| BÉBÉ, subst. masc. I.− [En parlant d'un être petit par l'âge ou la taille] A.− Usuel. Enfant en bas âge : 1. La sage-femme refusa; mais elle voulut bien boire un verre de vin, parce que ça l'avait émotionnée, disait-elle, de trouver la malheureuse femme avec le bébé sur le paillasson.
Zola, L'Assommoir,1877, p. 469. 2. « Ta sœur attend son bébé pour le mois de mai. Je descendrai à Lully pour ses couches... »
Ramuz, Aimé Pache, peintre vaudois,1911, p. 166. 3. Mais Hesnard part du syncrétisme primitif et de la symbiose mère-bébé, où les deux consciences, de la mère et du bébé, ne sont qu'une seule et même réalité pour aller vers d'autres types d'identifications, de plus en plus compliquées, mais qui gardent toujours de cette origine leur nature profonde...
Traité de sociol.,1968, p. 410. − Fam. Bébé éprouvette. Enfant qui est le fruit d'une grossesse obtenue par fécondation artificielle. − JEUX. Poupée en matière synthétique ayant l'aspect et les dimensions d'un enfant en bas âge. Synon. usuel baigneur : 4. ... quelques-uns seulement sont des joujoux par nature et par destination, tels qu'animaux en bois blanc et bébés en caoutchouc.
A. France, Le Livre de mon ami,1885, p. 212. − COST. ,,Femme déguisée en bébé. (Costume fréquemment porté dans les bals masqués depuis une trentaine d'années)`` (Larch. Suppl. 1880). ... un bébé ouvre la porte (Larch. Suppl.1880) : 5. Puis, son œil tournant, et sa pensée, elle veut aller, elle ira au bal de l'Opéra en bébé, avec des bottines bleues : « Et on verra!... Sans garde du corps... Inutile, Monsieur... On ne m'a jamais fait que ce que j'ai voulu à l'Opéra, na! »
E. et J. de Goncourt, Journal,1861, p. 993. B.− P. ext. Petit d'un animal : 6. Ils avaient tous choisi [les matelots] des bébés de perruches, ayant de petits airs enfantins sur leurs figures d'oiseau...
Loti, Pêcheur d'Islande,1886, p. 159. Rem. En compos. avec un nom d'animal signifie petit, très jeune, nouveau-né : un bébé-chien, un bébé-chat. C.− Fam. [En parlant d'une pers. adulte] Personne de petite taille : 7. ... je vis entrer (...) un vrai ravissement de petite femme : un bébé, gros comme le poing...
Courteline, Femmes d'amis,1888, p. 17. Rem. Selon France 1907 se dirait aussi d'un avorton adulte p. allus. au nain du roi Stanislas (v. étymol. et hist.). D.− [En parlant d'objets de petite taille] 1. Arg. milit. Canon de petite taille. Bébé, canon de 75 (A du 23ealpins). 2. MOBILIER. ,,Siège confortable, c'est-à-dire à bâti en bois de hêtre entièrement recouvert d'étoffe, capitonné, à dossier bas et à siège étroit, se rapprochant du crapaud`` (Havard, t. 1, 1887). II.− Emplois affectifs. [En parlant d'adultes] A.− Péjoratif 1. Faire le bébé. Se conduire d'une manière puérile. 2. En emploi adj. [D'attribut ou d'appos.] Être resté très bébé. Qui manque de maturité pour son âge. Rem. Se dit aussi d'enfants déjà grands : 8. Son regard [de Jean] candide et rieur, était resté plus enfantin, plus bébé encore que ne le comportaient ces six ou sept ans...
P. Loti, Matelot,1893, p. 2. B.− Fam. Terme naïf de caresse qu'une femme adresse à un homme : 9. − Je te dis que tu es ma petite femme... ma chère... ma seule petite femme... Ah!
− Et toi... mon bébé... mon gros bébé... le seul gros bébé à sa petite femme... Na!... (...) Ce qu'ils avaient l'air stupide tous les deux!...
Mirbeau, Le Journal d'une femme de chambre,1900, p. 350. PRONONC. : [bebe]. Enq. : /bebe/. ÉTYMOL. ET HIST. − Ca 1755 nom donné par le roi Stanislas à son nain Nicolas Ferry (1739-64) qui eut à l'époque une grande célébrité; 1793, 27 févr. mon bébé « mon petit » terme d'affection (E. et J. de Goncourt, Sophie Arnould, Lettre de Sophie Arnould à Bélanger, Paris, 1877, pp. 103-104 : « Eh bien, mon bébé [...] je compterai éternellement sur ton cœur [...] Ah çà, mon bébé, je hasarde toutes ces demandes [...] Bonjour, mon bon bébé, mon ancien et éternel ami : n'oublie jamais qu'il existe dans un coin de cette terre un être qui t'a aimé bien tendrement); 1858 « petit enfant » (Goncourt, Journal dans Bonn. : Les beaux yeux de son bébé et son babil d'oiseau); 1885 « poupée représentant un enfant au maillot » (Lami, De l'indust., t. 5, 964, ibid., 8 : Le bébé nouveau est en cartonnage moulé).
Malgré son attest. tardive, formation fr. (cf. Littré; FEW t. 1, p. 304; Bl.-W.5) du rad. onomatopéique beb- var. de bab- (babiller*, babine*; cf. babi, Bas-Maine; bibi, Picardie, Centre, Midi; bobée, Reims; babré, bobré, Moselle cités comme onomatopéiques dans I. Pauli, v. bbg. § 376) peut-être sous l'infl. de be- (bêler* et même bel*, cf. bellot « enfant » dans de nombreux dial. v. I. Pauli, op. cit. § 176), plutôt qu'adaptation de l'angl. baby « id. » (Bonn., p. 8; Mack. t. 1, pp. 285-286; Barb., v. bbg.; DG; Nyrop t. 1, p. 116; I. Pauli, op. cit. § 392; DEI; Dauzat 1973) v. baby, qui a pu cependant exercer une infl. second. sur la diffusion du mot dans la société cultivée; bébé a pénétré aussi en ital. moderne. STAT. − Fréq. abs. littér. : 586. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) néant, b) 293; xxes. : a) 1 067, b) 1 693. BBG. − Barb. Loan-words 1921, p. 262. − Behrens Engl. 1927, pp. 229-230. − Dauzat Ling. fr. 1946, pp. 213-214. − Pauli (I.). Enfant, garçon, fille dans les lang. rom. Lund, 1919, § 376. |