erreur (Id., ibid.; Larbaud, A. O. Barnabooth, 1913, p. 351; J. Rostand, La Vie et ses problèmes, 1939, p. 72), fantaisie (Viollet-Le-Duc, Entretiens sur l'archit., t. 2, 1872, p. 151), faute (About, Le Nez d'un notaire, 1862, p. 155), méprise (J. de Maistre, loc. cit.), naïveté (Arts et litt. dans la société contemp., 1935, p. 8014), sottise (Ibid.; Michelet, Journal, 1857, p. 365). PRONONC. ET ORTH. : [bevy]. Fér. Crit. t. 1 1787 écrit bévûe. ÉTYMOL. ET HIST. − 1642 beveue (A. Oudin, Seconde part. des Recherches ital. et fr., Paris); av. 1654 bévue (Balzac, 2edisc. De la Cour dans Littré).
Dér. de vue*; préf. péj, bes-, bé (devant consonne), (du lat. bis « deux fois »), devenu particule de renforcement péj. dans des composés comme beslort (fr. mod. balourd*), bestourner (« détourner »), puis beslue (fr. mod. berlue*), besloi (« injustice »). STAT. − Fréq. abs. littér. : 128. |