| BRIGUE, subst. fém. A.− Vx, le plus souvent au sing. Action de briguer* une faveur, un poste, une charge : 1. Les amis de Pompée étaient si sûrs de vaincre, qu'ils se disputaient déjà les consulats et les prétures. Quelques-uns envoyaient à Rome retenir près de la place des maisons en vue du peuple, et bien situées pour la brigue des emplois.
Michelet, Hist. romaine,t. 2, 1831, p. 264. ♦ Faire brigue de(cf. briguer A).Il [mon père] ne m'encourageait point du tout à faire brigue de mariage autour d'elle [Brulette] (G. Sand, Les Maîtres sonneurs,1853, p. 24). B.− Ensemble de manœuvres détournées employées pour triompher d'un concurrent ou pour obtenir quelque chose. Faire, former une (des) brigue(s). ♦ P. méton. : 2. ... il ne faut pas s'attendre (...) qu'un maire de Londres, qui vient d'acheter son rotten-borough [bourg pourri] et qui n'est entré que d'hier dans la Chambre basse, donne sa voix et son influence à aucune brigue de lords ou de ministres, si ceux-ci (...) ne le traitent pas en tout comme un égal.
Stendhal, Rome, Naples et Florence,t. 2, 1817, pp. 206-207. − P. ext. : 3. Les sages conseils du président me préservèrent de la contagieuse épidémie qui s'était répandue dans toutes les classes; j'assistai aux assemblées d'élection qui se firent à Paris; mais n'ayant pas l'âge requis et n'ayant formé aucune brigue, j'étais bien certain de n'être point élu.
Sénac de Meilhan, L'Émigré,1797, p. 1585. − ANTIQ. ROMAINE. Ensemble des manœuvres frauduleuses utilisées lors des élections : 4. ... il [Cicéron] défendit Muréna coupable de brigue, lui qui par sa loi contre la brigue avait provoqué l'explosion du complot de Catilina.
Michelet, Hist. romaine,t. 2, 1831, p. 231. PRONONC. : [bʀig]. [iˑ] mi-long dans Passy 1914. Fér. 1768 et Fér. Crit. t. 1 1787 : ,,l'u n'est employé que pour donner au g un son fort et pareil à celui qu'il a devant l'a, l'o et l'u``. ÉTYMOL. ET HIST. − 1314 « dispute, querelle » (A.N. JJ 50, fo71 vodans Gdf. Compl.); 1477-83 « manœuvre » (Martial d'Auvergne, Vigiles, B.N. fr. 5054, 96 dans IGLF Litt.); 1636 « sollicitation amoureuse » (Corneille, Cid, I, 1).
Empr. à l'ital. briga « lutte, querelle » (Brunot t. 1, p. 510; Nyrop t. 1, § 20; Dauzat 1968; Bl.-W.5; DEI) attesté au sens de « dispute, controverse » au xiiies. (Brunet Latin [1220-1294], I, 1894 dans Batt.) d'origine obscure. STAT. − Fréq. abs. littér. : 35. BBG. − Hope 1971, p. 31. − Kohlm. 1901, p. 33. |