| BRÛLEUR, EUSE, subst. A.− [Le mot désigne une pers.; le plus souvent avec un compl.] Vx. 1. Celui, celle qui fait brûler; qui met le feu : 1. ... c'était ce sauvage maréchal de Candale, ce pendeur, ce brûleur, ce bourreau, qui avait commandé la charge de Cérisoles...
P. Bourget, Pastels,1889, p. 148. 2. S'ils n'avaient pas craint de trouver devant eux toutes les forces combinées de l'église, antique brûleuse de juifs qui regrette ses bûchers, ils auraient fait très volontiers entendre la parole de tolérance et de liberté.
Clemenceau, L'Iniquité,1899, p. 228. − Loc. Être fait comme un brûleur de maisons. Être mal vêtu, avoir les vêtements en désordre (Littré) : 3. Les femmes y sont peu femmes. Elles y viennent un peu en tenue d'ouvrage, en brûleuses de maison. Robes et sourires, elles gardent tout on le sent, pour le public.
E. et J. de Goncourt, Journal,1865, p. 215. Rem. Maison au sing. dans l'expr. brûleur de maisons est inhabituel. − Au fig. ♦ Personne qui essaie d'échapper à ses créanciers (cf. brûler le quartier) : 4. [L'étranger à Pierre :] − ... C'est à cause de vos belles paroles que je crains que vous ne soyez un homme perdu de dettes, ayant rompu son ban ou trahi son devoir, un brûleur, en un mot.
G. Sand, Le Compagnon du Tour de France,1840, p. 67. ♦ Brûleur de planches. Comédien au jeu brillant : 5. Ils n'étaient que de la quatrième scène. Seul Bosc se leva avec l'instinct du vieux brûleur de planches qui sent venir sa réplique.
Zola, Nana,1880, p. 1199. 2. Spéc. Brûleur de cru. Distillateur : 6. Mais la qualité du feu tient à celle du bois. Car on ne « brûle » jamais du vin qu'au bois. Un « brûleur » de profession n'acceptera pas de distiller avec des bûches quelconques.
Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 53. B.− [Le mot désigne une chose] TECHNOL. 1. Vx. Cuvier employé dans une brûlerie. Brûleur de café, d'orge, de chicorée. 2. Usuel. Appareil qui sert à brûler le gaz d'éclairage ou de chauffage : 7. Quant aux becs anciens, on y fixe, simplement, des brûleurs en silex, inusables aux gaz.
Mallarmé, La Dernière mode,1874, p. 737. − Appareil qui règle les proportions d'air et de combustible fluide avant leur entrée dans la chaudière. Brûleur à mazout. PRONONC. : [bʀylœ:ʀ], fém. [-ø:z]. [yˑ] mi-long dans Passy 1914. Cf. aussi pour une durée sur [y], Fér. 1768, Land. 1834 et DG. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. En parlant d'une pers. a) [xiiies. bruleur « celui qui met le feu » hapax dans FEW t. 14, p. 80a, s.v. ustulare]; ca 1380 bruleur de « celui qui brûle qqn ou qqc. » (M. Roques, Lex. fr. du Moyen Âge, t. 2, 13526); b) 1552 fig. et proverbial comme brusleurs de maisons « (de gens) mal équipés, mal vêtus » (Rabelais, V, 26 dans Hug.); c) spéc. 1666 technol. « ouvrier qui distille une matière » (Guiffrey, Comptes des bâtiments du roi sous le règne de Louis XIV, t. 1, p. 101); 2. en parlant d'un objet 1853 technol. (La Châtre); 1866 brûleur à gaz (Lar. 19e).
Dér. de brûler*; suff. -eur2*. STAT. − Fréq. abs. littér. : 29. BBG. − Gottsch. Redens. 1930, p. 279. − Termes techn. fr. Paris, 1972, p. 75. |