| BRIMBALER, BRINGUEBALER, BRINQUEBALER, verbe. A.− [En parlant de cloches, et p. ext. d'objets en tant qu'ils font entendre des sons musicaux; en constr. d'obj. ou de suj.] 1. Fam. [En parlant de cloches] a) [En constr. d'obj.] Emploi trans. Brimbaler les cloches (cf. Ac. 1878). Les sonner en les balançant (d'une manière continue); les sonner mal et en désordre. − Absol. Les six cloches (...) marchaient (...), c'était une pitié; ces gens-là ils brimballaient comme des propres à rien (Huysmans, Là-bas,t. 1, 1891, p. 54). b) [En constr. de suj.] Emploi intrans. Sonner mal et en désordre. Maintenant elles [les cloches] déraisonnent, elles brimballent (Huysmans, Là-bas,t. 2, 1891, p. 115). 2. P. ext. [En parlant de cloches, clochettes ou objets quelconques, en tant qu'ils font entendre des sons musicaux] a) [En constr. d'obj.] Emploi trans. Agiter pour faire sonner, faire résonner. Une campane qui sonne quand on la brimballe (A. Arnoux, Abisag,1919, p. 268): 1. Le lundi, jour des mendiants, ils venaient par bandes : des vieux à cabas et bâton, des goîtreuses, des petits coiffés de grands feutres sans forme, des idiots, brimballant leurs sabots qui chantaient le fêlé sur les dalles.
Pourrat, Gaspard des Montagnes,À la belle bergère, 1925, p. 86. b) [En constr. de suj.] Emploi intrans. S'agiter et faire entendre un son. Des bâtonnets qui devaient brimballer sous l'action de la résonance (A. Schaeffner, Les Orig. des instruments de mus.,1936, p. 268). B.− [En parlant de choses dont la finalité n'est pas de faire entendre des sons musicaux] 1. [En parlant de choses, en constr. d'obj. ou de suj.] a) [En constr. d'obj.] Emploi trans. Balancer, remuer (en faisant du bruit). Le vent tiède qui brinqueballe l'enseigne du maréchal-ferrant (Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 11). − P. méton., littér. : 2. Dans des fauteuils fanés, des courtisanes vieilles, − Fronts poudrés, sourcils peints sur des regards d'acier, −
Qui s'en vont brimbalant à de maigres oreilles
Un cruel et blessant tic-tac de balancier.
Baudelaire, Les Fleurs du Mal,Variante, 1857-61, p. 458. b) [En constr. de suj.] Emploi intrans. Se balancer de droite à gauche, remuer. La chaîne brimbalant sur le chandail (H. Bazin, L'Huile sur le feu,1954, p. 40). − P. plaisant., au fig. Ça brinqueballe dans ma cervelle (Aymé, Uranus,1948, p. 25). − P. ext. Remuer en faisant du bruit : 3. ... comme les autres, il [Maroux] allait la tête basse, maintenant sa gamelle qui brimbalait.
Dorgelès, Les Croix de bois,1919, p. 153. ♦ P. métaph. Mon père était bardé dans un égoïsme (...) et tous ses gestes brinqueballaient comme dans du fer (Giono, L'Eau vive,1943, p. 79). − Spéc. [Le suj. désigne une voiture, une charrette, un train, etc.] Aller, rouler en cahotant et en faisant du bruit : 4. Au delà des arbres, brillaient les réverbères espacés de l'avenue, où défilaient, au pas, des voitures de maraîchers. Leur interminable colonne brimbalait sur les pavés avec un grincement de café qu'on moud.
