| BUER, verbe. A.− Emploi trans., vx ou région. Faire la buée, la lessive. Buer du linge (Lar. 19e, Lar. Lang. fr. qui cite un ex. de P. Hamp). Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. avec la mention vx ou populaire. B.− Emploi intrans., BOULANGERIE. [Le suj. désigne le pain pendant la cuisson ou à la sortie du four] Dégager de la buée, de la vapeur. Rem. 1. Attesté dans la plupart des dict. gén. 2. On rencontre dans la docum. un emploi analogue au sens de « se couvrir de buée, de vapeur » : Bien leur en prit d'avoir découvert cet endroit tranquille, car les soirées où le ciel et les pavés sont couleur de boue, où les vitres buent, où les souliers s'enlisent dans la fange grasse, se succédèrent sans alternances d'horizons-clairs.
Huysmans, Les Sœurs Vatard,1879, p. 248. PRONONC. − Seule transcr. dans DG : bu-é. ÉTYMOL. ET HIST. − A.− Mil. xiies. « lessiver, laver » (Sept Sages, 2631 dans T.-L.); considéré comme vx ou dial. par la plupart des dict. dep. Trév. 1704. B.− Entre 1320 et 1330 « dégager de l'humidité, de la vapeur » (Watriquet de Couvin, Dits, 301, 164 dans T.-L.).
De l'a. b. frq. *bûkôn « tremper dans la lessive » (Brunot t. 1, p. 127; Kuen dans Festschrift Wechssler, Jena-Leipzig, 1929, pp. 337-342 dans FEW t. 15, 2, p. 12; EWFS2; Gam. Rom.2t. 1, p. 311; REW3, no1379), reconstitué d'apr. m. b. all. būken, m. h. all. tardif buchen [all. bauchen], m. angl. bouken, d'apr. Kluge20, s.v. bauchen; dans le domaine gallo-rom. se serait formé le part. passé substantivé *bucata d'où l'a. prov. bugada (xiiies., Deudes de Prades dans Rayn.) et le fr. buée. Étant donné l'antériorité et l'aire géogr. du verbe buer, seulement attesté dans la France du Nord, cette hyp. semble préférable à celle d'un dér. subst. en -ata préexistant au verbe, et fait sur le modèle d'un coll. germ. qui correspondrait au suisse aléman. (Soleure) buchete « ensemble du linge mis dans la lessive » (FEW t. 15, 2, pp. 11-12). STAT. − Fréq. abs. littér. : 3. |