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BRUYÈRE, subst. fém.
A.− Plante ligneuse à petites fleurs violettes ou roses, de la famille des éricacées, qui croît sur les terrains siliceux. Champ, feu de bruyères; balais, pipes en bois, en racine de bruyère :
1. Avant de pénétrer dans le village j'ai traversé des wastes : ce mot s'est trouvé au bout de mon crayon; il appartenait à notre ancienne langue franke : il peint mieux l'aspect d'un pays désolé que le mot lande, qui signifie terre. Pauvre enfant de la Bretagne les wastes de Weissenstadt me plaisaient : les bruyères sont mon nid et mes moissons; leur fleur d'indigence et de solitude est la seule qui ne soit pas fanée à la boutonnière de mon habit. Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 3, 1848, p. 289.
2. Les chapelles dont je viens de parler sont toujours solitaires, isolées dans des landes, au milieu des rochers ou dans des terrains vagues tout à fait déserts. Le vent courant sur les bruyères, gémissant dans les genêts, me causait de folles terreurs. Renan, Souvenirs d'enfance et de jeunesse,1883, p. 82.
3. J'ai cueilli ce brin de bruyère L'automne est morte souviens-t'en Nous ne nous verrons plus sur terre Odeur du temps brin de bruyère Et souviens-toi que je t'attends. Apollinaire, Alcools,1913, p. 85.
B.− P. méton. Lieu où pousse la bruyère (cf. brande, lande). La bruyère de Macbeth; les bruyères bretonnes. Une bruyère parfumée et fleurie, bourdonnant de mille bruits dans la chaleur (Sainte-Beuve, Volupté,t. 2, 1834, p. 261):
4. Le soir approchait, le soleil déclinait, le ciel était magnifique. Je regardais les collines du bout de la plaine, qu'une immense bruyère violette recouvrait à moitié comme un camail d'évêque. Hugo, Le Rhin,1842, p. 28.
Coq* de bruyère.
En partic. Terre de bruyère. Mélange de sable et de débris organiques, (racines, feuilles, fleurs, etc.) utilisé pour la culture des plantes calcifuges. Ce terreau acide, humus incomplètement formé, qu'on appelle terre de bruyère (Vidal de La Blache, Principes de géogr. hum.,1921, p. 279).
PRONONC. : [bʀ ɥijε:ʀ]. [bʀyjε:ʀ] dans Passy 1914 et Barbeau-Rodhe 1930.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1174 « terre en friche où poussent des bruyères » (G. de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, Paris, 1936, vers 6090); 2. ca 1180 bruyère « plante » (Lambert Le Tort, A. de Bernay, Alexandre, 442, 5 dans T.-L. : La lance que il porte ne fu pas de bruiere); 1835 terre de bruyère, coq de bruyère (Ac.). Dér. en -aria de brucus « bruyère » attesté, semble-t-il, une seule fois dans une glose du xes. (CGL t. 3, p. 587, 65, v. aussi Meyer-Lübke dans Wiener Studien, t. 25, 1903, p. 93); cf. brugaria, Placit., anno 891, t. 6, Gall. christ. inter Instr. col. 170 dans Du Cange. Brucus serait issu du gaul. *bruco, auquel correspondent l'a. irl. froech, le cymrique grug, le cornique grig, le bret. brug (Thurneysen, p. 94; Dottin, p. 238, 301), toutes formes remontant à un celt. *vroikos.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 749. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 808, b) 1 373; xxes. : a) 692, b) 489.
BBG. − Delaigue (J.). Les N. d'arbres dans la topon. de la Haute-Loire. Almanach de Brioude. 1962, t. 42, pp. 155-156. − Duch. 1967, § 42. − Hubschmid (J.). Bezeichnungen für Erika und andere Sträucher, Gestrüpp und Auswüchse. Vox rom. 1968, t. 27, p. 324. − Millepierres (F.). N. de fleurs. Vie Lang. 1961, p. 284.