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BUTIN, subst. masc.
A.− Ensemble des biens matériels et des esclaves ou prisonniers pris à l'ennemi au cours d'une guerre. Faire un riche butin; partager, prendre le butin :
1. En moins de huit jours, elles [les armées russes] ont enfoncé le front adverse et chassé devant elles l'ennemi battu. Plus de 105 000 prisonniers, plus de 120 canons et un butin de guerre considérable sont restés entre leurs mains. Joffre, Mémoires,t. 2, 1931, p. 224.
SYNT. Un infâme, lourd butin; un butin considérable, glorieux, précieux, prodigieux; amasser, disperser, s'emparer, emporter le (du) butin; mettre à l'abri sa part de butin.
B.− P. ext.
1. Domaine de la vie matérielle
a) Le produit d'un vol, d'un pillage :
2. Il [le marquis de Saint-Point] dominait sur toutes nos montagnes, descendait quelquefois à Lyon, pillait l'archevêché et la cathédrale, rapportait son butin à Saint-Point et faisait danser sa femme et ses filles vêtues des ornements pontificaux qu'il avait pillés. Lamartine, Correspondance,1835, p. 166.
Rem. S'emploie également p. anal. dans le domaine intellectuel ou artistique pour désigner les trouvailles d'un contrefacteur : le butin d'un plagiaire.
b) Littér. Produit d'une chasse ou d'une pêche :
3. Ô capture! Ô pêche miraculeuse! Ô million d'étoiles prises aux mailles de notre filet, Comme un grand butin de poissons à demi sorti de la mer dont les écailles vivent à la lueur de la torche! Claudel, Cinq grandes odes,1910, p. 289.
c) Ce que l'on grapille ou glane çà et là. Le butin de la moisson, de la cueillette; le butin des chiffonniers.
2. Dans le domaine de la vie des insectes.Récolte faite par les abeilles ou les fourmis. Les abeilles dégorgent leur butin; la fourmi chargée de butin :
4. Olivier surveillait d'un œil inquiet les colonnes des fourmis perpétuellement pressées, et les abeilles lourdes de butin, qui ronflent comme des tuyaux d'orgues, ... R. Rolland, Jean-Christophe,Antoinette, 1908.
3. Dans le domaine intellectuel ou artistique.Trouvailles faites au bout de longues et patientes recherches. Le butin d'un archéologue, d'un botaniste; le butin de l'analyse, de l'observation; un butin de nouvelles :
5. J'ai si peu le goût du document que, quand je vais à Chitry, je ne vois pas maman. Pourtant, à chaque visite, quel butin de notes! Renard, Journal,1906, p. 1029.
PRONONC. : [bytε ̃].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1350 « partage de ce qu'on a pris sur l'ennemi » (G. de Charny, Livre de Chevalerie, ms. Brux., fo69 rodans Gdf. Compl.) − 1592 faire à butin « partager ce qui a été pris sur l'ennemi » (Monluc, Commentaires, L. IV [II, 224] dans Hug.); 2. début xves. « part de ce qui a été pris sur l'ennemi » (Juv. des Ursins, Hist. de Charles VI, an 1381 dans Gdf. Compl.); 1641 fig. (Corneille, Cinna, III, 4 dans Littré); 3. p. anal. a) 1672 « trouvailles qu'on fait dans l'érudition » (Molière, Femmes savantes, IV, 3, ibid.); b) 1690 (Fur. : Butin, se dit aussi des voleurs); c) xviies. (Boileau dans Trév. 1704 : Comme on voit au printemps la diligente abeille Qui du butin des fleurs va composer son miel). Terme d'orig. germ., prob. empr. au m. b. all. būte « échange, partage, ce qui échoit en partage, butin », Lasch-Borchl., à rattacher au verbe m. b. all. būten « échanger, troquer, partager, répartir ». Le b. all. pourrait être parvenu en France par les voies maritimes à la faveur des relations commerciales avec la Hanse.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 343. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 543, b) 444; xxes. : a) 544, b) 429.
BBG. − Gamillscheg (E.). Französische Etymologien. Boletim de filologia. 1949 t. 10, pp. 193-195.