| BRUMEUX, EUSE, adj. I.− Qui comporte de la brume. A.− Un climat, un temps brumeux : 1. C'était un soir sans lune, un soir sans étoiles, un de ces soirs brumeux où l'air semble gras d'humidité.
Maupassant, Contes et nouvelles,t. 1, Le Père Amable, 1886, p. 219. B.− Couvert, chargé de brume(s). Un ciel brumeux. Le ciel est fréquemment nébuleux, brumeux, pluvieux (Michelet, Sur les chemins de l'Europe,1874, p. 110). C.− [En parlant d'un lieu, d'une constr.] Enveloppé de brume(s) : 2. À nos pieds, comme un livre ouvert, incliné sur le pupitre de la montagne, la grande prairie verte et diaprée, (...). Au bas du livre, je vois un grand fleuve de lait fumeux, brumeux, couvrant tout un abîme de mystère, ...
Gide, La Symphonie pastorale,1919, p. 910. − En partic. [Caractérise certains pays] La brumeuse Angleterre, la brumeuse Écosse. II.− P. anal. De brume, semblable à de la brume, comme rempli de brume : 3. La lune dans les ruines est mieux qu'une lumière, c'est une harmonie. Elle ne cache aucun détail et elle n'exagère aucune cicatrice; elle jette un voile sur les choses brisées et ajoute je ne sais quelle auréole brumeuse à la majesté des vieux édifices.
Hugo, Le Rhin,1842, p. 342. − Spéc., PEINT. : 4. Carrière, une peinture plus nébuleuse, plus brumeuse que jamais et comme à la suite d'un parti pris. Ses figures, je les vois telles que je les ai vues à cinq pas dans les rues de Londres, par le brouillard noir de l'Angleterre.
E. et J. de Goncourt, Journal,1893, p. 402. III.− P. métaph. ou au fig. A.− Qui distingue, qui voit, mal. − [En parlant d'un regard] Voilé, (devenu) trouble. Un lent regard de dormeur qui s'éveille, un regard d'abord vague et brumeux (Genevoix, L'Assassin,1948, p. 250). B.− Qui est peu net. 1. Dans le domaine de la vue.Qui est peu lumineux. Sombre. La figure brumeuse [de Gaspard] venait de s'éclairer comme par enchantement (Sandeau, Sacs et parchemins,1851, p. 22). − [En parlant d'un obj.] Terne. Des glaces anciennes, au tain brumeux (G. Duhamel, Chronique des Pasquier, Le Notaire du Havre, 1933, p. 7). 2. Dans le domaine de l'ouïe.Indistinct, mal timbré. Un rire enroué et brumeux (Colette, Ces plaisirs,1932, p. 12);des fonds de sons précis ou brumeux (Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 489). − Dans le domaine intellectuel.Vague. Des idées brumeuses, un esprit brumeux. Ce souvenir était brumeux et trouble comme toutes ses idées (Hugo, Les Misérables, t. 2, 1862, p. 479): 5. Tu me demandes si l'orient est à la hauteur de ce que j'imaginais. À la hauteur, oui, et de plus il dépasse en largeur la supposition que j'en faisais. J'ai trouvé dessiné nettement ce qui pour moi était brumeux. Le fait a fait place au pressentiment, si bien que c'est souvent comme si je retrouvais tout à coup de vieux rêves oubliés.
Flaubert, Correspondance,1850, p. 147. Rem. On rencontre dans la docum. brumeux, subst. masc. Un verre de clairet ou de brumeux (L. Cladel, Ompdrailles, 1879, p. 343). 1reattest. 1787 (Fér. Crit. t. 1); dér. de brume*, suff. -eux*. − [bʀymø], fém. [-ø:z]. − Fréq. abs. littér. : 390; fréq. rel. littér. : xixes. : a) 538, b) 627; xxes. : a) 600, b) 502. BBG. − Duch. 1967, § 51. − Gohin 1903, p. 248. |