| BUFFLE, subst. masc.,BUFFLESSE, subst. fém. A.− ZOOL. Bovidé (sous-famille des Bovinés), plus gros et plus massif que le bœuf, portant de longues cornes recourbées vers l'arrière, et vivant en Asie, Afrique et Europe méridionale. Buffle indien, buffle d'Afrique, buffle sauvage : 1. ... Comme, après tout un jour de labourage, un buffle
S'en retourne à pas lents, morne et baissant le mufle,
Je vais ployant le cou.
T. Gautier, La Comédie de la mort,1838, p. 45. SYNT. Buffle aquatique (ou d'eau); troupeau de buffles; corne, peau, cuir de buffle; chasser le buffle. Rem. Le fém. de buffle est bufflesse ou bufflonne; on dit lait de buffle (M. Wolkowitsch, L'Élev. dans le monde, 1966, p. 41), fromage de buffle (Lamartine, Les Confidences, Graziella, 1849, p. 152). B.− P. ext. 1. La peau de buffle traitée et tannée. Baudriers, gants, justaucorps, pourpoint de buffle. Il avait un chapelet pendu à son ceinturon de buffle (Bertrand, Gaspard de la nuit,1841, p. 146). − P. méton., vieilli. Un buffle pour un justaucorps de buffle, genre de cuirasse. Recevoir un coup d'épée dans son buffle (Ac.1798).On lui prit son épée à fourreau ciselé / Et son buffle. C'était la surveille de Pâques (Hugo, Ruy Blas,1838, I, 2, p. 340). Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixeet du xxes. à partir de Ac. 1798. − Spécialement ♦ CHAUSSURE. Semelles de buffle faites de croûte de gros cuir tanné et poncé, et placées en général sur les pantoufles (d'apr. Chauss. 1969). ♦ TECHNOL. Disque de polissage constitué de rondelles de cuir de buffle accolées. Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixeet du xxes. 2. La corne de buffle utilisée pour fabriquer des objets. Peigne de buffle, cor de buffle. Lunettes rondes et coulées de buffle (Huysmans, En route,t. 1, 1895, p. 218). C.− P. compar. [En parlant d'une pers.] 1. [Avec l'aspect physique de l'animal] Fort comme un buffle; souffler, foncer comme un buffle; être un buffle de santé; être taillé en buffle : 2. Le croquemitaine dont sa bonne, une Transtévérine aux yeux de buffle, lui fit peur, fut cet Hercule de Baccio Bandinelli qui terrasse Cacus au seuil du palais du grand-duc.
J. Péladan, Le Vice suprême,1884, p. 10. − Loc. proverbiale. Il se laisse mener par le nez comme un buffle. Se laisser guider, gouverner par faiblesse, manque de caractère. Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. à partir de Ac. 1798. 2. [Avec le comportement de l'animal] Personne bornée et brutale dans ses propos, ses manières. C'est un vrai buffle (Ac.1798).Synon. mufle : 3. Je le tenais enfin, ce buffle de Levrault! Je le tenais, il était pris.
Sandeau, Sacs et parchemins,1851, p. 21. PRONONC. ET ORTH. : [byfl̥]. Le fém. est bufflesse et bufflonne. Également bufflette (Quillet 1965). ÉTYMOL. ET HIST.
I.− Masc. 1. ca 1200 buffle (Récit première Croisade, II, 193 dans T.-L.); 1267-68 bufle (Brunet Latin, Trésor, éd. Chabaille dans T.-L.); 2. xves. fig. « stupide, lourdaud » (Quatrains moraux, XIII, tirés d'un ms. du xves., ibid.).
II.− Fém. 1837 bufflesse (Maison Rustique du 19es., t. 2, p. 460b).
I empr. à l'ital. buffalo; attesté dans Batt. au même sens dep. le xiiies.; à l'emploi fig. chez Machiavel [1469-1527]; l'animal fut en effet introduit dans l'Italie des Lombards au vies., leur roi Agilulf en ayant reçu un en cadeau d'un chef avar (DEI); l'ital. est issu du b. lat. būfălus « antilope », ives., Venance Fortunat dans TLL s.v., 2220, 2. − A remplacé le plus ancien bugle (xiies., cf. T.-L.) de même sens; cf. beugler*. II dér. de I, suff. -esse*. STAT. − Fréq. abs. littér. : 239. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 443, b) 611; xxes. : a) 169, b) 208. DÉR. 1. Buffletin, subst. masc.a) Jeune buffle. b) Justaucorps confectionné dans du cuir de buffle. Attesté dans la plupart des dict. gén. du xixeet du xxes. à partir de Ac. 1798.− [byflətε
̃]. DG : ,,au xviies. buf'tin``. − 1reattest. sens a 1594 (Déclar. du roi H. IV, ap. Félibien, Pr. de l'H. de Par., II, 10 dans Gdf. Compl.), sens b 1680 (Rich.); dér. de buffle, suff. -et* et -in*. 2. Bufflon, subst. masc.Jeune buffle. − [byflɔ
̃], fém. [-ɔn]. − 1reattest. 1845 (Besch.); dér. de buffle, suff. -on1*. BBG. − Gottsch. Redens. 1930, p. 59, 253. − Goug. Lang. pop. 1929, p. 42. − Hasselrot (B.). Ét. sur la vitalité de la formation dimin. fr. au 20es. Uppsala, 1972, p. 71. − Hope 1971, p. 31, 166. − Kohlm. 1901, p. 15. |