R. Martin du Gard, Les Thibault,L'Été 1914, 1936, p. 189. 2. Rare. [En parlant de pers. ou d'une partie du corps, en constr. d'obj.] Faire aller de droite à gauche, secouer, balancer. Synon. ballotter.Une vieille dormichonnant en brinqueballant sa tête (E. et J. de Goncourt, Journal,1853, p. 113). − Spéc. [Le suj. désigne un moy. de transp.] Transporter une personne en la secouant, en la balançant. Des charrettes de corvée, qui les brinqueballaient par les villes (Guéhenno, Journal d'un homme de 40 ans,1934, p. 222). PRONONC. ET ORTH. − 1. Forme phon. : [bʀ
ε
̃bale]; [bʀ
ε
̃gbale]. Pt Rob. transcrit la forme brinquebaler [bʀ
ε
̃kbale]. 2. Forme graph. − Pour DG, brimbaler est une abrév. de bringuebaler la preuve en étant : l'existence de bringuebale à côté de brimbale (cf. ces mots). La forme brimbaler est écrite brimballer avec 2 l dans Huysmans, Là-bas, t. 1, 1891, p. 54 et t. 2, p. 115. Quant à la forme bringuebaler la majorité des dict. l'écrit avec un seul l. dans la docum. on trouve cependant la graph. bringueballer avec 2 l, cf. Courteline, La Vie de ménage, Le coup de fusil, 1890, p. 155 et J. Chardonne, Les Destinées sentimentales, Pauline, 1934, p. 322. Noter aussi les formes brinquebaler dans Dub., Pt Rob., Lar. encyclop. et Lar. Lang. fr.; brinqueballer dans Guérin 1892, Lar. encyclop. et Quillet 1965. ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1440-42 brinbaler « jouir d'une femme » (Le Franc, Champ. des Dam., Ars. 3121, fo63a dans Gdf. Compl.) − 1546, Rabelais, Tiers Livre, éd. Marty-Laveaux, p. 124; 2. av. 1544 « s'agiter » (Cl. Marot, Epigr. du laid Tetin, p. 388 dans Gdf. Compl.); av. 1577 en partic. d'une cloche (Belleau, Petites Inventions, Importunité d'une cloche, I, 115 dans Hug.); ce sens subsiste à l'emploi trans. dep. le xviies. : brimbaler des cloches (Saint Amant dans Rich. 1680); en fr. mod. au sens de « se balancer, osciller » 1835 bringueballer (Platt, Dict. critique et raisonné du lang. vicieux ou réputé vicieux, p. 70); 1853, sept. brinqueballant (E. et J. de Goncourt, Journal, I [Fuchs]).
Formation expressive, issue d'un croisement entre le lat. ballare, v. baller « danser » et les mots de la famille de *brimb- (FEW t. 1, Dauzat 1968, v. aussi Guir. Étymol., p. 112); notamment le m. fr. brimber « mendier » (v. bribe) d'où la notion de « vagabonder, s'agiter »; les formes bringue-, brinque- ont prob. subi l'infl. de trinqueballer « balancer les cloches » (1534 Rabelais, Gargantua, 40) altération de triballer « aller çà et là » (1532 Rabelais, Pantagruel, 16, v. trimbaler) sous l'infl. du m. fr. triqueballe « sorte de chariot (?) » (mil. xves., Mist. du siege d'Orl., 20296, Guessard dans Gdf.) et « sorte d'instrument de torture » (mil. xves. Mart. Le Franc, Compl. du liv. du champ. des dames, 229, ibid.) d'orig. obsc. STAT. − Fréq. abs. littér. Brimbaler : 7. Bringuebaler : 4. Brinquebaler : 8. DÉR. Brimbaleur, adj. masc.Qui brimbale, qui roule en secouant. Au gré du tramway brimbaleur (G. Duhamel, Chronique des Pasquier,Vue de la Terre promise, 1934, p. 37).− 1reattest. 1532 subst. « celui qui agite » (Rabelais, Pantagruel, éd. Marty-Laveaux, p. 249), seulement au xvies. dans Hug.; repris au xxes. 1934, supra; dér. du rad. de brimbaler, suff. -eur2*. − Fréq. abs. littér. : 1. BBG. − Sain. Sources t. 2 1972 [1925], p. 14. |