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BROSSE, subst. fém.
I.− Lang. cour.
A.− Ustensile de nettoyage, dont la forme varie suivant l'usage (domestique ou industriel), fait d'un assemblage régulier de poils, de crins, de brins de diverses matières monté sur un même support. Brosse à dents, à habits, à cheveux :
1. Une couche de poussière veloutait les murailles, autrefois peintes en jaune. La brosse pour les souliers traînait au bord du lit, dont les draps pendaient. Flaubert, Bouvard et Pécuchet,t. 1, 1880, p. 6.
2. Le domestique debout quand je m'habille, qui nettoie mon rasoir avec ma brosse à cheveux, qui déchire la housse de ma valise, qui ne fait pas mes chaussures. Barrès, Cahiers d'Orient,1914, p. 387.
♦ Brosse adhésive. Rouleau de papier adhésif pour brosser les habits.
Rem. Attesté dans Lar. encyclop. Suppl. 1968.
1. P. compar. [P. allus. aux poils de la brosse, gén. courts et droits] Cheveux en brosse.
2. Expr. fig., fam. Passer, manier la brosse. Flatter servilement. Jouer les brosses à reluire. ,,Mettre en valeur un supérieur dans l'espoir d'en obtenir de l'avancement; subir des humiliations`` (Éd. 1967).
3. Arg. Prendre une brosse. S'enivrer. Être en brosse. Être ivre. Une brosse (cf. se brosser). Rien :
3. Et elle [MmeJosserand] conclut. − Enfin, tout pour ces vilains moineaux [les hommes] et, pour nous, une brosse, si le ventre nous démange... Zola, Pot-Bouille,1882, p. 80.
B.− PEINT. Pinceau fait de soies de porc ou de blaireau dont se servent les peintres.
− Loc. fig. À la brosse. (Exécuté) rapidement et parfois grossièrement.
II.− Spécialement
A.− [P. anal. de forme] TYPOGR. Brosse à épreuves. ,,Instrument ayant la forme d'une énorme brosse à dents et servant à tirer les lichettes et les morasses`` (Voyenne 1967).
B.− [P. anal. d'aspect]
1. ZOOLOGIE
a) [Chez l'abeille] Garniture de soies recouvrant la face interne du premier article des tarses postérieurs servant à recueillir le pollen.
b) [Chez les cervidés] Touffe de poils sur les jambes de derrière.
2. SYLVIC. Haie bordant un bois pour le protéger des vents, des animaux; broussailles, terres incultes.
PRONONC. : [bʀ ɔs]. Pour la prononc. par [ɔ] ouvert bref devant [s] dans ce mot, cf. bosse et Buben 1935, § 53. Enq. : /bʀos/.
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1165-70 broce « broussailles » (Chr. de Troyes, Erec et Enide, 3746 dans T.-L.) p. ext. 1690 brosse « bruyère, broussailles incultes » (Fur.) qualifié de ,,vieux langage`` par Ac. 1842; plus spéc. terme des Eaux et Forêts 1838 (Ac. Compl. 1842); 2. ca 1300 broisse « ustensile fait d'un assemblage de poils et servant à nettoyer » (J. de Meun, Testament, éd. Méon, Rose, t. IV, p. 80), d'où 1680 terme de peintre (Rich.); 3. 1752 zool. (Trév.). Orig. obscure. Un étymon *brŭscia « pousse d'arbre » dér. du lat. brūscum « excroissance ligneuse de l'érable » (FEW t. 1, p. 527a; Wartburg dans Mél. Thomas, 1927, p. 496; Bl.-W.5) fait difficulté du point de vue phonét. pour le passage de brūscum à brŭscia; de plus la forme attendue broisse n'est qu'assez tardivement attestée, v. T.-L. et Gdf. [la leçon broisse « bogue », Guill. d'Angleterre, éd. Foerster, 1173, est celle d'un seul ms., v. remarque p. 436], v. aussi Cor., s.v. broza pour les objections concernant les formes hispaniques. Un étymon *broccia, dér. par l'intermédiaire d'une forme romanisée *broccu, du gaul. *wroikos « bruyère » [v. bruyère] (EWFS2; v. aussi Cor., loc. cit., qui suppose *broccius pour rendre compte du castillan) fait difficulté pour la rédūction de -oi à o (v. REW3, no1340); 2 semble issu de 1 et l'hyp. d'une orig. germ. (EWFS2) ne semble pas à retenir.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 513. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 269, b) 762; xxes. : a) 1 017, b) 927.
BBG. − Brault (G.J.). Five Canadian-French etymologies. Barrabasser, brosse, Jean-Baptiste Beaufouet, piasse, pichou. Rom. Philol. 1960/61, t. 14, p. 19 [Cr. Stimm (H.). Z. rom. Philol. 1964, t. 80, p. 615]. − Burguière (P.). Les Végétaux utiles. Vie Lang. 1953, p. 414. − Carnoy (A.). Probl. ling. Broussailles et proto-indo-européen. Orbis. 1956, t. 5, pp. 107-115. − Il y a brosse et brosse. Vie Lang. 1953, p. 380. − Mat. Louis-Philippe 1951, p. 137. − Walt. 1885, p. 100.