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BRINGUE1, subst. fém.
A.− Fam. ou pop. Morceau, pièce. (Être, mettre) en bringues. ,,En pièces, en morceaux, en désordre`` (Ac. 1932). Au fig. ,,En piteux état`` (Lar. 19e, Nouv. Lar. ill.). J'ai la coloquinte [= la tête] en bringues et un œil au beurre noir (Sue, Les Mystères de Paris,1842-43, p. 8).
B.− Au fig.
1. Pop. Femme, fille dégingandée; ,,fille du peuple dont la conduite est mauvaise`` (Macr. 1883). Une grande bringue; une longue bringue (J. Richepin, Théâtre chimérique,1896, p. 91):
La première fois que je l'avais aperçu, à la Sorbonne, il portait un chapeau et causait d'un air animé avec une grande bringue d'agrégative que je trouvai très vilaine; ... S. de Beauvoir, Les Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 338.
Rare. [Appliqué à une pers. du sexe masc., au corps hum.] Cf. Cocteau, Les Enfants terribles, 1929, p. 96.J'allonge encore un peu ta longue bringue de carcasse (A. Arnoux, Carnet de route du Juif Errant,1931, p. 155).
2. MAN. ,,Cheval mal bâti, de chétive apparence. `` (Lar. 19e, Nouv. Lar. ill.). ,,La monture de Don Quichotte était une véritable bringue`` (Lar. 19e, Nouv. Lar. ill.).Une bringue de cheval (DG).
3. Pop. Automobile, machine qui fonctionne mal. Une grande bringue de bécane (Van der Meersch, L'Empreinte du dieu,1936, p. 201);je vais prendre ma petite bringue au garage (Montherlant, L'Exil,1929, I, 3, p. 37).
4. Loc. adv. arg. [Avec infl. de berzingue, cf. bringue2B] À toute bringue. Très rapidement, sans délai. Foncer à toute bringue (Céline, Mort à crédit,1936, p. 675).
PRONONC. : [bʀ ε ̃:g].
ÉTYMOL. ET HIST. − 1. 1738 jargon de man. « cheval mal bâti » (Nouv. archives de l'art fr., Paris, 1899, t. 15, p. 261); p. ext. 1807 fam. grande bringue « femme grande, dégingandée » (J.-F. Michel, Dict. des expr. vicieuses, p. 2); 2. 1751 loc. adv. arg. en bringue(s) « en pièces et morceaux » (J.-J. Vadé, La Pipe cassée, p. 45); 1842-43 « en mauvais état », supra A; 3. 1936 arg. foncer à toute bringue, supra B 4. Orig. incertaine; prob. à rattacher à bringue(s) « morceau(x) » des dial. norm. et du Centre (Moisy, Jaub.), lui-même à rattacher à brin*; cf. bringue de femme « créature » (av. 1850, Balzac dans Lar. 19e), à rapprocher de brin de femme, brin de fille (v. EWFS2); ce rattachement probable à la même famille que brin* paraît satisfaisant du point de vue sém., mais la formation reste obsc. : peut-être finale pop. reposant sur une voyelle nasale suivie d'une gutturale sonore -ingue, sur le modèle de bastringue*, fringue*, flingue*.
STAT. − Fréq. abs. littér. : 21.
BBG. − Rigaud (A.). Brindes et bringues Déf. Lang. fr. 1969, no50, p. 8. − Sain. Lang. par. 1920, p. 15, 294, 295. − Sain. Sources t. 2 1972 [1925], p. 42.